Quand je disait au colonel Chan que je voulait remonter en selle, j'imaginait pas qu'il me prendrait au pied de la lettre. Pas à ce point la en tout cas. Mais bon je ne vais pas me plaindre on a retrouvé Balcan et on repart tous ensemble, c'est toujours mieux que d'être affecté à l'humanitaire ou à l'infanterie.

Les quatre membres de l'unité Alpha de la section d'exploration se tenaient muets et en tenue de terrain dans la salle de briefing. Versailles avait retrouvé sa tenue d'éclaireur, Balcan avait troqué son armure assistée pour une tenue d'infanterie que portaient également M'Bala et De Rosa. Chacun était assis, casque posé sur la table, comme concentrés sur le bordonnement régulier d'un radiateur électrique qui tentait dans un maigre effort de chauffer la grande pièce envahit par un début de soirée hivernal.
L'équipe n'était pas operationelle aussi chacun des membres se demandait interieurement qu'est ce que le commandement allait leur coller, un nouveau médecin fraichement débarqué de l’hôpital général ? Seul le Capitaine Balcan connaissait les grandes lignes de leur mission à venir. Il était question de nettoyage et de récupération sur un complexe du sud de Paris.

Le colonel Chan penetra dans la pièce dans son superbe uniforme sans le moindre pli, d'un pas préssé et le nez plongé dans un épais dossier, il alla prendre place au fond de la salle tandis que l'unité se leva à l'unissons dans un bruit de chaises glissants au sol. L'officier superieur déposa le dossier et activa un terminal qui éclaira la pièce des logos FNF et LINDA.

- Repos Alpha.

Les soldats reprirent leur place.

- Dans un premier temps je tenait à vous féliciter à nouveau pour la réussite de la mission d'extraction, content de vous avoir à nouveau parmis nous capitaine.

Balcan lui répondit par un signe de tête tout en gardant son habituelle expression sévère et concentrée.

- Bien en suite il est question de rétablir l'unité de manière à ce qu'elle soit opérationnelle pour ce qu'i va suivre. Caporal.

Un homme à peine plus petit que M'Bala penetra à son tour dans la salle de briefing. Il portait une tenue d'ingénieur de combat agrémentée d'explosifs, contrairement aux autres il était déjà armé. Il avança vers une place vide et resta debout, observant le reste de l'unité comme pour mettre un visage sur chaque nom, il offrit un rapide signe de tête au capitaine Balcan qu'il connaissait apparemment déjà.

- Je vous présente le caporal Mervault. Il est issu des sections d'infanterie et reste l'un de nos meilleurs spécialistes en technologie, peut importe ce qui peut être lu ou entendu à son sujet. Il integrera donc l'unité en tant que technicien pour la prochaine mission, la rendant de nouveau officiellement apte au terrain selon le protocole.

Le colonel marqua une pause le temps de lier le terminal aux becs de l'unité.

- Caporal je vous présente l'unité Alpha de la section d'exploration. Dirigée par le capitaine Balcan elle à fait ses preuves et rassemblent plusieurs des meilleurs élements de la section. Vous intégrez une équipe organisée efficace et endurante, aussi j’espère que vous saurez trouver votre place et faire preuve d'esprit d'équipe. Que les choses soient claires, vos antécedents n'existent pas ici. Vous repartez à zéro et avez mon entière confiance. Bien les présentations sont faites passons aux choses sérieuses.
Le technicien pris place sur sa chaise à la droite de Versailles sous le regard attentif de ses nouveaux coéquipiers.

Le terminal afficha une carte de Paris, mettant en valeur une zone du sud à l'ouest du territoire des Hurleurs, chaque BEC s'alluma attirant l'attention de son propriétaire.

- La plupart d'entre vous auront reconnus une zone sauvage, hostile et non explorée par nos troupes. Votre unité à pour objectif un complexe de développement d'un sous traitant de Triskellis énergie. L'unité Delta signale une importante présence armée autour et au sein du bâtiment bien que la région proche soit relativement calme. L'accès au complexe est entièrement bloqué aussi votre équipe devra pénétrer par les égouts et rejoindre les sous-sols du batiment principal et progresser jusqu'à son sommet. Vous devrez nettoyer chaque étage afin de vous rendre dans les bureaux de direction et atteindre votre objectif.

Différents plans furent furent projetés au mur par un rétroprojecteur.

- Votre objectif, nom de code Prométhée devrait être simple à repérer, dans un coffre fort ou une chambre sécurisé. Il s'agit du plan d'un prototype d'armement de Triskellis. Comprenez que nous savons avec certitude qu'il s'y trouve et qu'il est impératif de le ramener au QG pour le soumettre à l'étude de nos ingénieurs. Peu importe la population locale, rien ne doit se mettre entre Prométhée et vous, il s'agit d'un objet de très grande valeur et d'une importance cruciale pour la domination de nos forces et la sécurité de la capitale. Les informations sont enregistrés sur vos BEC et la ligne avec le réseau de l'InDA vous est ouverte. Vous partagerez un camion de transport avec une unité d'infanterie qui se rends aux frontières des terres psychotiques, ils ne sont pas au courant de votre mission et ne devront en aucun cas être appelés en renfort. Cette même unité procèdera à votre extraction.

Chacun avait écouté l'officier avec la plus grande attention et mémorisé chaque élément de mission, traçant intérieurement le cheminement idéal.

Encore une mission éclair qui va s'eterniser, les missions de simple exploration et de cartographie se feront de plus en plus rares avec le temps j'imagine. Direction les frontières de Paris maintenant.

- Des questions ?

« Mervault ! Bougez votre cul de mécano et rendez-vous devant la salle de Briefing, le colonel Chan veut vous voir ! ». Francis était en pleins boulot de rénovation pour l’un des camions de la FNF quand il fut dérangé par la voix bourru du Sergent Tiennot, cet homme ne lui lâchera jamais les basques d’après tous les soldats. Même quand il était en section humanitaire, le sergent Tiennot était là pour vérifier qu’il mettait de la bonne volonté à servir la soupe aux populations de Métropolitopia. Francis se dépêcha de terminer de réparer le moteur qu’il bidouillait et il se déplaça vers la salle de Briefing accompagné par le Sergent Tiennot. Le caporal Mervault lança un regard vers le visage de Tiennot et il remarqua que celui-ci n’était pas rasé depuis un bon moment, la surveillance de Francis était aussi rude que ça ? Ils arrivèrent devant la salle de Briefing ou le caporal Chan les attendait avec son sublime uniforme. Il regarda les deux soldats qui venaient d’arriver et fit signe à Tiennot qu’il pouvait partir. Celui-ci ne se fit pas prier et il partit aussi tôt. Chan regarda Mervault de son air sévère habituel et Francis se demanda pendant un instant quelle connerie il avait bien put faire à son insu. Celui-ci prit enfin la parole :

- Caporal Mervault, vous êtes réaffecté en section d’exploration. Je vais vous présenter votre nouvelle unité. Vous entrerez quand je vous appellerai, les félicitations ne sont pas pour vous, ou du moins pas encore.

Le Colonel entra dans la pièce à la suite de son discours et laissa la porte entre-ouverte derrière lui pour que Mervault puisse l’entendre quand il l’appellera. Après quelques minutes d’attentes, le colonel l’appela par son grade et le Caporal Mervault fit son entrée dans la pièce. Le Colonel fit sa présentation à sa place. Il avait eu au moins la sympathie de ne pas dire d’où il revenait, ce n’était pas toujours glorieux d’annoncer qu’il sortait d’un an en section humanitaire à distribuer de la bouffe et de l’eau potable à tous ces ingrats des terres désolées. Francis regarda les membres de l’unité qu’il allait intégrer et il reconnu le Capitaine Balcan, un bon capitaine en soit. Ils avaient déjà été dans la même section lors d’une mission et leurs chemins c’étaient aussi déjà croisés sur l’île présidentielle. Les trois autres personnes ne lui disaient rien mais il vit que l’un des membres était une goule et il cacha du mieux qu’il put une grimace de dégout. Après le long monologue de Chan sur Francis, le caporal alla s’installer à côté d’une des membres de l’unité, une blonde bien foutu à vrai dire. Le colonel Chan leur fit ensuite le topo de la mission qu’ils allaient exécuter et Francis se retint de soupirer, voyant que la mission se déroulait en territoire Hurleur. Il les avait déjà combattu une fois, il se souviendra toujours du premier cri qui en entraîna un autre puis un autre… et ainsi de suite jusqu’à se qu’une bande de psychotique débarque prêt à tuer tous les membres de la section humanitaire. Francis n’arriva pas à dormir pendant trois jours de peur d’entendre un nouveau cri dans la nuit. Il continua d’écouter le briefing jusqu’au bout. Aller chercher des technologies ? Francis avait hâte de voir quelle arme il s’agissait. Chan demanda à ses soldats s’ils avaient des questions mais tout le monde resta silencieux. Il prit ça pour un non et il déclara :

- Vous partez dans une heure, le camion qui vous emmène vous attend au hangar.

Il reprit ses dossiers qu’il avait posés sur la table et il repartit en leur faisant un petit signe de tête. Balcan se leva en premier, regarda Mervault et il désigna un à un les membres de l’escouade en déclarant :

- Permettez-moi de vous faire les présentations des membres de l’unité. Voici le Sergent Versailles, le Caporal M’bala et le soldat 1ère classe De Rosa. Puis-je m’entretenir avec vous en privé Mervault ?

Francis acquiesça et se leva de sa chaise pour suivre le Capitaine Balcan en dehors de la salle. Lorsqu’ils furent seuls, le capitaine prit la parole :

- Habituellement, je n’aime pas quand on affecte un soldat sans me demander mon avis… Mais pas cette fois, je sais que vous êtes un bon Soldat Mervault. J’étais là le jour de votre procès en cour Martial. Ce jour là je n’ai pas vus les yeux d’un dissident que l’on juge pour un crime, j’ai vus un fier soldat de sa patrie. Faîtes en sorte que je ne sois pas déçut.

Francis était presque estomaqué, il s’attendait à des sermons et en quelques sortes de se faire remonter les brettelles mais il était complimenté ! Francis laissa un sourire sur ses lèvres apparaître et il hocha la tête en signe de remerciement. Il regarda le capitaine et lui annonça :

- Je vais au camion tout de suite… Faire quelques vérifications au moteur, on est jamais trop prudent.

Il se dirigea ensuite vers le hangar ou le camion les attendait. La deuxième unité qui allait les accompagner était déjà présente dans le camion mais Francis ne s’en préoccupa point et se dirigea directement vers l’avant du camion. Il souleva le capot malgré le regard méfiant du conducteur et il lui rendit son regard agrémenté d’une petite pointe de vanité. Il vérifia le moteur au moins trois fois avant de se rendre compte qu’il était nickel. Lorsque les membres de son unité arrivèrent, il les regarda avec son petit sourire vaniteux habituel et son regard qui exprimait « Vous en avez mit du temps ! ».