Petite sphère de métal d'avant guerre au contenu fermenté, elle traça son chemin dans la boue sans rebondir, elle traça son destin en s’arrêtant au pieds d'Abou, exhibant fièrement le symbole de l'ancienne république française. Mais rien ne se passe jamais comme prévu, l'homme muté avait réagit extrêmement rapidement, surement plus rapidement que son propre esprit malsain, torturé et embrouillé par la médecine du nouvel age français. Son bras se saisit du projectile explosif en emportant une partie du sol immédiatement rebouché par la pluie. Le bras se leva haut dans le ciel, comme s'il voulait achever Mathieu non pas grâce à l'explosion mais simplement avec la force d'un lancé surhumain. Finalement lassée, la grenade explosa.
La boue, le sang, la chair et la pierre furent projetés sur plusieurs mètres de circonférence d'un nuage de sable blanc. Mathieu était au sol, les oreilles sifflante et les réflexes ralentis. Abou était toujours debout. La fin approchait, la mort était venue chercher Valrose pour le punir de son insolence, pour le châtier de sa témérité irréfléchie, comme une réponse à tout le mal qui hantait ses rêves et souvenirs. Le cruel assassin observa quelques instants sa victime, aucune pitié dans son regard, aucune expression, il se tenait tel un cadavre, une coquille vide manipulé par l'essence même du fatalisme.
Une explosion de sang jaillit des blessures de ses côtes et il tomba simplement en arrière. Sa main avait été complètement éparpillée et son bras était ouverts dans toute sa longueur, un énorme morceau de viande sans la moindre utilité désormais, un poids clouant le monstre au sol. Il n'était pas mort, les mouvements de sa respiration bien que lents restaient perceptible et son râle se faisait toujours entendre par moment.
Trois mutants en armure lourde composées de ce qui se fait de plus robuste du materiel militaire laissé par les armées françaises et chinoises coururent en direction de Mathieu, braquant vers lui leurs armes inconnues.
"Non pas lui, lui !"
Valrose reconnu la voix. Lulu s'était parée d'un manteau fais à partir de plusieurs rideaux de douche, elle pointait Abou du doigt. Les mutants baissèrent leurs armes, l'un d'eux s'apprétait maintenant à donner le coup de grâce à l'abomination.
"Un instant messieurs !"
Encore une voix familière.
"Le renard, chasseur de prime seconde classe. Cet homme doit être remis en vie aux autorités, il est activement recherché dans toute la capitale depuis un bon moment, mon associé et moi même sommes venu vous libérer de cette... Épine dans le pied."
Il agita sa plaque sous les yeux des gardes royaux.
"Soyez tranquilles messieurs vous pouvez retourner à l'arène et à vos occupations. Nous nous occupons de tout."
L'un des mutants grogna.
"Prenez l'homme au gros bras et quittez la ville."
Sur ce, ils repartirent en direction de la crypte qui servait de palais à leur reine. Lulu fit un dernier signe en direction de Mathieu.
"Tu reviendras me voir hein ? Mon héros !"
Le renard boita jusqu'à lui, lui tendant sa main décharnée pour l'aider à se relever.
"Beau boulot Alfred, je pensais qu'on était foutus en bas. Ecoute pour la prime... Je dois reverser une part à mon patron et payer une dette à Roland. Si ça te dit... Je veux dire je veux bien partager le reste avec toi. Exceptionnellement."
Il se tourna vers Abou.
"Quelle merde, j'imagine que dans ce boulot faut être prêt à tout voir, à tout supporter. Bernard aurait adorer tirer sur ce fils de pute... Va falloir le transporter en sécurité, je crois connaitre quelques mutants qui pourrons nous aider."