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 Sanglots Sanglants

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Saint Vincent de Räzell
Saint Vincent de Räzell
MessageSujet: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeJeu 30 Jan 2014 - 17:06


Sanglots Sanglants


Le Saint avait eu l'aval de H pour engager une tueuse, et sa tueuse, c'était la prostitué qu'il avait retrouvée, par hasard, au détour d'un bloc en ruine près du Bois de Boulogne. L'instable et pourtant si attirante Elise. Elle lui avait montrée qu'elle savait faire preuve de sadisme et d'efficacité pour tuer. Leur petite sauterie à la boulangerie avait été délicieusement sanglante.

Mais le Saint voulait être sur de sa nouvelle associée - non, employée ! Quel pied, c'était bien la première fois que le Saint avait des employés ! - et pour ça, il s'était dit que la meilleure façon serait de la mettre à l'épreuve avec une petite mission. Il savait de quoi elle était capable, mais il voulait lui donner un peu plus de difficulté. Elle n'hésitait pas à tuer des boulangers désarmés, ça, c'était acquis, et c'était un bon point. Ça voulait dire qu'elle était une meurtrière sans état d'âme. Mais il se demandait si elle arriverait à s'en sortir face à des membres de gangs, armés, et habitués au règlements de compte.

Et si elle mourrait, et bien ce serait dommage, c'était certain, et le Saint en serait attristé, mais au moins, il aurait évité le fiasco. Imaginons qu’Élise n'était pas assez douée pour abattre les lieutenants du Trident, qu'elle se fasse capturer, et que, sous la torture, elle révèle qui l'a engagé ? Un désastre que le Saint devait prévoir, et pour ça, il devait être sur de sa nana.

Et c'était donc pour cette raison que le Saint, attifé en marchand pour ne pas se faire repérer par le Trident, agissant sous sa double-identité (celle de Louis Goupil), déambulait dans les bidonvilles de Métropolitopia. L'odeur infâme le rendait nauséeux. Cette odeur de tripailles, d'ordures pourrissantes à même le sol ... Une odeur de renfermé où jamais ne vient l'air frais, et de maladie. Métropolitopia puait la mort, comme toujours. Il savait qu’Élise avait plusieurs endroits, pour amener ses clients, dont quelques-uns dans des vieux immeubles en ruine, à l'extérieur. Mais il ne savait pas où exactement, et était donc contraint de parcourir cette pauvre ville souterraine, abritant la civilisation la plus archaïque et dégoutante qu'il y eut jamais dans toute l'Histoire. Un conglomérat de déchets humains vivants dans des déchets d'humains.

Le Saint connaissait le réseau pratiquement par cœur, et évita donc soigneusement les zones contrôlées par le Trident, quitte à faire de longs détours. Il se fondait dans la masse, au milieu de la foule allant d'un étal de rad-poissons pourris à celui de réparation d'armes. Tous avaient la même odeur pestilentiel dans cette ville. C'était une abomination, mais à force de rester dans les sous-terrains, on finissait par s'y habituer. Il allumait cigarette sur cigarette, tapant violemment dans sa fin de paquet, pour chasser l'odeur nauséabonde et enfumer ses narines de l'odeur de tabac. Il marcha dans une crotte de rad-caniche. Il regarda le dessous de chaussure avec une moue dégoutée.

« Du gauche ... ça porte chance ... » dit-il pour lui-même.

Enfin, il arriva dans la zone où habitait Elise. Il y avait quelques baraques construites de planches et de tôles, et de grandes tentes dressées où les gens habitaient. Des bougeoirs et des générateurs de secours projetaient une faible lumière tantôt rougeâtre, tantôt orangée, sur les habitations. Pour le Saint, cette pénombre était rassurante : il était difficile de distinguer les autres, et par extension, il était aussi difficile pour les autres de le distinguer. Il se sentait donc en sécurité. Les bicoques et les tentes étaient empilées les unes sur les autres, sans allées. Il fallait souvent se faire très mince pour progresser jusqu'aux baraquements du fond. Il y avait un feu de camp au milieu d'un cercle de quelques mètres de diamètres, comme si ce mince espace constituait la place centrale de ce village troglodyte.

Le Saint progressa jusqu'à l'Atelier d'Elise.

Par les Anges, j'espère qu'elle est là, pensa-t-il.

Il frappa.


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Elise Follies
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeVen 31 Jan 2014 - 16:25

    La nuit avait été douce, encore une fois, mais pure. Encore une fois, elle s'était lovée contre Gabriel, avait entremêlé ses jambes et ses bras avec les siens, avait enfoui son visage dans son cou, mais il ne s'était rien passé de plus. Parfaitement inhabituel dans son Atelier par ailleurs. C'est le chien qui l'avait réveillé, il avait bondi sur place, et s'était planté devant la porte, reniflant par le jour qu'elle laissait, remuant la queue. Bon déjà, il n'avait pas senti de présence hostile, c'était déjà ça. Mais quelqu'un approchait, et ça elle en était certaine...

    - Gabriel...

    Elle murmura en lui caressant la joue du dos de l'index et du majeur. Il était temps pour lui d'émerger, ils allait encore partir en vadrouille aujourd'hui, et elle avait besoin qu'il soit en forme. Il allait falloir pousser plus loin, les terrains autour de Métropolitopia étaient vidés par ses habitants. Elle voulait aller du côté du Bois de Boulogne, là ils auraient peut-être plus de chances à la chasse.

    Mais elle fut sortie de ses reflexions par quelqu'un qui tapait à sa porte. Si tôt ? Elle n'était revenue que hier soir, quel client l'avait donc surveillée assez pour débarquer le lendemain ? Elle se leva, sans prendre la peine de s'habiller plus décemment que son t-shirt et sa culotte, et alla ouvrir la porte. Le visage émacié qui se trouvait derrière, elle l'aurait reconnu entre mille.

    - Vincent ! T'as d'la chance, j'suis rentrée au bercail hier soir... Tu m'excuse cinq minutes ? Je m'habille un peu plus chaudement, et je ne suis pas seule...

    Elle referma la porte, et réveilla Gabriel un peu plus fortement, pour qu'il soit en pleine possession de ses moyens quand elle lui expliquerait ce qui allait se passer.

    - J'ai une petite affaire à régler Gab. Ca te donne l'occasion de prendre du galon un peu. Je vais te laisser Eliott d'accord ? Ne va pas trop loin autour de Métrop', essaye de le garder à portée de vue. Sans carte, sans boussole et sans connaissance, tu risquerais de vite te perdre...

    Gabriel refusa son offre, et elle ouvrit la porte à regret, le regardant s'éloigner seul. Son oisillon n'était pas prêt, mais elle n'avait pas vraiment le choix, elle s'était engagé auprès du Saint, et répondre à son appel faisait partie de l'accord. Gabriel parti, elle se retourna vers Vincent, et l'invita à entrer, fermant la porte derrière lui.

    - Tu veux boire quelque chose ?

    Deux jours qu'elle n'avait pas pris de dose, c'était assez exceptionnel pour être noté, mais il fallait avouer que depuis hier soir, ça lui trottait pas mal dans la tête... Elle s'assit sur le matelas, et tira sa musette, pour y fouiller de la main droite, et en tirer une dose de psycho qu'elle s'injecta dans la foulée. Déjà, elle se sentait mieux, apaisée. Elle ne pensait plus à l'homme qui venait de partir, ni aux problèmes de chasse. Elle était prête à se concentrer sur ce que la Saint était venu lui dire.

    - Voilà... Là, je suis bien. Je suis toute à toi, je t'écoute.
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Saint Vincent de Räzell
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeVen 31 Jan 2014 - 23:30

La porte s'ouvrit sur une Élise visiblement tirée du lit, habillée très légèrement, exposant sa mine mal réveillée sous des cheveux ébouriffés. L'apparition de la prostitué dans sa tenue de nuit, avec la lumière tamisée de l'endroit, était presque gênante. Ses seins nus se distinguaient subtilement sous un t-shirt trop ample qui se terminait à mi-ventre, laissant voir une petite culotte aux couleurs passées et des jambes assez belles.

« Vincent ! T'as d'la chance, j'suis rentrée au bercail hier soir... Tu m'excuse cinq minutes ? Je m'habille un peu plus chaudement, et je ne suis pas seule... »

Le Saint acquiesça, et resta à la porte, le temps que la jeune femme se rhabille. De toute façon, le dealer n'aurait pas voulu parler de tueries dans ces conditions. Il attendit à la porte, dépité, cherchant vainement de quoi se rouler une ultime cigarette, mais dut se rendre à l'évidence, et laisser tomber cette idée.

La porte se rouvrit, et Élise réapparut, habillée de façon plus décente cette fois, mais toujours décoiffée. Son invité d’Élise sortit. Le Saint salua l'homme d'un hochement de tête, en le détaillant soigneusement d'un regard bref mais sagace. Un homme aux yeux bleus et aux cheveux brun, plutôt beau de visage et bien bâti en comparaison de la maigreur cadavérique du Saint. Mais les haillons qu'il portait trahissaient ses origines modestes, bien qu'il eut une attitude bien fière pour un crève-la-faim de Métrop'.

Élise l'invita à entrer, et le Saint accepta l'invitation silencieusement, sans poser la moindre question sur l'homme qui venait de sortir. Question de politesses.

« Tu veux boire quelque chose ? »
Il hocha la tête. Malgré l'heure matinale, le Saint ne crachait jamais sur un verre, ni sur une dose, quand on lui offrait généreusement. Question de politesses, aussi. Non ?
« J'veux bien. C'que t'as d'plus costaud. »

La prostitué se prépara une dose et se fit l'injection. Ses muscles se tendirent d'un coup avant de se détendre. Elle ferma les yeux de contentement. Le Saint connaissait parfaitement cette sensation.

« Voilà, là je suis bien ... dit-elle en rouvrant des yeux aux pupilles dévorant presque l'ensemble de son iris. Je suis tout à toi, je t'écoute. »

Il se racla la gorge, encrassée qu'elle était par les clopes qu'il s'était enfilé à la chaîne dans les rues souterraines.

« J'vais te mettre sur un coup. Un coup pas trop compliqué, mais plus tendu qu'le meurtre de boulangers. Juste pour qu'tu fasses tes preuves et qu'j'puisse être sur de toi, tu vois ?
Y a un vieil immeuble, au 9 Rue Cochin, tu le reconnaitras facilement, c'est le seul qui est encore à peu près entier. C'est pas très loin de Metrop', ça te prendra pas longtemps pour y aller. Y a des camés qui se réunissent dans ce trou, tout l'immeuble est un squatt, c'est bourré de junkies. Tu t'y rends dans la matinée, et tu nettoies tout. Tu te débrouilles comme tu veux, mais il faut pas un seul survivant. »


Le Saint reprit sa respiration en s'envoyant son verre d'une traite. Par les Anges, ce que ça pouvait être bon.

« Okay, c'est pas super compliqué : ils sont beaucoup, mais la plupart seront trop défoncés pour se lever de leur divan. Par contre, ils sont armés, et faudra que tu fasses gaffe, quand même. T'as pas besoin de savoir qui ils sont, chez qui qui ils se fournissent, ni d'où je les connais. Tout ce que tu as à faire, c'est t'pointer, et les zigouiller tous. Fais ça le plus vite possible, ça t'évitera d'être interrompu. T'as des questions ? »

Le Saint, dans le cadre de la mission d'essai, ne voulait répondre à aucune question. Son interrogation, purement rhétorique, signifiait que la mission était déjà commencé, et que ça débutait maintenant. Il fut surpris lui-même de se découvrir un tel talent de commandant, lui qui avait toujours été de ceux qui exécutaient les ordres ... Son exposé avait été bref et concis, clair, et d'une brutalité épurée : un ordre, une mission, un objectif.
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeDim 2 Fév 2014 - 22:27

    Ce qu'elle avait de plus fort. Hormis les éternels alcools qui ne différaient pas trop des alcools d'avant guerre, elle avait quelque part une étrange bouteille, qu'un petit vieux lui avait un jour donnée en la prévenant du goût étrange, mais que c'était là le meilleur alcool et le plus fort qu'elle pourrait trouver. Et en effet, sa couleur bleue-verdâtre ne donnait pas vraiment envie d'y tremper les lèvres. Le bouchon était d'ailleurs scellé, elle n'avait pas encore trouvé de bonne occasion pour l'ouvrir, et le point de départ de leur collaboration était peut être le bon moment.

    Ainsi, elle déboucha la bouteille, et attrapa deux trucs qui ressemblaient plus à des tasses qu'à des verres, le genre de machin que pouvait faire, dans le temps, un enfant de quelques années pour la fête des mères avec ses doigts malhabiles et un peu de terre glaise. D'ailleurs peut être qu'elle les avait fait elle-même, mais honnêtement, elle ne s'en rappelait pas. Elle fit glisser un des verres devant le Saint, et avala le sien d'une traite, en grimaçant. En effet, c'était fort, très fort, presque dégueulasse tellement c'était fort, et cet arrière goût de poisson pourri.... Mais qu'est ce que ça faisait du bien, quand ça glissait dans l’œsophage et que ça allait chatouiller l'estomac.

    Pendant qu'elle faisait tout ça, Vincent lui expliquait qu'il avait besoin d'être sûr d'elle. Elle ne comprenait pas grand chose, peut-être prévoyait-il de grandes choses pour elle ? Elle n'en avait aucune idée. Mais elle l'écoutait. La plus petite mission avait autant d'importance pour elle que si il lui avait demandé d'aller assassiner le chef de la FNF en personne.

    Là, il s'agissait visiblement de se rendre dans un terrier de camés et de tous les dézinguer. 9, rue Cochin. Elle notait mentalement, pour ne rien louper. Tout nettoyer. Pas de quartiers, pas de survivant. Noté. Il seront armés. Tirer la première pour ne pas se faire descendre. Noté. Ne rien demander. Noté.

    - Une seule. Je laisse les cadavres sur place, ou je dois les planquer ? Non parce que si ils sont trop, ça va me prendre trois plombes à tout nettoyer...

    Se resservant un verre – il lui fallait un peu de courage pour attaquer – elle en avait bien besoin. Pas que le fait de se pointer dans un taudis de junkie lui faisait peur (bon sang, elle vivait à Métropolitopia, s'offrait à ses habitants contre toute sorte de troc, et avait survécu à une enfance au milieu des psychotiques et des survivants. Rien ou presque ne lui faisait peur), mais elle connaissait la nature instable de son caractère, et aujourd'hui, elle avait besoin de la mauvaise partie d'elle-même, pour faire le boulot.

    - J'vais y aller maintenant, au moins ce sera fait. Tu veux m'attendre ici ?

    HJ:
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeMar 4 Fév 2014 - 14:27

Le Saint écouta la question d'Elise, dont la réponse lui semblait évidente. Il lâcha un soupir avant de répondre avec un soupçon de lassitude dans la voix. Le Saint n'était pas du matin. Il lui faudrait un petit shoot pour lui remettre la patate quand Elise partirait.

« Non, tu laisses tout, j't'engage pas pour faire la femme de ménage. Rapide, efficace. C'est tout c'que j'demande. »


Elle se resservit un verre. Peut-être pour se donner de la force. Elle semblait déterminée. Le Saint en fut satisfait.
« J'vais y aller maintenant, au moins ce sera fait. Tu veux m'attendre ici ?
- Non, on s'rejoint au Barbu, Station Jussieu. C'est tout prêt. J't'y attendrai quelques heures dans l'après-midi. Viens le plus tôt possible, dès que tu as fini. Bon courage, Elise. Et prends ça. »

Il lui tendit deux doses de Psycho 50'Pur. Une avance sur salaire doublée d'une aide mortelle pour réaliser la mission.
Il n'ajouta rien, finit sa bolée de gnôle d'une traite et la reposa, puis sortit de la planque d'Elise, et s'éloigna dans le campement trop sombre, disparaissant finalement dans les ténèbres, comme s'il n'avait jamais été là.

* * *





La zone n'était plus qu'un champs de ruine, comme l'avait dit le Saint. La plupart des bâtiments n'avaient plus que quelques murs encore debout. C'était comme un gigantesque puzzle auquel il manquait pratiquement toutes les pièces. La rue elle-même ressemblait plus à une tranchée qu'à une route. Les pavés avaient tous sautés, et il ne restait plus qu'une ligne de terre creusée où il fallait se livrer à une lutte de tout les instants pour ne pas se fouler les chevilles.
Le 9 Rue Cochin était effectivement bien indiqué. Le bâtiment était en effet le seul à être encore à peu près entier, et a supporter encore le poids de ses deux étages au-dessus de son rez-de-chaussé. Une sorte de miracle. Mais ce sont des choses qui arrivent, même si on est généralement incapable d'expliquer pourquoi ce bâtiment plus que ses voisins a pu résister aux bombardements.

A la porte, à moitié brisée et marquée d'un trident peint avec une matière séchée peu ragoutante, il y avait une cloche suspendue. Probablement fallait-il la faire sonner pour entrer. Quand on était attendu.
Avant de décider quoi que ce soit, Elise embrassa du regard le bâtiment et en fit un tour rapide. Les fenêtres étaient pour la plupart explosée, et les bouts de verre se mêlaient aux gravats, au pied de l'immeuble. Le bâtiment portait l'enseigne Jeannine Couture, en lettres capitales. Une fumée blanche sortait de l'une des fenêtres du deuxième étage, trahissant un feu de camp allumé par les toxicos à l'intérieur. A moins qu'ils ne fument tellement que leur squat vomisse littéralement de la fumée par toutes les issues. Ce qui serait plus improbable.
Une gouttière montait jusqu'au toit, mais elle semblait sur le point de lâcher. Elise ne pouvait être sur qu'elle parviendrait à y grimper. Pourtant, le première étage était entouré d'une petite corniche, et, une fois là, elle aurait put faire le tour du bâtiment et entrer par n'importe quel fenêtre et provoquer la surprise.
Enfin, au rez-de-chaussé, il y avait à l'arrière un pan de mur écroulé par un tir d'obus, ou on ne sait quoi, qui avait creusé le sol en même temps que le bas de la fondation. Élise était assez fine pour se glisser dans ce trou.

Elle ne voyait rien de plus, mais elle avait déjà put identifier plusieurs voies, et elle n'avait plus qu'à choisir son plan d'action.
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeMar 4 Fév 2014 - 18:12

    Ruines et désolation. C'était bien ce que Vincent lui avait dit, mais elle ne s'attendait pas à autant, et elle se demandait comment quelqu'un pouvait encore vivre là. Encore que vu la population qu'il lui avait décrite, ça ne l'étonnait pas vraiment de se retrouver là. Elle se servait du chien pour se guider, lui étant plus agile et averti, évitant les endroits dangereux.

    Un peu plus tôt, avant de partir, elle avait fait un détour par le Souk, chez son armurier préféré, pour se munir d'une petite arme de point, et quelques chargeurs supplémentaire pour le Churchill. Ca et la dague qu'elle portait à sa botte, elle se sentait pas mal en sécurité. D'ailleurs elle voulait faire le maximum de chemin sans faire de bruit, donc à la dague. Ca n'allait pas être une mince affaire, mais elle avait confiance. Une dose de psycho avant de partir, et elle en ressentait déjà les effets. Une deuxième avant de rentrer dans l'immeuble, et ce sera parfait.

    Effectivement, elle était bien obligée d'avouer que le 9 était facilement repérable. Quand tout autour était effondré et démoli, le petit immeuble restait droit et fier. Majestueux presque. Comme quoi ce n'est pas la taille qui compte.

    La cloche semblait l'appeler. Elle en concluait qu'il fallait sans doute sonner pour être admis à l'intérieur. Mais ça n'aurait pas été très malin d'annoncer son arrivée en sonnant directement à la porte. Elle pris donc la décision de faire un petit tour du bâtiment, pour essayer d'en localiser les entrées et sorties possibles. Elle se déplacait le plus furtivement possible, pour éviter de se faire remarquer. Il y avait bien un moyen de grimper, par la gouttière, mais elle n'était pas sûre qu'elle allait supporter son poids, et puis son chien était toujours un allié précieux, et elle aurait préféré qu'il puisse entrer en même temps qu'elle. Par contre elle retenait la présence de la corniche, ça pouvait être utile pour plus tard.

    Par contre, elle pouvait aisément se glisser dans le trou qu'elle avait découvert au rez de chaussé. Et si elle passait, le chien typé dobermann, assez osseux et fin passait aussi. C'était parfait. Elle attrapa donc dans la poche la deuxième dose de psycho, et l'injecta. Le poison coulait dans ses veines, et atteignait avec douceur son esprit, pour déverouiller les portes de la cage de celle qu'elle appelait désormais la mauvaise Elise. Son regard s'assombrit, son sourire disparu, la laissant entamer la longue descente vers la folie. En attendant d'y parvenir, elle se glissa dans l'interstice, pour arriver dans une grande pièce sombre, visiblement inhabitée, mais qui, à l'odeur, devait être les latrines de toute la bande de camés. Réfrénant son envie de vomir, elle tira la dague de sa botte, et avança jusqu'à la seule ouverture de l'endroit, un encadrement de porte, sans porte, donnant dans un couloir.

    Elle glissa la tête dans le couloir, mais ne vit personne.

    - Hey.

    Elle avait murmuré, assez pour que si quelqu'un était dans le coin, il puisse l'entendre, mais pas trop fort pour ne pas ameuter tout la population. Et elle avait eu raison, elle n'eut pas attendre plus d'une minute avant qu'un gars pointe le bout de son nez, le pas mal assuré, visiblement pas en très bon état. Elle attendit qu'il arrive à sa hauteur et l'attrapa par le col, en plaquant sa main sur sa bouche.

    - Ferme ta gueule et fait un sourire à maman.

    Alors qu'elle disait ça, elle avait fait glissé la dague le long de sa gorge, laissant échapper un flot de sang, puis le laisse retomber, en le balancant dans un coin de la pièce. Prudente, elle s'engagea dans le couloir, et jetai un coup d'oeil rapide aux 2 pièces qu'il desservait. Trois hommes endormis dans l'une, deux hommes réveillés et armés dans l'autre. Il allait falloir agir très vite. Et se décider par où elle allait commencer. Les hommes endormis, ça lui semblait plus simple...

    Ordonnant d'un geste à son chien de rester à l'entrée de la pièce. Se dirigeant vers le premier homme, a pas de loup, sans faire un bruit, et plaqua sa main sur sa bouche pendant qu'elle s'installait à cheval sur son bassin. Une lueur au fond de ses yeux sombres lui intimait de ne pas faire un bruit. Elle posait délicatement la pointe de la dague sous son menton, et d'un coup sec, la fit traverser le crâne, achevant sur le coup l'homme face à elle. Rapidement, elle exécuta la même manœuvre pour les deux autres, le dernier se débattant un peu plus... Restait à régler leur compte aux deux autres...
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeMer 5 Fév 2014 - 17:01

Élise était pour le moment rapide et efficace. L'odeur du sang versé n'avait pas réveillé les sens des drogués rêvant leurs vies psychédéliques, et ce fut à leur tour de passer sous la lame habile et silencieuse de la continuait comme ça, ça allait être une ballade de santé.

En fouillant les trois cadavres, Elise trouva un revolver au canon tout petit, ridicule, mais dont le chargeur était plein. Sur les autres, elle trouva une hachette, une bouteille de Nectar Doré, autrement dit, de la pisse de brahmine, la plus mauvaise drogue - mais aussi la moins chère - de toutes les Terres Désolées. Il y avait aussi quelques anneaux et un médaillon avec une photo de femme.

En revenant prudemment dans le couloir, Élise put apercevoir les deux hommes, lui tournant le dos, affairé à tracé une ligne de poudre qui n'était très certainement pas de la farine avec une grosse dague de chasse. Celui qui était assis devant la table et maniait la dague parlait à son compagnon, qui portait un fusil de chasse en bandoulière et regardait son ami faire la dose.

Dans la pièce, il y avait un masque à gaz attaché à un porte-manteau. Au fond de la pièce, il y avait aussi une commode dont le tiroir du haut était ouvert. Des vêtements dépassaient. Sur la commode, une lampe à huile allumée diffusait sa lumière, mettant à jour une paire de grenades.

« Sniffé du Buffout, c'est le pied, mon vieux, y a rien d'meilleur.
- T'as raison.
- Le mieux, j'te dis. »


Celui sur la chaise se pencha et une aspiration bruyante signifia clairement qu'il prenait sa trace.
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeJeu 6 Fév 2014 - 18:07

    Le revolver était ridiculement petit, mais un rapide coup d'oeil au nombre de balle lui intima la conviction qui valait mieux le garder. Ainsi, elle vérifia rapidement qu'aucune d'entre elle n'était engagée et glissa l'engin à sa ceinture. La hachette pouvait lui servir aussi, elle la bloqua dans un passant de son pantalon. Le Nectar Doré, par contre, elle le laissa sur place. Elle avait beau être droguée, et stone 75% du temps, celle là, elle refusait d'y toucher. Déjà parce que la pisse, c'était pas vraiment son délire, et puis qu'elle avait entendu des drôles d'histoire à propos de personnes qui en avaient un peu trop pris, et elle termina en glissant les anneaux dans sa poche.

    Bon, maintenant il fallait s'occuper des deux gaillards, qui eux n'avaient pas du tout l'air endormis, et qui après leur ligne de Buffout allaient l'être encore moins... Elise chercha d'abord du regard les armes en présence. Dague, fusil de chasse, grenades. Si elle faisait la conne, elle n'en sortirait peut être pas vivante. Elle réfléchit en vitesse. Si elle entrait armée jusqu'aux dents, ils allaient comprendre directement. Et ça c'était pas jouable. Il fallait la jouer fine.

    Revenant dans la pièce des cadavres, elle déposa son churchill, glissa le petit revolver dans sa botte, celle qui ne camouflait pas déjà son couteau. Elle retira son pantalon, le plia et le posa sur ses affaires, avant de camoufler tout ça sous sa veste en cuir. Ordonnant à son chien de monter la garde, elle alla gratter doucement à la porte, comme un chat, attirant l'attention des deux bonhommes.

    - Salut les gars... On m'a envoyée pour vous distraire un peu... J'espère que vous êtes partants...

    Les deux hommes se tournèrent vers elle, et l'observèrent de haut en bas. Surtout en bas d'ailleurs.

    - Quoi que, ça, ça peut être mieux.

    - Bah alors ma jolie, t'es timide ?

    Sans doute disait-il ça parce qu'elle n'était pas encore entrée dans la pièce, ce à quoi elle remédia en s'avancant vers celui qui était le plus proche d'elle. Elle attrapa sa main pour la poser délicatement sur sa taille, où il raffermit sa prise, provoquant presque la douleur, l'attirant à lui, et elle tomba assise sur ses genoux. L'autre se leva, et vint se mettre face à elle, et ouvrit son pantalon. Paaaarfait...

    - Tu va t'occuper de mon collègue, et après ce sera moi, okay ?

    - Si vous voulez mes choux...

    Sa voix langoureuse camouflait à merveille ses réelles intentions. Sa main droite glissa le long de la cuisse de celui qui était debout, remontant vers des parties plus intimes qu'elle caressait du bout des doigts. L'autre main glissa sur le torse de celui qui lui servait de siège, jusqu'à sa gorge, où elle se ferma tout à coup. Sa voix s'échappa en un filet, suffisamment articulé pour qu'ils comprennent, et suffisamment rapide pour les faire taire.

    - On va jouer à un jeu tous les trois. Le roi du silence. C'est très simple. Toi, si tu ouvres ta gueule, je lui arrache les couilles. Et si c'est lui qui l'ouvre, je t'étrangle, on est clairs ?

    Elle siffla doucement, et le molosse vint la rejoindre. Un peu de sang gouttait de sa babine, et si elle l'engueulait souvent quand il allait grignoter sur les cadavres, là elle lui en était reconnaissante. La tête des mecs était épique. Et elle jugea que c'était le bon moment pour leur annoncer ce qui allait se passer.

    - Bon, je peux pas vous descendre tout les deux en même temps, ça c'est sûr. Donc je vais m'occuper du voyeur en premier.

    Lâchant l'autre, elle tire le couteau de sa bottine, et pose le tranchant de la lame sur la gorge de son copain, et finir par l'ouvrir, déversant un flot de sang sur son t shirt. Rah bordel, elle allait sentir le sang pendant deux semaines encore. Manque de bol, l'autre décida de faire le mouvement de de trop. Ouvrir la bouche pour se préparer à crier, ce qui déchaina le chien, qui lui décida de lui sauter à la gorge. L'homme se débattait, et se mit à crier. Pas longtemps, une fraction de seconde, car elle avait anticipé et plongeait déjà sa dague dans son crâne. Pourvu que les autres n'aient rien entendu...

    En vitesse, elle se rendit dans la pièce des cadavres à nouveau, pour se rhabiller en vitesse, en emmenant le fusil, la dague et les grenades. De nouveau vêtue, elle repassa le churchill en bandoulière, gardant sur elle la hachette, les deux dagues, et le petit revolver. Une machine de guerre, tendant l'oreille. N'entendant aucun bruit venir, elle se glissa dans le couloir et monta les escaliers. Rez de chaussée nettoyé, place au premier étage...
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeVen 7 Fév 2014 - 23:32

* * *

Au premier étage :

En haut, au premier étage, Marcus, se redressa dans son sofa, comme un raliéné décelant un danger imperceptible et pourtant immédiat. Il tendit l'oreille, intimant d'un geste et par son air grave le silence aux trois autres personnes près du feu dont l'épaisse fumée s'échappait mollement par les fenêtres cassées, vaguement barricadées.
La conversation concernant la conservation des rad-betteraves, qui une seconde avant, captivait encore tout le monde, laissa place à un silence pesant qui dura quelques longues secondes.

" Vous avez pas entendu comme un grognement ? " murmura t-il inquiet.

Ils répondirent négativement d'un signe de tête. Mais Marcus était toujours sur le qui-vive. Sa main glissa lentement jusqu'à son fusil ferroviaire. Un craquement dans l'escalier les fit tous sursauter. Là, ils avaient entendus. Moins parano, ou peut-être moins capable de garder son sang-froid dans un climat devenu si vite chargé de tension, Adrien appela, haut et fort, Mastro, le type qui montait la garde dans l'entrée, et qui avait été le tout premier à tomber sous la lame du couteau de la tueuse.

" Eyh Mastro ! Tout va bien, en bas ?! "

Pas de réponses. La tension devenait insoutenable. Les drogués déposèrent les bouteilles de Nectar Doré et les bouteilles poussiéreuses de Bordeaux 2067, et se levèrent tout doucement, dans un silence surréaliste, en s'emparant de leurs armes respectives.

Marcus serrait fermement son fusil ferroviaire. Adrien était armé d'une barre à mine. Le troisième, un grand portant une tenue d'employé des magasins Vainqueur, avait attrapé son précieux fusil à pompe, acheté au prix fort sur le marché de la gare, au bout duquel il avait fixé une vieille baïonnette rouillée. Et le quatrième, dont les genoux se mirent à trembler si intensément qu'il crut qu'il allait se casser les rotules l'une contre l'autre, s'empara d'une serpe qui trainait près du tas de bois.


* * *

Au deuxième étage :

" Qu'est-ce qu'il a l'autre con, à gueuler comme ça ? " bougonna Janie à bout de nerfs, assis sur un siège de toilette, exténué par sa comptabilité. Il plaqua les billets qu'il comptait du plat de la main sur la table de pique-nique qui lui servait de bureau, dans un geste plein de violence. Il souffla rageusement la fumée de sa cigarette en reprenant le compte depuis le début, comptant à voix haute à chaque billet. L'argent de la FNF, c'était beaucoup plus compliqué que les capsules. Il y avait pas un seul billet qui vaille la même somme qu'un autre ! Enfin, si, mais c'était pas si simple !

" 10, 30, 35, 45, heuuu ... 65, 70, et 10, soixante-dix-dix ... Bordel de putain de merde ! "

Colette, une jeune femme ayant entre vingt et trente ans, mais qui en paraissait entre trente et quarante, emmena ses deux enfants à l'écart de l'irascibilité de Janie et de ses jurons. Ils s'installèrent dans ce qui était jadis une chambre à coucher. Le lit avait été récupéré pour faire du bois de chauffage, et le matelas était posé à même le sol, pourrissant par en dessous à cause de l'humidité qui s'infiltrait sans cesse. Colette toussa. Dans cet immeuble, elle tombait toujours malade en hiver, et ses poumons la lançait. Les deux jeunes garçons de sept et dix ans se distribuèrent à part égales quelques capsules de bières et se mirent à jouer avec sur un échiquier vétuste, prétextant qu'elles étaient des soldats, et que lorsqu'un soldat mourrait, la capsule était remportée par l'adversaire.
Colette les regarda en souriant, avant d'être pris d'une nouvelle quinte de toux.

" Maman, il triche ! Sa capsule rouge peut se déplacer que sur les carrés gris ! Dis lui !
- Non, c'est même pas vrai, c'est même pas vrai, c'est la jaune qui fait ça !
- Arrangez-vous entre vous, et pas de bagarres ! Si vous êtes pas d'accord, recommencez depuis le début ! Maman revient dans un moment ... "


Elle laissa ses deux enfants entrer dans une phase de négociations intenses, s'isolant dans la salle de bain du deuxième étage. Elle entra dans la baignoire, dans laquelle une couche de trois centimètres de saleté formait désormais une croute dure masquant l'émail. Elle se prépara un fix. Du mag-X. Il lui fallait impérativement. Pour se détendre. Et ça guérissait sa toux, aussi. Elle avait de la chance d'en avoir régulièrement. C'était ça l'avantage d'être la seule femme dans une bande de tox. On avait quelques petits privilèges. Personne, pas même elle, ne savait exactement qui était le père de ses enfants. Pour ce qu'elle en savait, ça pouvait être Janie comme Marcus ou Mastro. Même Jakiv, en fait, pour le plus âgé des deux. Il était mort d'une overdose pas longtemps avant la naissance. Enfin, d'une overdose ou d'un gros rhume, personne pouvait vraiment l'affirmer. La faute à pas d'chance, quoi.

La seringue s'enfonça dans son bras, et elle poussa le liquide dans sa veine. Elle se sentait déjà mieux.


* * *

Pendant ce temps, au premier étage :

Les quatre gars au premier étage s'encourageaient mutuellement, mais silencieusement, à passer le nez dans le couloir, mais aucun n'avait assez de courage pour être le premier. Après une délibération muette à basse de signe de tête et mouvements de lèvres silencieux, et une coalition contre Marcus des trois autres, il finit par céder, et il passa sa tête et son fusil ferroviaire aussi rapidement et discrètement que possible pour regarder dans le couloir. Et là, dans l'escalier, bien cachée et pas trop avancée pour que seule ses yeux dépassent, il vit une femme qui le regardait. Il rentra la tête aussitôt, et dans un souffle paniqué, les yeux écarquillés, s'adressa à ses compères.
" Ho nom de dieu de merde ! Y a quelqu'un dans l'escalier !
- Qu'est ce qu'on fait alors ? s'inquiéta celui avec la tenue d'employé Vainqueur, parlant au nom des trois autres, tout aussi inquiets.
- Putain, je sais pas si elle m'a vu, parlez pas fort. Je vais traverser vite fait dans la pièce en face. Adrien, tu viens avec moi, et de là, on sortira avec les flingues, et on la cloue au mur, la pétasse ! On fait ça ? Ils approuvèrent tous, surtout celui avec la serpette, qui, dans l'histoire, restait bien en renfort, caché dans sa cabane. Alors ... ACTION ! "
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeSam 8 Fév 2014 - 17:27

    Elle attaquait donc à monter cet escalier. Qui grinça. Bordel de merde, sérieusement ? Elle avait tout fait dans une discrétion exemplaire jusqu'à maintenant, et là, tout allait foirer à cause d'un vieil escalier miteux, dont elle se demandait comment il avait survécu à l'usure et aux bombes. Retenant un juron, elle essayait de réfléchir en vitesse, et le psycho l'y aidait pas mal. Elle allait reprendre son ascension lorsque une tête se présenta à l'entrée du couloir. Une fraction de seconde, vraiment pas longtemps, mais assez pour qu'il la voit. Merde. Elle ne savait pas combien ils étaient là-haut, ce qu'elle risquait. Et combien ils étaient armés. Hum.

    Coup de bol. Il s'avère que si l'escalier grince, le plancher en fait de même. Et si elle ne voit pas les ombres se mouvoir dans le couloir, elle entend leurs pas. Mauvaise pioche les gars... Avec précision, elle redescend l'escalier, évitant soigneusement la marche qu'elle sait grincer. Elle retourne dans la pièce où elle vient de laisser deux nouveaux cadavres, dont un avec le pantalon sur les chevilles.

    Et elle n'a pas tort, car à peine quelques secondes après qu'elle s'y soit réfugiée, voilà que les deux abrutis tiraient. Deux coups chacun, la détonation de leurs armes, bien différentes, résonnait dans les oreilles d'Elise. A nouveau, elle entendit chuchoter, l'un d'entre eux avaient du repasser la tête dans le couloir pour essayer d'apercevoir son cadavre.

    - Marcus, t'es con ou quoi ? Y'a personne ici !

    - J'suis quand même pas miro, ni abruti, y'avait une nenette là. T'as qu'à descendre voir. Prend Adrien avec toi.

    Les deux hommes se retrouvèrent en haut de l'escalier. Ils ne voyaient toujours rien, si ce n'est les trous creusés par les balles dans le bois de l'escalier. A pas de loups, ils s'enhardirent à descendre dans le couloir principal du bas. Là haut, il ne restait donc que Marcus et le couard. Arrivant a peu près à hauteur de la pièce où se cachait Elise, ils découvrirent le chien, la cuisse tachée de sang, allongé, couinant doucement.

    - C'était un chien Marcus ! T'as niqué un chien. Va falloir qu'on l'abatte. Hein ?

    Alors qu'il finissait sa phrase, le chien se redressa d'un bond, les prenant par suprise, mais détournant surtout leur attention de la fameuse pièce, de laquelle surgit Elise, tirant deux balles, l'une après l'autre, droit vers leurs fronts, les laissant morts. Elle caressait son chien tandis que les corps s'effondraient. L'animal était loin d'être blessé, en réalité il était juste comédien, et le sang sur sa cuisse provenait de l'un des morts. Il se lécha longuement, pour se nettoyer, appréciant comme toujours le goût du sang humain.

    - Ca y est, vous l'avez descendu ?

    Entendant les coups de feu, Marcus avait cru qu'ils en avaient fini avec la bête blessée, et était venu voir si il n'y avait pas quelque chose à récupérer. La viande de radcaniche n'est pas la meilleure, ni la plus nutritive, mais ça peut représenter un gentil petit en-cas. Et il voulait sa part. Elise le vit descendre, et avait donc eu tout le loisir de le mettre en joue. Un troisième coup de feu, et voilà qu'elle avait nettoyé l'étage suivant. Enfin ça, c'est ce qu'elle pensait, étant donné qu'elle n'avait entendu que ces trois là, et que le quatrième était planqué de manière à ce que personne ne le trouve.

    Donc elle reprit son ascension. Arrivée en haut de l'escalier, Eliott grogne de manière significative, l'avertissant d'une présence. Elle entra dans la pièce, dague dans une main, revolver dans l'autre, et découvrit un homme prostré, visiblement terrifié. Bordel, quel couille-molle... Elle n'eut aucun problème à le dézinguer sans bruit, en l'égorgeant.

    Puis elle s'attela à fouiller l'étage, se préparant à accéder au dernier niveau.
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeVen 14 Fév 2014 - 21:11

La stratégie employé par Elise avait été payante. Elle avait beaucoup de chance de pouvoir compter sur un chien aussi fidèle et intelligent, il fallait qu'elle le reconnaisse. Défoncée au Psycho, elle n'avait eu que du plaisir malsain, et pas une once de compassion, au moment de faire glisser la lame sur la gorge du pauvre drogué terrifié, comme la violoniste fait jouer son archet sur son instrument pour en tirer le son plaintif et triste d'un requiem.

Elle fouilla un peu partout, mais ne trouva rien de bien probant. Une dizaine de capsules, les armes des quatre drogués morts, le feu mourant, un peu de nourriture, majoritairement des biscuits et des conserves entamées d'avant-guerre et des légumes radioactifs d'après-guerre, produits par quelques fermiers en périphérie de la Ville-Lumière assombrie à jamais par l'Âge des Terres Désolées.

A la fenêtre, elle entendit du bruit, et écarta des rideaux de toiles qui obscurcissaient la pièce pour jeter un œil, mais ça n'était qu'une meute de rad-caniches en vadrouille. Rien d'inquiétant. Le suite se passait au-dessus. Il fallait faire demi-tour de là où elle était venu, et reprendre l'escalier jusqu'au deuxième étage.

* * *

Les deux enfants avaient sursauté en entendant les coups de feu, et ils renversèrent leur jeu. A leur instar, Janie fut frappé de stupeur lui aussi, et se leva comme un diable sortant de sa boite, en empoignant son fusil d'assaut qu'il gardait toujours à moins d'un mètre de lui. Il quitta les toilettes où il faisait ses comptes, laissant l'argent en plan, et se dirigea vers les deux enfants.

" Allez vite vous mettre à l'abri, mes p'tits lapins. Planquez vous dans l'placard, tonton va s'occuper de tout. "

Son ton se voulait rassurant, mais il craignait le pire. C'était pas dans l'habitude des gars d'user des armes à feux pour un oui ou pour un non. Surtout depuis qu'il y avait des enfants sous ce toit. Leur présence avait rendu ces toxs moins cinglés. Ils étaient tous comme des pères, pour ces deux drôles, et ils montraient l'exemple de ce qui était juste - selon eux - et même pour des toxs, inculquer une culture d'ultra-violence et s'entretuer alors qu'ils formaient pour ainsi dire une famille, c'était pas une chose juste. Or, il avait très bien reconnu le son de leurs armes. Il n'avait pas pu se tromper, c'était leurs flingues qui avaient tirés.

Et si le problème avait été résolu, on pouvait s'attendre à ce que ces demeurés gueulent dans tout l'immeuble que toute menace avait été écartée. Là, ça puait du cul.

Les deux enfants obéirent, et se cachèrent dans le placard, en sanglotant, conscients du danger et de la situation, comme informés par un sixième sens qui devait leur être propre et que Janie partageait. Il le sentait lui aussi, il y avait un gros pépin. Mais il savait se contenir et garder la tête froide. Il se rua chercher la femme, mais elle était en pleine défonce, en train de faire un rêve psychédélique, les yeux révulsés présentant un regard blanc. Il lâcha un juron. C'était vraiment pas le moment ! Il se grouilla et se plaça sur ses deux pieds au milieu du couloir, dominant l'escalier, déterminé. Il fit sauter le cran de sécurité, et mit son doigt sur la gâchette.

" Qui que vous soyez, dégagez de là maintenant si vous voulez pas que je vous plombe le cul ! Vous savez pas à qui vous vous attaquez, fils de putes ! Z'êtes sur un territoire annexé par le Trident ! "

C'était totalement vrai. Cette petite bande de toxs étaient, il y a longtemps, de petits dealers qui revendaient à des toxs encore plus minables qu'eux, pour toujours pouvoir se payer leurs doses. Et puis un jour, le Trident à débarqué. Ils savaient que c'était pas la peine de résister, ni même de négocier, contre ces gros poissons. Le petit gang avait obtempéré : payer comptant tout les mois 50% de leurs revenus. Et si le Trident trouvait que le versement mensuel n'était pas assez important, il ne manquait pas de le souligner, et de menacer très ouvertement les mauvais payeurs. Jusqu'à maintenant, ils s'en étaient toujours bien sortis. Lorsqu'il y avait eu des mois difficiles, ils avaient redoublés d'efforts, ils étaient sortis de leurs domaines de prédilection, devenant des braqueurs, des recéleurs, des récupérateurs, pour pouvoir verser plus le mois suivant. Le Trident n'avait jamais mis leur menace a exécution, et, finalement, offrait une certaine protection à cet immeuble.

Jusqu'à ce jour.

Il fallait vraiment être un ramassis de tarés consanguins au courant de rien pour ne pas savoir que s'en prendre à ce quartier, cet immeuble, ce gang, c'était comme de s'en prendre au Trident lui-même. Ils étaient une antenne de l'Organisation. Ils étaient intouchables ! Putain !

" Vous chiez dans vot' froc, les pédés ? Dégagez maintenant, et planquez vous, tas de connards, avant que j'me fâche pour de bon ! "

Et les gosses ? Qui allaient s'occuper des gosses, maintenant ? Bordel de merde.
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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeSam 15 Fév 2014 - 11:44

     « Ferme ta gueule, pauvre con » pensa-t-elle en son fort intérieur. Si elle avait fait son maximum pour être discrète jusque là, elle avait du mal à comprendre qu'on ne puisse pas l'être dans une telle situation. Elle venait de tuer 9 hommes dans cette maison, et ce gros gland là-haut préférait gueuler comme un tordu au lieu de descendre furtivement... Enfin bon, ça allait pas l'aider à s'en sortir.

    Elise réfléchissait en vitesse, le psycho l'aidait à augmenter ses capacités cognitives, et sa façon de faire s'en ressentait aussi. Elle ne referait pas le coup du chien. Non, trop facile, trop aléatoire aussi. Elle avait eu de la chance déjà qu'aucun d'entre eux ne pense à abattre une bête blessée. Non, elle avait entendu sa voix, et repéré d'où elle provenait. Cet abruti s'était planté en haut de l'escalier, bien visible, bien au milieu. Une cible parfaite. Par contre elle l'avait entendu faire sauter la sécurité, mais pas engager de balle. Elle avait donc une longueur d'avance. Une toute petite longueur d'avance, une fraction de seconde tout au plus. Il allait falloir être rapide,

    Elle fit signe à Eliott de rester sur place, et se posa elle même au fond du couloir. Elle était plutôt bonne tireuse, et avait en général pas mal de chance. Elle se mit donc à courir, le pied léger réduisant le bruit de sa course. Au moment où elle arriva au pied de l'escalier, elle voit la surprise sur le visage de l'homme. Il ne s'attendait pas à une femme, et ça le perdra. Son moment d'incompréhension donne une longueur supplémentaire à Elise, elle lève son fusil.

    Une balle. Une seule. Droit dans la tête. Et le corps inerte dégringole dans l'escalier, elle n'a que le temps de se décaler pour éviter de se faire écraser.

    Bien. Elle monte ensuite l'escalier, prudente. Et tombe sur l'autre défoncée, en plein délire psychédélique, qui murmure des choses incompréhensible alors qu'elle bave abondamment. Pfff, pauvre fille. Aucune dignité. C'est sans vergogne qu'elle pose le canon sur sa tempe, et tire.

    Fouillant la maison elle ne rencontre personne d'autre... Jusqu'à entendre des sanglots dans un placard. Des gamins. Putain le Saint lui avait jamais dit qu'il y allait avoir des gamins dans cette baraque. Il fallait appeler que c'était un cas de conscience. Des enfants, c'est innocents. Mais un enfant privé de ses parents, par le meurtre, ça peut devenir le pire ennemi qu'on puisse avoir, en grandissant dans la haine... Et puis Vincent lui avait demandé de tout nettoyer.

    - Pardon.

    Et ce fut leur tour.

    ***

    La mission avait été un succès, et lorsqu'elle revint chez elle, le Saint n'était plus là. Sans doute qu'il avait ses informateurs, et qu'il apprendrait assez vite qu'il pouvait placer sa confiance en elle. Pour l'instant, il fallait qu'elle se lave.

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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeJeu 20 Fév 2014 - 23:08

Elise était parvenue à mener sa mission à bien. Plus dopée au Psycho qu'un cycliste américain d'avant-guerre lors de l’ascension du Col de Tourmalet, elle avait menée l'opération avec une froideur hargneuse, et une volonté de vaincre et de tuer supérieure à toute autre.

Au dernier étage, elle avait trouvé 550 francs de la FNF en billets et deux doses de Mag-X.

Le Saint n'avait pas assisté au carnage, mais il avait envoyé un jeune homme qu'il avait payé pour se rendre à l'adresse et revenir lui faire un rapport. Après quelques heures passées, le Saint, qui commençait à douter de voir revenir vivant son indic', eut finalement la bonne surprise de le voir débouler dans la planque où il l'attendait. La main sur son petit calibre se relâcha quand il constata qu'il était revenu seul, bien que visiblement furax.

" C'était quoi ce bordel ?!
- Ton rapport, et t'auras la deuxième partie de ton argent, répondit simplement le Saint, impassible, en baissant son arme.
- Mon rapport, mon cul ! Tout le monde était crevé là-d'dans ! Une vraie boucherie ! Troués comme des passoires ! Égorgés ! Y avait même des enfants !
- Je sais.
- Tu sais ?! Mais c'était quoi ce plan ?! J'exige une rallonge ! "

Le Saint leva son bras armé, et tira à bout portant, une seule fois, en cillant. Le visage troué s'était figé dans une expression de surprise.

" La voila ta rallonge. " Le corps s'écroula. Il cracha sur le corps. " Pas de traces. Pas cette fois. "

Il fouilla le corps et récupéra l'argent qu'il lui avait donné pour se rendre là-bas. Le pauvre bougre avait vécu jeune. Mais c'était souvent le cas dans les Terres Désolées. Et ses années sacrifiées s'ajouteraient peut-être à la ligne de vie du Saint. En tout cas, c'était dans cet optique qu'il avait été sacrifié. Ainsi soit-il.


* * *


Comme prévu, Elise et le Saint se retrouvèrent au Barbu, station Jussieu, en fin d'après-midi. Elise attendait déjà depuis un moment. Le Saint s'approcha d'elle, prétextant par son attitude corporelle et sa bonne humeur visible n'être qu'un client pour une prostitué en mal de travail. C'est avec un sourire de dents jaunies, affichant sa satisfaction, qu'il s'approcha d'elle, passant sensuellement la main sur son épaule.

" Et bien, belle brune ? On attend quelqu'un ? "

Il prit place près d'elle, sans même formuler la moindre excuse pour son retard, alors qu'il avait dit qu'il l'attendrait. Le Saint était ce genre d'homme. Le genre de personnage sur lequel on pouvait compter jusqu'à un certain point, mais qui était foncièrement libre. A la fois dans sa façon de penser, que dans sa façon d'honorer ses engagements.

" C'était une belle journée. Je suis d'humeur à la finir en beauté. Je te paye une infusion ? Je sens que tu es le genre de fille qui est convaincante à tout point de vue. Si je te demandais de sodomiser la Reine Shoshana et de me laisser regarder par le trou de serrure, je sens que tu serais le genre de fille à le faire si je payais assez cher, hein ? Enfin, parlons plus d'boulot. Ça tue le romantisme. Faisons comme si nous nous ne connaissions pas. Tu me jetterais parce que je te drague trop lourdement et qu'jsuis pas ton type. Je déguerpirais fissa, avant de me faire bouffer une guibole par ton chien. Mais, troublé par ta beauté, j'oublierais malencontreusement mon sac, en partant. Celui-ci, là, par terre. Et puis, fasciné par toi, je resterais à penser maladivement à toi pendant des jours, avant de finalement prendre la décision de te revoir. Je remuerais ciel et terre pour te retrouver, toi, belle Ange ténébreux. "

Le sous-texte était clair : la dope et l'argent en paiement est dans la sacoche par terre. Les deux protagonistes font une scène pour se quitter, et ne se passent rien en main propre. Juste au-cas-où il y aurait des mouchards dans le bar - la parano du Saint ne s'arrangeait pas à mesure qu'il durcissait ses actions contre ses anciens employeurs - et le Saint part. Mais, satisfait de la complète réussite d'Elise, il s'engage à la recontacter tôt ou tard pour lui donner de nouveaux ordres.

Et ainsi fut-il.

Inventaire d'Elise - choisis ce que tu veux garder ou pas - :
+ 4 Psycho
+ 2 Mag-X
+ 550 Francs
+ 60 Anneaux
+ 1 Fusil
+ 3 Grenades
+ 2 Hachettes
+ 1 Buffout

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MessageSujet: Re: Sanglots Sanglants   Sanglots Sanglants I_icon_minitimeVen 21 Fév 2014 - 8:42

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Sanglots Sanglants

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