Michel avait bien choisi son moment pour faire son annonce, c'était l'heure de pointe et le bar était rempli. Il y avait ici une population très cosmopolite qui se mélangeait dans la beuverie, des hommes, des femmes, des goules et même des mutants, de toutes tailles, de toutes couleurs, portant divers vêtements à la mode des Terres Désolées. On pouvait facilement reconnaître les simples habitants, des escorteurs, des marchands, des membres du tridents ou des miliciens rien qu'à leur allure. Michel se fondait parfaitement dans la foule en tant qu'agent infiltré de la FNF.

Le brouhaha du bar couvrit la voix de Michel, si bien que personne n'entendit son annonce. Tout le monde était dans leurs petites discussions et personne n'avait prêté attention au militaire.
Quand il se rassit il cru que personne ne l'avait entendu. Mais alors qu'il but une gorgée de son cocktail au goût amère, on vint l'aborder.
- Vous cherchez Yves n'est ce pas ?
C'était un petit jeune, les cheveux en bataille, extrêmement maigre, le visage marqué par la drogue, des cernes béantes sous les yeux. Il était habillé d'un cuir sans manches, clouté au niveau des épaules, ouvert laissant apparaître son torse dont on voyait les côtes.
- Figurez vous que je le connais, c'est un ami personnel !
Il parlait vite, avec beaucoup d'excitation, tirant la langue à chacun de ses mots à cause d'un trouble compulsif. Ses yeux tournaient sans arrêt, de haut en bas et de droite à gauche.
- Donnez moi 5 anneaux et je vous conduit tout de suite à lui ! La boxe française ! Quel art magnifique ! Vous avez bien raison de vouloir l'apprendre ! Yves se fera un plaisir de vous l'enseigner ! Oui ! De vous l'apprendre ! Car vous savez, c'est un ami ! Un ami ! Un super ami !
Il sautillait sur place, semblant être de plus en plus excité.
- Suivez moi ! Suivez moi ! Je vous montre le chemin jusqu'à lui ! Jusqu'à Yves ! Car Yves c'est mon ami !

Ils sortirent du bar, le Junky sautillant partout. Puis il s'arrêta net et se retourna vers Michel.
« Tu sais, si tu veux que Yves soit ton ami, il faut qu'on soit ami tous les deux. Car l'ami de mon ami est mon ami. Et si Yves c'est mon ami, alors tu seras son ami si nous sommes ami.
Je m'appelle Jackie ! Soyons ami pour la vie ! Oui ! »
Le junky reparti de plus belle, sautillant comme un enfant dans les ruelles de Métropolitopia.
« Par ici mon ami ! Suis moi ! »
Michel avait du mal à suivre le drogué qui avançait vite, il du redoubler d'effort dans sa marche pour garder la cadence et ne pas perde de vu son nouvel ami.
Un peu plus loin le drogué s'arrêta et interpella deux hommes qui discutaient accoudés à un wagon.
« Hey ! Hey ! Regardez ! C'est mon nouvel ami ! » cria t-il en désignant Michel qui suivait.
« Ta gueule sale drogué. On s'en fout que tu sois pédé, va te faire enculer ailleurs ! »
S'il avait été plus près, sûrement que Jackie se serait prit un coup dans le menton. Mais sans prêter attention aux insultes, le drogué reparti de plus belle, tout heureux et sûrement sous l'emprise de divers substance.
Cela faisait déjà cinq minutes que Michel suivait sa seule piste, il commençait à se demander si le junky savait vraiment où il allait.
Ce dernier tourna dans une rue, et quand le militaire passa le coin il ne le voyait plus. Jackie avait volatilisé. Puis Michel sentit une pression sur son épaule. D'un bond rapide il se retourna.
« Ah ah ! Je t'ai bien eu mon ami ! »
C'était Jackie qui lui faisait une farce... De plus belle il reparti devant, en sautillant comme une enfant dans les près.
Il se mit à chanter.
« Allons chez Yves ! Allons chez Yves ! Avec mon meilleur ami ! Mon ami pour la vie ! ♪♫♪ »
A nouveau il s'arrêta net et se retourna vers Michel.
« STTTTTOOOOPPPPPP !!!!! »
Il mit sa main en opposition face le militaire. Puis il lui chuchota.
« Ici mon ami, il faut faire très attention. C'est la zone la plus dangereuse du Métro. Il ne faut faire aucun bruit car la nucléarité des absences multiculturelles pourraient nous manger ! Nous manger tout cru ! Avec de la mayo ! C'est HORRIBLE !!! »
Jackie se prit la tête entre les deux mains pour crier et se tordant de douleur. Puis il se reprit pour reprendre son air sérieux en continuant à chuchoter.
« Je me suis fait déjà avoir une fois. Et la déchéance de l'irresponsabilité nonobstant n'est que plus cruelle envers les machinations bruyantes si tu vas vers l'ouest ! Vers L'OUEST !!! »
Une nouvelle fois il se reprit la tête entre ses mains.
« Maintenant CHUT ! »
Il se remit à marcher, cette fois il ne sautillait plus mais marchait exagérément sur la pointe des pieds, en levant très haut les genoux. Parfois il se retournait vers Michel en lui criant « CCHUUTTT !! », le doigt sur les lèvres.
Puis ayant apparemment passés cette zone d'extrême danger, Jackie se remit à sautiller et à chantonner.
« Allons chez Yves ! Allons chez Yves ! Avec mon meilleur ami ! Mon ami pour la vie ! ♪♫♪ »
Enfin, Jackie s'arrêta devant une porte.
« C'est ici mon ami, nous sommes chez Yves ! »
Il frappa bruyamment et un grand homme l'air patibulaire vint ouvrir.
« Oui c'est pour quoi ?
- Ah non c'est pas ici. »
Jackie reparti sautiller dans les ruelles, laissant Michel devant l'homme à la porte qui ne comprenait rien de ce qui venait de se passer.
« Ça vous amuse de frapper chez les honnête gens pour les emmerder ?! »
Le type claqua sa porte au nez de Michel qui reprit sa poursuite du drogué.
Cela faisait maintenant bien un quart d'heure qu'ils marchaient...
Encore une fois Jackie s'arrêta, cette fois pour parler à Michel.
« Au fait mon meilleur ami de ma vie, comment t'appelles tu ? Qu'est ce que tu fais dans la vie ? T'as une femme ? Des enfants ? T'aime la réciprocité des avenirs bilatéraux ?! Je veux tout connaître de toi ! Car je t'aime !! Tu es mon meilleur ami ! Je pourrais donner ma vie pour toi ! Tu comprends ?! Ma VIE ! »

« Mais pourquoi tu t'énerves Michel mon ami... soit un peu patient.
Le chemin est long mais ta persévérance saura être récompensait ! Nous sommes bientôt arrivés ! »
A nouveau Jackie repartit en sautillant, comme s'il ne s'était rien passé.
Michel traîna des pieds. C'était sa seule piste vers Yves et il devait la suivre.
Comme il s'en doutait, le junky s'arrêta à nouveau, cette fois en pointant ses yeux globuleux vers une petite ruelle.
« Michel mon ami. Nous voilà arrivés. Avant d'aller voir Yves, je dois te faire passer un test. Seul les plus forts sont admis à rencontrer Yves. Tu dois prouver ta valeur. »
Michel suivi le regard de Jackie et vit qu'il observait deux hommes en costume impeccable qui discutaient. Le drogué les interpella et ils se tournèrent vers lui et Michel.
« Messieurs. Je vous présente Michel. Il vient de me dire que vous aviez des têtes de connards. Que vos mères avaient du baiser avec une goule pour procréer des merdes tels que vous.
- Quoi? Qu'est ce qu'il a dit ? »
Le deux hommes approchèrent.
« En plus d'avoir une sale gueule ils sont sourds. Je vais donc me répéter pour que vous compreniez bien. Mon meilleur ami Michel ici présent m'a dit à l'instant, que vos mère avaient du partouzer avec une bonne dizaines de goules pour chier de tels merdes que vous. Quoi donc Michel ? »
Jackie se tourna vers Michel, faisant mine qu'il lui disait quelques choses.
« Tu rajoutent que ces deux types, en plus d'être fils de salopes et de goules, seraient des mangeurs de merdes et des sodomites avariés. C'est pas très gentil ça Michel, mais tu as surement raison. »
L'un des hommes mis la main dans sa veste.
« Je vais te faire regretter ce que t'as dit sale bâtard. »
Il sorti un revolver. D'un geste rapide, Jackie l'attrapa et lui arracha des mains.
« Ah non ! Ça c'est pas dans le règlement, le combat à mains nues est le combat des maîtres, celui qui utilise une arme est un fou !
- A mains nues ou non je vais te faire bouffer le bitume ! »
Jackie s'échappa, laissant Michel face aux deux hommes.
« Prouve que tu es digne de rencontrer Yves ! »

Il avait mal partout mais il s'en était bien sortit.

Jackie revint en applaudissant.
« Bravo ! Bravo ! C'était magnifique ! Quel maîtrise de tes poings, tu as passé le test avec virtuosité ! Suis moi Michel mon ami ! Il est grand temps de voir Yves ! »
Le drogué se remit à nouveau à sautiller joyeusement. Michel, encore essoufflé et sous l'emprise de l'adrénaline dégagée par le combat, du se remettre à le suivre.
Jackie l'emmena dans une sorte de cour que formaient plusieurs wagons accolés. Il frappa à la porte d'un wagon. Une femme vint ouvrir.
« Oui ?
- Salut ! Je viens voir Yves mon meilleur ami !
- Yves, c'est pour toi. »
On entendit grommeler dans le fond du wagon, puis un grand homme d'une quarantaine d'années et portant une longue robe de chambre et des pantoufles arriva.
« Quoi ?
- Yves ! Mon ami !
- Qui es tu ?
- C'est moi ! Jackie ! Ton plus grand ami !
- Je t'ai jamais vu ici, dégage de chez moi.
- Je t'amène un ami ! Voici Michel ! Il a passé le test avec brio !
- Quel test ? Pourquoi un test ? Dégagez de chez moi ou j'appelle la milice !
- Michel voulait te rencontrer !
- Qu'est ce qu'il me veut ce Michel ? »

Jackie essayait de garder son sourire  mais il avait bien du mal avec le couteau sous la gorge.
« Pour qui je travail ? Mais écoute Michel mon ami, nous avons le même employeur ! Moi aussi je travail pour l'Esprit du Métro ! Nous tous ici travaillons pour l'Esprit, pour le grand créateur ! Il me parle parfois, et l'autre fois, alors que j'étais tranquillement en train de méditer entre deux wagons, il m'a dit ! « Accompagne le vaillant Michel dans sa quête et montre lui le chemin vers la gloire ! ».
J'ai donc simplement obéis. Mais quand je t'ai trouvé je n'étais pas sur que tu sois bien celui que l'Esprit voulait que j'accompagne, alors je t'ai fait passer ce test pour savoir si la puissance du grand créateur était avec toi. Et effectivement je ne mettais pas trompé. L'Esprit est remarquablement en toi, comme rarement je ne l'ai vu. »
La lame commença à rentrer dans la peau du drogué, si bien qu'un petit filet de sang coula le long du cou.
« Je te l'ai dit, l'ami de mon ami est mon ami. L'Esprit du Métro est en même temps le Père et l'ami de tous ici bas. Puisque je suis son serviteur et son ami, et que le grand Esprit est ami avec Yves, alors je suis ami avec Yves, même si je ne l'ai jamais vu. Je ne savais d'ailleurs pas où il habitait, c'est le grand Esprit qui me l'a révélé ! Tout ça pour que je te mène à lui ! »
Jackie posa sa main sur celle du militaire, celle qui tenait le couteau.
« Et ne me dit pas que tu ne crois pas au grand Esprit du Métro. Comment expliques tu tous ces phénomènes étranges qui nous arrives ici ? Le grand Esprit existe, c'est une évidence, nié son existence c'est courir à sa perte ! Surtout, n'éveille pas sa colère en assassinant son serviteur avant qu'il ait pu finir sa mission, car oui Michel ! Oui ta quête n'est pas fini ! Loin de là ! Le grand Esprit magnifique a de grands projets pour toi ! De très grands projets !! »
Jackie semblait en extase complète, à croire que la douleur de la lame sur son cou lui plaisait.

« Je ne partirais pas bien loin Michel mon ami ! Je te surveillerais car tel est ma mission donnée par le grand Esprit ! Je veillerais sur toi jusqu'à ce que tu réalises ton destin !
Tu peux garder les anneaux, cela te prouvera que je n'ai pas fait ça pour l'argent, mais bien par foi. L'Esprit du Métro me paye déjà en amour divin et me nourrit chaque jours de sa grande bonté. Que la puissance de l'Esprit métropolitain te garde mon ami ! »
A ces mots le drogué laissa Michel retourner frapper à la porte de Yves.
Celui ci mit quelque temps avant de rouvrir. Il était encore en robe de chambre à moitié ouverte qui laissait apparaître son torse velu et très musclé.
« Quoi encore ? Ah c'est encore toi le mercenaire.
Désolé Michel, mais moi je suis à la retraite, je n'enseigne plus aujourd'hui. Déjà l'autre jour j'ai du m'employer à virer ces connards de fascistes de la FNF qui voulaient me recruter. Ils sont repartis la queue entre les jambes ces petites fiottes. »
Il frappa du poings la paume de sa main opposé pour accompagner sa petite histoire.
« De plus la boxe française ce n'est pas une simple technique de combat, c'est un art de vivre. Je ne peux pas l'apprendre à n'importe qui. Je ne te connais même pas, je ne sais même pas qui tu es.
Je peux te diriger vers quelqu'un d'autre si tu veux. Je connais un type qui sait bien se battre, si tu veux il peut t'apprendre certains trucs. »

Pour la seconde fois le boxeur ouvrit la porte. Apparemment celui-ci était a la "retraite".
-De plus la boxe française ce n'est pas une simple technique de combat, c'est un art de vivre. Je ne peux pas l'apprendre à n'importe qui. Je ne te connais même pas, je ne sais même pas qui tu es.  Je peux te diriger vers quelqu'un d'autre si tu veux. Je connais un type qui sait bien se battre, si tu veux il peut t'apprendre certains trucs.
-Ecoute camarade, indique moi ton ami, ça peut toujours être utile, répondit le militaire, Mais je voudrais apprendre la boxe française moi. Je sais que c'est un art de vivre et c'est pour cela que je voudrais. Je peux te payer il n'y a pas de soucis.


Michel n'avait aucun argument et il était a moitié ivre. Il se doutait que le maître d'art martial allais le congédier. Le Sergent-chef et son équipe allaient surement devoir employer la manière forte.

« Ce n'est pas l'argent qui m'intéresse mon pti gars. Regarde j'ai tout ce qu'il me faut ici, un jolie wagon, une jolie femme, je mange à ma faim et je ne suis pas malade. Mon art n'est pas commercial, si je devais te l'apprendre ça serait gratuitement.
Je vais te diriger vers mon ami. Il se nomme Martial, il habite près de la clinique, va chez lui et il pourra t'enseigner deux trois trucs. C'est un bon gars tu verras.
Moi je ne peux rien pour toi désolé. »

Martial était un ancien élève de Yves du temps où celui ci enseignait encore. Il n'était pas aussi reconnu que son maître mais il maîtrisait lui aussi les techniques de combat ancestral de la boxe française.

Le docteur Duchien releva la tête alors que ses mains se promenaient dans le vente d'un type.
« Martial ? Juste à côté les gars.
George, referme le rideau bordel, tu sais bien que j'aime pas être dérangé pendant que j'opère.
- Pardon chef. »
L'assistant referma le rideau devant les soldats de la FNF qui allèrent rencontrer ce Martial.
Morel frappa à sa porte et c'est une jeune femme qui vint ouvrir.
« Oui ?
- Bonjour Madame, on cherche un dénommer Martial.
- Oui, c'est mon mari, c'est pour quoi ?
- On aimerait discuter avec lui.
- Très bien entrez. »
Ils suivirent la femme dans le wagon. Avant d'aller plus loin, Morel se tourna vers Michel.
« C'est ta chance de te rattraper, on va te laisser parler. »
Il entrèrent dans ce qui semblait un salon. Un homme était affalé dans un canapé de fortune fait de sacs sable. C'était le fameux Martial.
Comme l'avait dit Yves la veille, Martial était l'un de ses élèves, mais il n'avait pas précisé à quel époque. En effet, Martial avait été dans sa jeunesse un brillant boxeur sous l'aile de Yves, mais cela c'était il y a plus de 20 ans. Les choses avaient aujourd'hui bien changé et le temps n'avait pas épargné le boxeur. Depuis qu'il s'était marié avec Véronique, sa merveilleuse petite femme, Martial avait arrêté la boxe. Pour contrer le stress du mariage il s'était même mit à fumer des RadApple, lui qui était si sportif. Mais à fumer trois paquets par jour, le médecin n'avait pas tardé à lui dire qu'il se transformerait en goule d'ici un an s'il continuait. Il avait donc arrêté et remplacer, comme beaucoup stopant le tabac, les cigarettes par le nourriture. En un an il n'était donc pas devenu goule, mais obèse.
C'était un énorme tas de graisse qui se tenait devant les soldats de la FNF. Il devait bien faire dans les 200 kg. Des bourrelets débordaient de sa chemise ouverte et la pièce puait la sueur.
« Bien le bonjour. Qu'est ce que vous me voulez ? »
Martial avait du mal à parler, il respirait très fort comme un asthmatique.

Lorsque les deux militaires virent l’homme énorme avachit sur le canapé ils faillirent rirent.
-Bien le bonjour, demanda l'homme énorme, Qu'est ce que vous me voulez ?
-Nous voudrions, commença Michel en s’étranglant de rire, Nous voudrions que vous nous formiez à la boxe française.
A ces mots l’Adjudant Morel éclata de rire aussi.
-Excuse nous mon gars. On va te laisser.
Ils sortirent en continuant de rire. Michel proposa une cigarette à Morel qui l’accepta. Ils fumèrent ensemble. Après cette cigarette la tension s’apaisa entre les deux militaires.
-Bon c’est malin tout ça, dit Morel, mais comment on va se le chopper le Yves ?
-On pourrait faire pression sur lui par le biais de sa femme, répondit Michel.
-Quel est ton idée ?
-On l’enlève, et on oblige Yves à enseigner a nos hommes sans quoi elle y passe, le truc classique quoi.
-J’y pensais aussi, y’en a marre de discuter. On va proposer ca au Lieutenant.
Les deux hommes repartirent jusqu’au wagon de Carl et rentrèrent a l’intérieur.
Le Lieutenant était assis à coté de la radio, les deux sous-officiers s’assirent en face d’elle avec chacun une bière en main.
-Messieurs, alors vous avez du nouveau ?
-Mon Lieutenant, répondit l’Adjudant, ce Martial était un putain de gros porc, sauf votre respect, mais nous avons trouvé une solution à notre problème.
-Je vous écoute.
-On enlève sa femme mon Lieutenant, dit Michel sur de lui, J’ai déjà fait des opérations de cette envergure c’est sans problème. Il nous faudra peut être du matériel de négrier pour plus de rapidité mais sinon a deux on peut faire ça en cinq minutes montre en main. Il suffit d’attendre qu’Yves sorte de chez lui et qu’il laisse sa femme seule.
Le Lieutenant ne répondit pas.
-Lieutenant vous en pensez quoi ?, demanda Morel.

Elle réfléchit.

« Hum... je pense en effet que ça sera notre seul moyen de pression. Il est inutile d'aller l'affronter directement ou de lui demander gentiment une nouvelle fois.
Mais ne fait aucun mal à la femme, nous sommes la FNF, pas des parasites des Terres Désolées.
Il faudra vous passer de matériel de négrier par contre, nous n'avons pas le temps d'en trouver et l'état major commence à être impatient de trouver une conclusion à notre opération.
Fait ce qui est nécessaire, profitez d'un moment où Yves Man n'est plus chez lui pour capturer sa femme. Mais je vous le redit, ne lui fait aucun mal. »

Il ne fallait pas perdre de temps et à peine avaient-il eut l'autorisation que Morel et Michel était déjà repartis pour le wagon de Yves.
Ils se cachèrent non loin, attendant un mouvement de Yves qui l'éloignerait de sa maison.
Ils attendirent ainsi pendant presque trois heures et commençaient à perdre patience quand enfin, Yves Man montra le bout de son nez. La voie était libre à présent. Mais il fallait faire vite, peut être que le maître boxeur n'était parti que pour cinq minutes.

Ils observaient le wagon depuis plusieurs heures, enfin Yves décida de s’en aller.
Les deux commandos mirent chacun une cagoule noire. Et s’avancèrent vers le wagon. Morel était équipé d’un sac de jute et d’un des deux Napoléon que Michel avait récupéré la veille tandis que Michel le suivait de prêt avec l’autre dans la main droite ainsi qu’une petite matraque de bois dans la main gauche.
Ils arrivèrent à la porte d’entrée en quelques secondes. Michel frappa à la porte.
La femme d’une quarantaine d’années aux cheveux bruns qu’il avait vus la veille ouvrit la porte.
-Oui ?
A peine eut-elle le temps de demander cela que Michel frappa la femme avec sa matraque sur le haut de la tête. Celle-ci s’écroula, évanouie. Morel la chargea rapidement dans le sac de jute pendant que Michel surveillait la rue.
Quelques secondes plus tard les deux hommes s’élançaient dans la rue après avoir clouer en évidence sur la porte à l’aide d’un couteau le message suivant.
« Si tu veux revoir ta femme vivante présente toi demain à midi a l’entrée des champs Eliminés. »
Ils regagnèrent rapidement un wagon abandonnée non loin de chez Yves. Morel y resta pour observer l’homme tandis que Michel regagnait tranquillement la demeure de Carl. Il avait enlevé sa cagoule la plupart des habitants de Métropolitopia ne se poseraient même pas la question de ce qu’il transportait dans son sac.
Après quelques minutes de marche il arriva au wagon ou il déposa son paquet dans le fond du wagon. Après avoir sortir la femme toujours dans les vaps du sac il lui attacha les bras a l’un des lits et lui banda les yeux.
-Beau boulot !, dit le Lieutenant, y’a plus qu’a attendre demain alors.
-Ca va le faire, répondit Michel.

Comme prévu, Yves arriva vers les midis à l'entrée des Champs Élimés.
Il avait l'air fatigué, de grosses cernes se trouvaient sous ses yeux, sûrement n'avait-il pas dormi de la nuit.

« Où est ma femme bordel ! C'est elle ? »

Yves désigna la personne attachait aux pieds de Morel, un sac sur la tête.
Le Radcaniche qu'il tenait en laisse grogna.

« Qu'est ce que vous attendez de moi ? Une rançon ? J'ai pas d'argent bande de sale plouc ! »

Une petite veine apparut sur le crâne chauve de Yves.

-Qu'est ce que vous attendez de moi ? Une rançon ? J'ai pas d'argent bande de sales ploucs !
L’ancien boxeur paraissait très énerver et une veine palpitait sur son crane.
-Ne vous inquiétez pas Monsieur, Répondit Morel d’une voix calme et sereine, Tout va bien se passer. Ne jouer pas avec nous et vous rêverez votre femme en vie. Nous ne voulons pas d’argent. Vous allez faire un petit voyage avec votre femme jusqu'à Lutèce.
-Je ne vous suis pas.
-Demain matin a 7 heure précise un camion de la FNF vous emmènera vous et votre femme  jusqu'à Lutèce. Durant ce trajet vous serez menotter et dans une cage de transfert de prisonnier a cause de vos récents déboires avec les troupes de la FNF.
Vous serez logé dans la base de la FNF avec votre femme. Vous serez nourri blanchi et payé comme tous les autres instructeurs de la FNF. Vous donnerez tous les jours des cours aux troupes de la FNF. Cela vous convient-il Monsieur Man ?
-Ins… Instructeur ? Vous voulez que je sois instructeur de la FNF ? Et si je refuse ?
-Le camion quitte la ville a 7h15 précise. Si vous êtes a l’entrée de la ville demain matin avant 7h15 le camion part avec vous et votre femme. Si ce n’est pas le cas vous retrouverez votre femme découpé en petits morceaux dans votre wagon. A vous de choisir.
-Espèce de salopard ! J’aurais ta peau !
-Pensez a votre femme Monsieur Man, pensez-y.
Morel s’éloigna en marchant lentement sans tourner le dos a Yves et en trainant son paquet vivant.

« Espèce de salopard ! J’aurais ta peau !
- Pensez a votre femme Monsieur Man, pensez-y. »

Yves bouillait. Ça avait toujours été un sanguin et rarement il avait réussi à retenir sa rage.

« Hey connard ! T'es seul ? C'est une grave erreur ça ! Brutus attaque ! »

Il lâcha son RadCaniche. L'animal, entraînait par Yves, fusa comme l'éclair et Morel n'eut le temps de faire aucun mouvement qu'il avait l'avant bras dévoré par le chien muté.
Il tomba au sol, le bras toujours mordu par le Radcaniche.

« Tu crois qu'on peut faire du chantage à Yves Man ? Connard ! »

Michel était à une dizaine de mètre derrière Morel, caché dans le renfoncement d’une rue.
Il était équipé d’une armure de cuir et portait une cagoule. A coté de lui se tenait Simon, équipé tout comme lui. Celui-ci serrait contre lui un fusil d’assaut R91 tandis que Michel l’avait posé nonchalamment contre la paroi d’un wagon. Ces deux fusils faisaient parti du petit arsenal que Carl gardait chez lui pour la FNF.
 
Alors que Morel se repliait la situation dégénéra. Yves lâcha son chien sur l’Adjudant.
-Allez ! On y va ! Passe ton fusil en semi-automatique et fait gaffe ou tu tires !
Michel s’élança vers son collègue. Lorsqu’il arriva à une vingtaine de mètre de Morel, toujours sur le sol en prise avec le RadCaniche, il tira 3 fois sur l’animal enragé. Le chien mutant s’écroula mais le bras de Morel était toujours coincé dans la gueule de la bête.
-Je gère maintenant !, dit Michel à Morel en mettant en joue l’ancien boxeur, Bouge pas connard ou jflingues la gonzesse ! Joues pas au con avec nous !
Yves avait récupéré sa femme et lui avait enlevé le sac qu’elle avait sur le visage durant le bref combat entre le RadCaniche et Morel.
-T’as buté mon chien espèce de petite pute ! Jvais t’étriper !
-Ecoute mon gars, jveux bien croire que tu sois un maitre en combat rapprocher mais ta femme résistera pas a une balle de 5.56 dans la face ! Tu va la lâcher et on se revoit demain matin ok ?
-Va te faire mettre !
Simon avait enfin rejoint Michel et pointait son arme sur Yves. Avec le Napoléon que Morel braquait sur lui de sa main droite alors qu’il était toujours au sol cela faisait 3 armes chargés pointés sur lui mais le boxeur ne bougeait pas d’un poil.

Yves était rouge de colère et serré fortement contre lui sa femme qui venait de libérer. Celle ci était en pleure et cramponnait son mari de toutes ses forces.

« Ecoutez, jamais je ne travaillerais pour la FNF. Tuez nous tout de suite ou bien foutez nous la paix. Mais je vous le redis, jamais je ne travaillerais pour une bande de fasciste comme vous !
Comment les autoproclamé libérateur des Terres Désolées peuvent oser kidnapper une femme et la maltraiter ! Vous n'êtes que de sale hypocrite ! Allez y ! Pouvez moi encore que j'ai raison, abattez nous comme des chiens ! »

Michel était face à une impasse.
Ils n’étaient que trois et même si ils arrivaient à maitriser Yves ils ne pourraient pas le transporter lui et sa femme.
De plus des habitants commençaient à sortir des wagons aux alentours après avoir entendu le mot FNF crié depuis la rue.
Il fallait agir vite.
Michel n’avait que deux solutions, embarquer Yves et le forcer à coopérer ou l’éliminer.
 
La tête d’Yves bascula violement en arrière. Une gerbe de sang sortit par l’orifice a l’arrière de son crane.
Dans le même temps Morel abattit  la femme du boxeur.
Michel aida l’Adjudant à se relever.
-Allez ! On se tire ! Faut pas faire chez le Trident !, cria t-il en direction des habitants pour couvrir leur action
Le Caporal Simon ne bougea pas lorsqu’ils s’élancèrent pour fuir.
Il fixait le couple de cadavre toujours enlacé.
Michel le Tira par le col.
-Allez mec, on s’arrache !
Le jeune Caporal paraissait en état de choc.
Ils rentrèrent tant bien que mal jusque chez Carl.
Le Lieutenant n’était pas la.
Morel avait le bras ensanglanté. Il était complètement déchiqueté.
Le Sergent-chef désinfecta et pansa comme il pouvait le bras blessé.
Simon s’était assis sur un lit et ne bougeait plus, les yeux dans le vague.
Michel alla s’assoir a coté de lui avec une bouteille de Scotch et une boite de Buffout.
Morel les rejoignit aussi. Ils vidèrent a trois la bouteille et la boite de Buffout avant de s’étendre et de s’endormir, leur esprit vagabondant librement.