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Le souk, quartier marchand de Métropolitopia.

Il y avait toujours foule dans cette partie de la ville. J'avais coincé ma bourse entre mes seins, craignant d'habiles pickpockets. Le barda que je transportais commençait à être vraiment lourd, mais je ne désirais pour l'instant pas m'en débarrasser. Il pourrait encore se révéler utile. Les gens se bousculaient, criaient et marchandaient de toutes parts. Les odeurs de ce monde mercantile se mélangeaient pour donner un résultat des plus déplaisants. Les promeneurs s'écartaient devant moi, intrigués par mon loup, et cela me convenait à merveille. Les bains de foule n'étaient pas mon fort. Je me dirigeais de mémoire vers le wagon abritant la "pharmacie". Je le retrouvais assez vite. L'endroit n'avait guère changé depuis la dernière fois. Les étagères débordaient de produits dont je ne voulais même pas savoir la composition. Des fioles de diverses tailles s'alignaient à côté de boîtes de cachets. Quelques stimpacks et autres se trouvaient en vitrine. On devinait de suite que ce n'était pas les principales ventes de la Guêpe. Justement, celle-ci revenait de l'arrière boutique.
  Blonde, assez mince, la jeune femme s'en tirait bien dans la vie. Sa boutique lui assurait une existence assez confortable et surtout une main mise sur tous les produits qu'elle testait elle-même, avant de les mettre en vente. Tandis qu'elle servait son client, je remarquais qu'aujourd'hui, elle avait l'air assez clean. Ça m'arrangeait, j avais besoin de toute son attention. Une fois son client partit, elle se tourna vers moi et me fixa. Vérifiant que la boutique était vide, je m'approcha du comptoir et elle me salua :

-Qu'est-ce qui te faut ma poule ? T'es pas le genre à te droguer on dirait!
-Non, en effet, je recherche un produit dangereux et rare. Tu pourrais peut-être m'aider ?
-Dangereux et rare, ça veut dire cher...
-J'en suis consciente. Je cherche des spores de Goulifia...
Elle mit une bonne minute avant de réagir et elle siffla : -Eh bien vieux.... C'est pas de la merde que tu veux là. ( Silence ) Il m'en reste un peu. Combien il t'en faut ?
-Beaucoup !
-Combien t'en donnerais ?
-Donnes moi ton prix et je te dirais si ça me va.
-Écoute, ça marche pas comme ça. C'est rare, t'en veux, j'en ais. Et on n'est pas beaucoup à en avoir. Je veux créer une nouvelle drogue avec ça et jusqu'ici, ça n'a fait que tuer ceux qui ont essayé, genre un truc de malade. Pas beau à voir. (Elle parut s'immerger dans ses souvenirs, puis revenir à la réalité. ) Combien ?
Je fis un rapide calcul dans ma tête.
-50 anneaux.
-C'est tout ! Tu plaisantes là, j'espère ? 100.
-Montres moi la quantité dont tu disposes.
-Rah si tu insistes... C'est pas cool de me forcer à tout chambouler là dedans.

Elle repartit dans son arrière boutique. Le rideau se referma derrière elle et je poussais un soupir. Ça n'allait pas être facile. Je ne disposais pas d'une énorme fortune et je ne tenais pas à investir plus que de raison. Un voyage au Bois de Boulogne serait plus profitable qu'une arnaque pareille. La jeune droguée revint après ce qui me parut une éternité. Ses yeux étaient encore plus trouble qu'a l'instant. Je la soupçonnais d'en avoir profité pour prendre  un truc. Et bien, ça pouvait pas être pire.
-Voilà, c'est tout.
J'observais le bocal contenant les fameuses spores. Il n'y avait manifestement pas assez. Je ne savais pas encore comment l'administrer et j'en voulais une quantité suffisante pour ne pas foirer.
-Laisses tomber, t'as pas assez.
Au moins, j'étais fixée et ma bourse encore pleine.
-Ah merde, ça m'aurait plu de te fourguer cette merde.
-Tu peux peut-être encore m'aider. Est-ce que tu possèdes une image du truc qui fournit ces spores, la Goulifia, c'est ça ?
-Ouais, t'auras pas tout perdu... Tiens, c'est qu'un croquis mais c'est toujours ça...
Elle me tendit un livre très abîmé qui  contenait des dessins et des recettes gribouillés et souvent modifiées plusieurs fois. Je vis un énorme bulbe vert et rose. J'imprimais dans ma mémoire l'image et la remerciais.


-Avant que tu partes, j'aimerais te demander quelque chose. Tu va y aller par toi-même en chercher hein ?
-Oui, pas vraiment le choix.
-C'est pour en faire une production ou quelque chose comme ça, une drogue, un truc ?
-Non, c'est pour un usage unique mais je veux pas me louper, si tu vois ce que je veux dire.
-Moui, son esprit embrumé essayait de comprendre. Alors, t'es pas une future concurrente ?
-Non, rassures toi.
-Bien, dans ce cas, si tu pouvais me rendre un service.
-Dis toujours.
-J'abandonne pas l'idée que ces spores ont peut-être une utilité. Ramènes m'en, s'il-te-plaît. On trouvera un arrangement. Je te donnerais en échange des soins, ou des produits, des anneaux suivant la quantité que t'en ramènes. Ne respires pas cette merde surtout, sinon je suis pas sûr qu'on t'acceptes à nouveau dans le coin. Normalement, c'est à fortes doses la contamination mais bon, hein, on sait jamais.
-Ok j'accepte, ça me va. J'ai un masque à gaz, ça suffira ?
-Oui, par contre fais gaffe à ton loup, lui ne pourras pas en mettre un. Je vais te donner un endroit où il y en a, un endroit où tu ne seras pas obligé de pénétrer trop en avant dans la forêt. C'est au sud-est du bois. Contournes-le et tu tomberas, en suivant l'orée de ce bois maudit, sur une espèce d'énorme construction en ruine. C'est que des pierres qui valent rien maintenant. Tout a été pillé il y a longtemps. On a jamais su ce que c'était. Là, tu en trouveras. Fais bien attention.
-Merci beaucoup. J'y vais. On se reverra t'inquiètes.
-Tiens j'avais oublié. La junkie sortit deux grands bocaux, fermés hermétiquement, de sous son comptoir. Prends ça avec toi, c'est pour contenir les spores. C'est du solide et hermétique. Mais quand t'en auras fini, ramènes les moi. J'en aurais besoin. Ramènes aussi le rab que t'auras pour ton truc perso.
-Pas de problèmes.

Je sortis de sa boutique et rangeais les bocaux dans mon sac. Eh bien, au final, ma venue s'était révélée bénéfique, même si j'aurais préféré trouver ces spores en ce lieu.


Je me dirigeas ensuite vers un tripot vendant de la nourriture et achetais de quoi survivre trois, quatre jours. Je ne savais pas combien de temps mon voyage allait durer. Je choisis également dans un autre stand des gants épais et solides. Je sais que c'est par inhalation que se transmet la goulification, mais je ne voulais prendre aucun risque. On n'est jamais trop prudent. Mes emplettes terminées, il était temps, pour Œil-de-Nuit et moi, de reprendre la route, direction : le Bois de Boulogne. J’espérais que les indications de la Guêpe seraient justes. Je m'informa du coût de la caravane. J'en choisis une dont le prix était de quinze anneaux, le moins cher. Néanmoins, elle sera moins rapide que les autres en raison du grand nombre de passagers, d'enfants, de marchandises et d'animaux. En effet, une trentaine d'adultes composaient la caravane. Dix à quinze enfants jouaient en se bousculant tout autour tandis qu'un nombre incroyable de bêtes et de marchandises étaient entreposées et parquées. Le voyage allait être long, environ une journée pour arriver à l'Arc de Triomphe. En entendant discuter les gens, je me rendis compte que nombre d'entre eux partaient s'installer définitivement à Lutèce. Ils espéraient tous un avenir meilleur. La caravane partira dans une heure et je décidais d'attendre là avec mon loup. Les enfants commençaient à le regarder avec des lueurs d'émerveillement dans les yeux. Pour eux, c'était un animal dangereux et ils devaient certainement se demander par quel miracle il se trouvait avec moi.

Je refis le point dans ma tête pendant que le convoi s'ébranlait lentement en direction de l'ouest. Ma mission était délicate mais passionnante. Nous ne devrions avoir aucun problème sur la route. Les gros convois étaient beaucoup plus lents mais n'étaient jamais ( ou si rarement que personne ne le mentionnait ) attaqués. Les gens préféraient tout de même les caravanes plus petites et rapides. Tout le monde était pressé de nos jours. Je marchais tout en réfléchissant au moyen de faire respirer les spores à Barbara.

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Le souk, quartier marchand de Métropolitopia.


Quand je franchis le seuil de sa boutique, la Guêpe me fixa avec des yeux ronds.

- Tu es de retour ! As-tu réussie ? Me questionna-t-elle, les yeux avides.
- Oui, j'ai utilisé un bocal pour arriver à mes fins mais il te reste le deuxième qui est complet.
- Je ne sais pas ce que tu étais censée faire mais en utilisant un bocal entier, tu as du brillamment réussir.
Je me tus, attendant la suite.
- Ok, tu n'as pas envie d'en parler et je comprends. C'est vraiment formidable ! Avec ça, je vais pouvoir reprendre mes recherches. Si jamais un jour, tu en as à nouveau besoin, penses à moi !
- Pas de soucis, t'inquiètes, j'y penserais.


En guise de paiement, elle me donna trois stimpacks, deux Rad-Away et 50 anneaux. Je la remerciais et sortit de sa boutique. Je n'avais qu'une hâte : m'éloigner de la civilisation pour réfléchir. Comme d'habitude, le métro était bondé. En passant dans une allée vide et sombre, une main ferme m'étreignit l'épaule et me tira dans un coin. Œil de Nuit grogna mais je le retiens. L'individu tenait fermement un couteau contre ma gorge. Un deuxième se mit face à moi.


- C'est plutôt intelligent de retenir ton chien. Maintenant, donnes-moi ce que tu as eu tant de mal à avoir.
- Les spores, je présume ! Lançais-je ironiquement.
- Évidemment connasse !
- Je voudrais bien, là n'est pas le souci, mais malheureusement, j'ai déjà tout donné à la Guêpe. Je parie que si vous lui demandez gentiment...
- Fouille son sac ! Hurla-t-il à son acolyte.


Leur erreur me sauva sur ce coup-là. Celui qui ne parlait pas dégagea son couteau pour pouvoir attraper mon sac. Je n'en demandais pas tant. Je sortis vivement le mien et lui planta dans la main tenant son arme. Il le lâcha aussitôt en poussant un cri de douleur. D'une ruade, je le projeta contre un mur. Sa tête produisit un drôle de bruit qui me fit frissonner. Je me tournais rapidement vers le cerveau du groupe, allongé par terre, tenu en respect par Oeil-de-Nuit.


- Tu n'aurais pas du le traiter de chien. Il n'aime pas ça. Pour que les choses soient bien claires, je n'ai plus les spores. J'ai déjà tout donné. Je lui montrais mon sac vide. La place laissait par les gros bocaux était largement visible. Alors, maintenant, qui que tu sois, peu importe pour qui tu travailles, tu va lui dire que tu as échoué et me foutre la paix. Compris ?
- Oui, répondit-il faiblement.
- Oui qui ?
- Oui madame. Le rouge lui montait aux oreilles.
- Va t'occuper de ton pote. Le mur n'a pas été tendre avec lui. Sur ce, bonne journée !


Je m'éloignais le cœur battant. J'avais eu chaud. J'avais oublié l'épisode du Bois de Boulogne. Je ne savais pas si c'étaient les même mais je devrais me tenir sur mes gardes à l'avenir.


Suite et fin : à venir