Il suivit la jeune femme dans les couloirs d'un immeuble de Lutèce. Ça lui faisait bizarre de revenir ici, car ces couloirs il les connaissait bien pour les avoir arpenter dans son enfance.
Les choses avaient peu changé, les murs étaient toujours lézardés de part en part, du bois condamnait encore les quelques fenêtres aux vitres brisées. Il semblait même que la zone était encore plus insalubre que du temps de son enfance.
« C'est par ici, suivez moi.
- Dite moi, je suis quand même très étonné de voir que l’appartement de mes parents soit toujours libre alors que je suis déclaré mort depuis longtemps et qu'il n'y a pas d'autres héritiers. Il n'aurait pas du revenir à l'état et être reloué ?
- Hum, je ne sais pas, il y a peut être eu un vide juridique. Il y a pas mal d'appartement comme celui ci à Lutèce, qui sont inhabités depuis longtemps car leur propriétaire est mort disparu à l'extérieur. La mairie n'a pas le temps de faire un recensement pour savoir qui est mort ou non.
- Je vois. »
Il reconnu la porte devant laquelle ils s'arrêtèrent, cette vieille porte bleue joliment gravée. Il cru revoir sa mère la lui ouvrir en rentrant de l'école, sauf que cette fois c'était cette jeune femme de l'administration.
« Bienvenu chez vous Monsieur Valrose »Elle ouvrit la porte et une vague de souvenir le submergea. Le salon était exactement comme il avait été laissé il y a 10 ans. Les meubles, les tapis, les biblos, et même la vaisselle dans levier, tout était pareil, seulement recouvert d'une épaisse couche de poussière.
Au centre de la pièce se trouvait une grosse masse métallique.
« Qu'est ce que c'est que ça ?
- Un vieil ami... » répondit-il dans un sourire.
Il s'approcha doucement, comme pour ne pas le réveiller de son sommeil d'un décennie, et s'agenouilla au dessus du robot.
« Je ne l'avais pas désactivé en partant, il a du le faire de lui même au bout d'un moment. Le pauvre a du resté seul pendant des années... »Il appuya sur un bouton situé au cou du monsieur main et de petites lumières s'allumèrent suivis d'un bourdonnement provenant du ventre du robot, soulevant un nuage de poussière en même temps.
« Bonjour maître, comment s'est passé l'école aujourd'hui ?
- Ça fait longtemps que je ne vais plus à l'école Hal.
- Il n'est pas sérieux de sécher l'école maître. Je vais devoir prévenir madame votre mère. »Le robot resta allongé au sol, il ne devait plus avoir assez d'énergie pour réactiver son réacteur. C'était aussi bien comme ça.
« Hal ma mère n'est plus depuis longtemps aussi. Ça fait combien de temps que tu es désactivé ?
- Je m'autorise seulement 15 minutes de sommeil par jour maître, pour recharger mes batteries et éviter la surchauffe.
- Tu es sur d'avoir dormi que 15 minutes ?
- J'ai dormi très exactement *calcul en cour* 10 ans, 2 mois, 14 heures et 18 minutes. »Le robot resta silencieux, comme s'il était étonné du résultat, chose impossible pour robot si peu élaboré.
« En effet, mon horloge interne m'indique que cela fait longtemps que je suis endormi. Pourquoi ne m'avez vous pas réveillé avant maître ?
- J'étais parti en voyage. »La jeune femme de l'administration, visiblement impatiente, l'interpella.
« Monsieur, excusez moi d'interrompre ces retrouvailles émouvantes, mais j'ai du travail qui m'attend encore, je vous donne la clef.
- Merci mademoiselle. Hum.. dite moi, je viens tout juste de rentrer et euh... comment dire, je n'ai pas d'argent et je pense qu'ici je ne trouverais rien à manger à moins d'être périmé depuis 10 ans.
Je me disais qu'on pourrait manger ensemble ? En tout amitié hein, je n'ai pas d'idée derrière la tête, c'est plus un service que je vous demande. »Elle sourit, Mathieu cru voir un peu de rouge apparaître sur ses joues.
« Je demanderais à mon mari s'il est d'accord alors.
- Euh... okay. »Il fit son possible pour ne pas laisser paraître sa déception, il est toujours faut de dire qu'on n'a jamais d'idée derrière la tête.
« Il sera sûrement d'accord, venez chez moi à 19h, j'habite rue Voltaire, numéro 2. Je ne sais pas ce que nous mangerons. Vous avez envie de quelque chose en particulier ?
- Hum... non, surprenez moi ! »Ils se quittèrent dans un dernier sourire, et quand la porte se referma, Mathieu se retrouva seul avec ses vieux souvenirs.
Épuisé il s'écroula, le dos glissant le long de la porte, la tête cachée entre les mains.
« Maître ? Maître ? Vous êtes encore là ? »Le robot allongé sur le dos, qui gesticulait ses petites pattes de ferrailles en criant « maître » avait quelque chose de ridicule qui arracha à Mathieu un rire nerveux.
« Je suis là Hal.
- Maître, je crois que mon réacteur est endommagé, je ne peux plus me relever.
- Il n'est pas endommagé, tu n'as juste plus d'énergie. Je changerais ta pile à fission, il doit bien en rester une par ici.
- Maître, si vous n'allez plus à l'école, quels sont vos projets ? »Mathieu se releva, le visage fermé. Il bomba le torse comme pour se redonner espoir.
« Il est temps de remettre de l'ordre.
- Oui, je note que la maison est bien en bazar maître.
- Je ne parlais pas de la maison Hal ... »* * *
Pendant toute la journée il s'affaira à nettoyer l'appartement. L'eau et l'électricité n'avait pas encore étaient replacés et il dut partir prendre de l'eau chez le voisin. Le monsieur main, à présent rechargé par une nouvelle pile à fission trouvée dans la cuisine, le suivait désormais partout, comme s'il avait peur de se retrouver seul à nouveau.
« Bon, voilà le salon bien nettoyer. Comment c'est possible qu'autant de merdes s'accumulent alors que personne n'est venu ici pendant 10 ans...
Passons à la chambre des parents.
- Quand reviendrons monsieur votre père et madame votre mère maître ?
- Est ce que ton programme connaît le principe de mort Hal ?
- Pour moi la mort signifie la désactivation pour l'éternité maître.
- Et bah voilà, mes parents sont désactivés pour l'éternité, ils ne reviendrons plus. »
Sa gorge se noua en disant ça. Ses yeux se mirent à picoter, mais il se reprit.
« Bien maître. Je prend note de la désactivation pour l'éternité de monsieur votre père et madame votre mère. »Et ce robot qui en remettait une couche...
Il entra dans la chambre. La aussi rien n'avait bougé. Tout était parfaitement comme avant.
Quelques vieilles photos étaient posées sur une commode, des photos de lui et de ses parents.
« La pièce paraît moins sale que le salon. Ça sera rapide. Il y a quoi dans ce placard ? »Il l'ouvrit et resta stupéfait. C'était le placard de la vieille armure de la FNF de son père.
Le plastron pendant au centre, le pantalon soigneusement plié au sol avec le casque à côté, le FLAMAS et le beretta accrochaient sur l'une des portes, et le BEC-3000 accrochait sur l'autre.
« J'ignorais que son équipement était toujours là. Ça va mettre utile.
- Maître, je pense que la FNF voudrait récupérer l'équipement de votre père désactivé pour l'éternité. Selon la loi, les armes et armures des militaires désactivés pour l'éternité doivent être rendu aux autorités.
- Les autorités ne valent rien. Autant garder ça.
- Bien maître.
- Ce BEC-3000 fonctionne toujours ? »Il le prit et l'alluma. L'écran éclaira son visage d'un vert sombre.
« Les fonctionnalités ont l'air de fonctionné. Mais l'accès à la base de donnée de la FNF a été coupé.
- La FNF coupe l'accès aux BEC de tous soldats morts au combat maître, pour empêcher l'intrusion ennemi dans les systèmes de LINDA.
- Tu en sais des choses toi.
- C'est votre père désactivé pour l'éternité qui m'a instruit.
- Pourrais tu arrêtés de dire désactivé pour l'éternité quand tu parles de mon père ou de ma mère ?
- Mais je pensais qu'ils l'étaient maître.
- Ils le sont, mais arrête de le préciser.
- Bien maître. »Il reposa le BEC après l'avoir éteint puis attrapa le casque. Ces casques étaient de petits concentrés de technologie, ça Mathieu le savait. Il l'enfila et alluma la vision thermique puis la vision nocturne qui lui brûla les yeux en plein jour.
« Ah bordel !
- Maître ? Tout se passe bien ?
- Niquel... »Il activa la radio intégrée, et le grésillement lui défonça les tympans.
« Ah bordel !
- Maître ? Tout se passe bien ?
- Ce casque est une abomination ! En plus on étouffe et il est trop lourd. Par contre je pourrais peut être récupérer les lunettes, et en trafiquant la radio peut être que je pourrais capter quelques ondes de la FNF.
- Maître, il est strictement interdit de dégrader le matériel de la FNF.
- Tu fais partis du matériel de la FNF toi ?
- Non maître, je vous appartient.
- Alors je pourrais te dégrader si tu continus.
- Ce ne serait pas convenable maître.
- En effet, alors abstient toi de me parler des règles de la FNF. »Il reposa le casque et passa une main sur le plastron. Elle offrait une bonne protection mais il était bien trop lourd, il entraverait trop les mouvements.
« Quelle heure il est Hal ?
- 19h15 maître.
- Bien... à non en fait, pas bien. »Il se précipita pour prendre son manteau et parti en courant. Hal resta seul sans comprendre la fuite de son maître...
* * *
Le temps de trouver l’appartement de la demoiselle, il était déjà 19h30.
« Excusez moi de mon retard. J'espère que je vous ai pas trop fait attendre.
- Non, le repas n'est pas encore prêt, entrez.
- Merci. »Il entra dans l'appartement joliment décoré à la mode d'avant guerre.
« Jolie appartement, plus propre que le mien en tout cas. Votre mari n'est pas là ?
- Non, on a divorcé.
- Déjà ?
- En vérité ça fait 3 ans. Je dis toujours que je suis marié, juste pour voir la réaction des hommes qui m'invitent à dîner.
- En l’occurrence c'est vous qui m'invitez là. Qu'est ce qu'on mange ?
- Radcochon et bienfaisantes, vous aimez ?
- J'adore ! »La soirée se passa tranquillement, mieux qu'il ne l'avait espéré sans un mari présent. Ils dînèrent, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas mangé aussi bien, puis discutèrent toute la nuit.
La jeune femme s'appelait Sonia, elle avait 32 ans, né à Métropolitopia elle a migré à Lutèce à 12 ans avec ses parents. Cela fait 8 ans qu'elle travaille à l'administration. En somme c'était une jeune femme normale, avec une petite vie tranquille, un travail posé, des problèmes comme tout le monde. Elle apaisait beaucoup Mathieu qui n'avait pas rencontré quelqu'un de normal depuis longtemps. Il se noya dans son flot de parole, sans trop écouter, hypnotisé par le regard bleu de la jeune femme.
« Et vous Monsieur Valrose ? On parle de moi depuis le début, parlez moi de vous.
- Oh, il n'y a pas grand chose à raconter.
- J'ai regardé un peu votre dossier, je suis désolé pour vos parents.
- Bouaf, ça fait longtemps, des gens il en meurt tous les jours dans notre monde. C'est du passé maintenant.
- J'ai cru comprendre que c'était des gens biens. Le genre de gens qu'il ne faut pas oublier, qu'il faut prendre comme exemple. Qu'est ce que vous comptez faire maintenant ?
- Je ne sais pas. Je rentre tout juste de mon voyage. Je n'y ai pas réfléchi. »* * *
« Maître, maître.
- hum... quoi ?
- Il est 6h, vous m'avez demandé de vous réveiller à 6h. »
Mathieu râla, quelle idée il avait eu de demander à ce foutu robot de le réveiller aussi tôt. Il était rentré de chez Sonia vers les 23h, avec déception, puis il avait fouillé toute la maison jusqu'à 1h du matin à la recherche de son passé.
« Maître, vous m'avez dit de vous dire : ces gens ont besoin de toi, tu dois faire preuve d'abnégation et ne pas te laisser aller. Souvient toi de ta promesse ! »Ce robot avait raison, enfin son lui du passé plutôt. Difficilement il se leva.
« Quels sont les projets pour aujourd'hui maître ? »Il se mit debout, puis se laissa tomber au sol pour effectuer quelques pompes.
« Entraînement, préparation de l'équipement, recherche d'informations. Où est ce que je pourrais trouver des informations sur les criminels recherchés par la FNF ?
- Sur le tableau des primes maître.
- Tableau des primes ? C'est nouveau ça ?
- Oui maître.
- Et comment t'es au courant ?
- J'écoute simplement la radio maître. J'aime beaucoup H2G2, c'est un excellent animateur et son processeur d'humour marrant est vraiment le meilleur du monde. »Mathieu leva les yeux au plafond. Qu'est ce qu'il ne fallait pas entendre.
« Très bien, je vais descendre au commissariat de la FNF et voir ce que proposent ses primes. »Il prit son manteau et parti, claquant la porte à sa sortie. Puis la porte se rouvrit.
« Déjà de retour maître ?
- Hein ? Ça fait bien une demi heure que je suis parti. Il y a vraiment un problème avec ton horloge interne, rappelle moi de vérifier ça. »Il s'approcha de la table déposa un papier qu'il déroula, bloquant les coins avec une boite de conserve daté de 2077 et une cannette de vin d'avant guerre.
Il s’écarta, mettant un doigt sur son menton.
« Abou Kassor, Association de malfaiteur, trafique de drogue, agression, agression sexuelle.
Qu'est ce que tu en penses Hal ?
- La prime est importante maître.
- Ce n'est pas la prime qui m'intéresse.
- Alors je pense que c'est de la folie maître. Cet individu a l'air très dangereux et vous risquerez d'être désactivé pour l'éternité maître.
- Ça ne me fait pas peur. Je peux l'affronter lui et ses sbires je le sais. Je vais l'affronter et le ramener vivant à la FNF. Faisons l'inventaire de ce qu'on a Hal. »- Spoiler:
| Nom : Abou Kassor Crimes : Association de malfaiteur, trafique de drogue, agression, agression sexuelle. Dernière Localisation : Ménilmutant. Caractéristiques : A la tête d'un groupe 3 personnes. Mort/vif : 1840F/2340F |
Bien que c'était l'ancienne demeure d'un soldat de la FNF, l'appartement ne regorgeait pas d'armes et Mathieu n'avait pas grand chose à mettre dans son inventaire.
Il se mit dans la chambre de ses parents et posa sur le lit tout ce qu'il trouva d'intéressant.
Le beretta de son père, 2 grands couteaux de cuisine, la lampe de poche détaché du FLAMAS, plusieurs cellules d'énergie, une paire de menotte, le casque d'infanterie et un foulard.
« Pensez vous que le foulard sera utile dans l'arrestation de cet individu maître ?
- Ce n'est pas pour m'en servir comme arme imbécile, c'est pour le mettre sur mon visage. Je ne veux pas qu'on me reconnaisse.
- Je vous reconnaîtrais avec un foulard.
- Tais toi un peu...
- Oui maître. »Il porta un doigt à son menton. On ne pouvait pas dire qu'il avait un arsenal complet pour combattre le crime. Il attrapa le BEC-3000 restait dans le placard et l'alluma.
« Tu sais qu'elle arme est plus efficace encore que les pistolets ou les fusils Hal ?
- Non maître.
- La peur ! J'en ai fait l'expérience chez les Hurleurs.
Les Hurleurs sont connus pour leurs cris, des cris qui glacent le sang car ceux qui les entendent les associes aux psychotiques. Leurs cris font peur parce qu'ils annoncent un malheur. Il faut que je devienne se cri, que je l'incarne tout entier.
Dans mon voyage j'ai vu des grands costauds se chier dessus rien qu'à entendre un grognement dans l'obscurité. Mais ce qu'il leur faisait peur, c'était avant tout l'inconnu associé aux légendes des Terres Désolées. La plupart des gens connaissent des tas d'histoires de monstres irradiés, et dès qu'il entende un bruit suspect la nuit leur esprit pense tout de suite à ces histoires d'enfants.
Tu saurais imiter un grognement ?
- Je peux essayé maître. »Il appuya sur le bouton d'enregistrement du BEC et le monsieur main émit un cri inhumain qui ne ressemblait à rien.
« Hum. Ça devrait faire l'affaire. Merci.
- De rien maître, c'est toujours un plaisir de vous aider. »Il se tourna ensuite vers la vieille radio d'avant guerre posée sur la commode. Il l'attrapa et il la jeta par terre pour la détruire. Dans les débris il récupéra les hauts parleurs.
« Voilà une arme qui me sera bien plus utile que ce beretta. Ces hauts parleurs vont diffuser ton cri et apeurer mes ennemis.
- Je suis pas sur qu'ils aient peur du cri d'un robot maître.
- Ils ne sauront pas que c'est un robot. Il penseront à une bête, et quand je les attaquerais, il penseront que je suis un monstre. »Suivant =>
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