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 Le Saint, le Calme, et le Baron [Intro Solo - Part II]

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Saint Vincent de Räzell
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MessageSujet: Le Saint, le Calme, et le Baron [Intro Solo - Part II]   Le Saint, le Calme, et le Baron [Intro Solo - Part II] I_icon_minitimeSam 28 Sep 2013 - 11:05


Le Saint, le Calme et le Baron
Intro Part II

Le Saint retrouva avec dégoût ce qui l'avait poussé à fuir Métropolitopia en même temps que le Trident : la pauvreté, la puanteur, la lie de l'humanité s'entassant jusqu'à n'en plus finir dans des espaces exiguës aux plafonds trop bas, tous en train de survivre plutôt que de vivre. Il n'y avait pas d'ordre, dans cette ville, c'était le Chaos à tout les niveaux. Des hommes en bande et armés embarquaient des femmes seules et désarmées à l'écart, et quand ils revenaient, ils remontaient leurs braguettes en se balançant des claques sur les épaules, tout sourire. Et personne ne réagissait, parce que chacun avait bien assez à faire avec ses propres problèmes.

Le Saint n'était pas mieux que les autres, d'ailleurs. Lui aussi, plus jeune, il avait braqué des vieux misérables pour leurs soutirer trois fois rien avant de leur enfoncer plusieurs coups de lame dans les entrailles, juste pour la blague. Lui aussi, avec des Tridents, il avait embarqué des petites jeunes, totalement innocente, pour faire des tournantes jovialement malsaines en imposant leurs désirs à coups de crosse de carabine dans les dents. Les amphétamines, ça rendait n'importe qui incontrôlable.

Tout ça, c'était de la faute de cette ville pourrie, et de son atmosphère qui empestait le vice. Dans cette ville, il était tellement plus facile de se laisser aller aux solutions de facilité, et de se laisser entraîner par le groupe, plutôt que de se poser des questions d'ordres morales dont tout le monde se foutait comme de sa première chiasse.

Peut-être que quitter les Tridents pour aller dealer de la dope ailleurs était pas un changement significatif, mais au moins, son associé lui avait encore jamais demandé de violer une gosse de onze ans pour lui apprendre la vie, ni de se faire une virée en ville pour fracasser des têtes et passer le temps. Étrangement, cet enchaînement de réflexions déboucha sur la question existentielle de la sexualité des goules. Est-ce qu'Arnold avait encore une verge en état ? Voilà une question digne d'intérêt ...

« Alors, vieux, ça t'avait pas juste manqué toute cette animation ? demanda de sa voix nonchalante le mangeur opiacées, tirant le Saint de sa noire rêverie.
- Honnêtement, pas vraiment ... Les terres désolées, c'plus calme, mais y a moins d'connards aussi. »

L'autre s'arrêta et tourna sa sale tête couverte de dreads et regarda par dessus ses lunettes d'aviateur, pour jeter ses yeux d'un bleu aryen droit dans les orbites de son interlocuteur.

« C'est pour moi qu'tu dis ça ? Parce que j'trouve pas ça sympa, tu sais ... »

Le Saint lâcha un sourire involontaire, oubliant le temps d'une seconde le Boss et son rendez-vous important. Jules était assez drôle, malgré lui. Au fond, c'était un des Tridents les plus agréables à vivre, et sa dépendance aux anesthésiants n'y était pas pour rien.

« Non, Jules, c'est pas pour toi que j'dis ça. On s'est bien marré ensemble, et t'as toujours été un bon pote. Mais j'avais besoin d'me barrer, d'changer d'air ... J'en avais ... juste marre des gens ... D'cette ville qui chlingue et où y fait toujours noir ... Besoin d'voir aut' chose, tu vois ? »

Le hippie le fixa un moment, comme pour détecter si le Saint lui mentait ou non. Mais étant donné qu'il n'aurait même pas détecté un coup de pelle dans son crâne, vu comme il était défoncé, il remonta ses lunettes sur son nez, et repris sa route, suivi du Saint.

« Ouais, Saint homme. J'comprends ça ... Mais le Boss sera juste furax si tu lui sers ça comme excuse, quand même, j'pense. T'aurais pu prévenir, juste ... Enfin, te bile pas. S'il a un truc à t'faire faire, comme c'que j'ai compris, il va juste te passer une soufflante, et c'est tout ... Allez, on arrive à la maison ... »

Les wagons du Trident étaient là, effectivement. Trois Tridents à la musculature boostée chimiquement montaient la garde en partageant des amphets, des stéroïdes ou du Buffout. Même pour des survivants, chacun d'entre eux avaient une tête à faire peur. La peau rongée par les substances, les joues creusées et des cernes noires ... Et des pupilles de tueurs. Les trois salopards n'avaient pas l'air contents de revoir leur frère de dope.

« Fais y pas gaffe ... lui glissa doucement Jules le Calme. Tant qu'le Boss se s'ra pas prononcé, ils te verront comme un déserteur ... Ils ont pas la lumière à tout les étages ... C'pour ça qu'c'est juste des gardes ... »

Ils passèrent devant les gardes, sans que n'ait lieu le moindre échange de politesses ou d'insultes, dans un silence pesant. Puis le Calme et le Saint entrèrent dans le wagon de tête.


Dernière édition par Saint Vincent de Räzell le Lun 18 Nov 2013 - 17:23, édité 1 fois
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Saint Vincent de Räzell
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MessageSujet: Re: Le Saint, le Calme, et le Baron [Intro Solo - Part II]   Le Saint, le Calme, et le Baron [Intro Solo - Part II] I_icon_minitimeLun 7 Oct 2013 - 19:55

Les wagons des Champs Élimés, où résidaient Prosper Médéric et les autres pontifes de l'organisation, étaient absolument incroyables. C'était ce qu'on pouvait appeler le grand luxe.

On entrait dans le premier wagon par la porte latérale, qui s'ouvrait sur le quai. En entrant, chacun pouvait remarquer d'emblée l'éclairage blanc, fonctionnel, ce qui était incroyable, et l'espace, beaucoup plus important que dans les wagons de trains ou du métros ordinaires. Les sièges avaient été retirés pour la plupart, faisant gagner de la place pour aménager des salons, et installer des meubles. Sur la gauche, deux banquettes abimées, dossiers vers les fenêtres drapées d'étoffes rouges, constituaient une salle d'attente. Une petite table basse était couverte de journaux et de vieux magazines. Deux Tridents avachis l'un face à l'autre dans les sièges défoncés jouaient aux cartes, sur une autre table, en buvant leurs canettes de Chateau-la-Pompe. Ils ne firent même pas attention aux nouveaux arrivants.

Il fallait continuer sur la droite, et passer dans l'autre wagon, pour atteindre Prosper Médéric dans sa salle de réunion. Dans le wagon, grouillant de gardes armés de mitraillettes qui attendaient debout comme s'ils faisaient partis du décor, il n'y avait que quatre sièges, face à face, une petite table entre les sièges, et un tapis sur le sol. Des volets de fer avaient été installés sur toutes les fenêtres. Le Saint remarqua immédiatement l'imposante carrure de Prosper Médéric, là, sur le siège côté couloir, lui tournant le dos. Il ne lui avait rencontré que très peu de fois le Baron, et lui avait parlé encore moins souvent. En face de lui, il y avait deux gros gaillards, avec des mines patibulaires et des mentons volontaires. Ils devaient être au moins deux fois plus lourds que le Saint.

Le Saint s'arrêta, intimidé. Ça sentait mauvais. Il fallait vraiment quelque chose d'exceptionnel pour que le Baron reçoive un passeur de drogues miteux comme lui. Et la présence des deux brutes et des hommes armées en se présence n'était pas faîte pour le rassurer.

« Alors, tu viens ? demanda doucement le Calme. Allez, on y va ... »

Le Saint acquiesça. Il était trop tard pour faire demi-tour. Il fallait avancer. Les deux hommes assis face au Baron fixaient le Saint, et le poids de leurs regards le mit mal à l'aise. C'était comme s'ils cherchaient à savoir ce qu'il pensait. Il se retrouva un peu en retrait de Jules le Calme, près des trois bourrus attablés. Prosper Médéric portait ses éternelles lunettes noires, et ses cheveux noirs étaient impeccablement coiffé. Sa bouche faisait un pli sévère sur son visage.

« Salut, Baron. Ça boum ? J't'ai amené le Saint, comme t'avais demandé. »

La désinvolture de Jules était effarante. Ce type s'adressait au chef de la mafia de la dope comme on s'adresse à un vulgaire pote de seringue. Mais le mafieux ne semblait pas prendre ça mal. Il faut dire que Jules le Calme avait toujours été un homme de confiance de Prosper Médéric, et il pouvait sans doute se permettre quelques familiarités.

« Très bien, Jules, bon boulot, puis, s'adressant immédiatement au Saint : Alors ? Tu avais pris quelques vacances ? »

Le Saint, mal à l'aise, bredouilla.

« Je ... Vous ... Oui. Enfin, non, je ...
- Te casses pas la tête. »

Il prit un énorme pistolet qui était sur le siège libre à côté de lui, et le pointa sur le genou du Saint.

« J'devrais te bousiller les deux rotules. Mais je comprends qu'au bout de tant d'années, tu en ais eu marre de toujours faire le même job. Il relève son flingue et pointe le canon sur le plafond, tout en continuant. Alors je vais te filer de l'avancement. »

Le Saint était tout simplement abasourdi. Après toutes ces années sans la moindre reconnaissance ni la moindre gratitude, on lui proposait une promotion ? C'était complètement invraisemblable. Il y avait sans doute une rad-anguille sous la roche.

« De ... De l'avancement ?
- Oui. Tu aurais pu me demander directement, plutôt que de jouer la carte de la désertion, d'ailleurs. Bref. Je sais que ça fait déjà quelques mois que tu essayes de vivre ta vie sans penser aux affaires, mais figure toi que des mecs distribuent de la dope top qualité dans les rues de Paris sans passer par nous. T'en a entendu parlé ?
- C'est vague ... De quoi il s'agit ?
- De Psycho. »
Il y eut un silence lourd. Le Saint préféra fermer sa gueule tout net, il voyait pas vraiment trop quoi répondre. Il essayait de rester naturel en apparence, mais à l'intérieur, il se sentait menacé de mort, et avait l'impression qu'on le jaugeait pour dresser son procès. Mais vu la mise en scène, leurs soupçons étaient surement sans preuves.

Garde ton calme.

« Tu te demandes peut-être ce que tu viens foutre dans cette histoire, pas vrai ?
- Un peu, oui, reconnut-il.
- Voici André et EHS. Ce sont deux tueurs que j'ai engagé.
- Messieurs, rétorqua le Saint en faisant un léger salut de la tête.
- Ces deux gars là vont t'accompagner. T'es plus un vendeur, maintenant. T'es enquêteur. Tu vas utiliser toutes tes connaissances, tous les moyens, tous ceux que tu voudras pour découvrir qui sont les merdeux à l'origine de cette histoire. C'est bien compris ? - Le Saint hoche la tête – Très bien. Autre chose que tu dois savoir. Un chimiste avait déjà réussi à synthétiser du Psycho. Une saloperie de goule, qui a pas voulu marcher pour nous. Ce mec devrait être mort, mais j'ai le pressentiment qu'il n'en est rien, et que ce foutu mort-vivant est derrière tout ça. André et EHS ont les infos le concernant. Tu verras ça avec eux. Ils te quittent pas d'une semelle, et ils te protègent, jusqu'à ce que tu trouves qui est le pourri qui est derrière tout ça. Une fois ça fait ... Ta petite ... "escapade" ... ne pourra plus être retenue contre toi comme acte de trahison. Alors je répète la consigne une dernière fois : trouvez ce mec et le butez, et faire ça vite et bien. Assurez vous que sa tête ne touche plus son corps. Entendu ?
- Oui, Patron. »
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Le Saint, le Calme, et le Baron [Intro Solo - Part II]

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