Le bruit de la détonation résonnait encore dans les oreilles d'Alan, accroupie derrière une benne à ordure. Rechargeant sa carabine d'avant-guerre habilement, il se leva légèrement pour voir s'il avait touché sa cible, et c'était le cas. Une moucham avait été transpercé par le métal brûlant de sa balle, et ce en plein cœur, le tuant d'un seul coup. Alan était heureux de sa prise, n'ayant eu que peu de chances ces derniers jours. Il se dit que les habitants de Métropolitopia seraient heureux d'avoir un peu de quoi manger, et en plus du moucham !
Regardant de droite à gauche, il savait que l'intonation avait surement attiré l'attention de quelques créatures potentiellement dangereuse, voir de psychotiques. Alors, il se dépêcha à remettre son arme en bandoulière et à attraper sa prise, l’accotant sur son épaule, pour ensuite revenir vers la cité souterraine; il en était à une quelques heures de marche, il préféra donc ne pas traîner.
C'était un coup risquer de chasser si loin de la cité, en plus en pleine rue. Mais Alan n'avait pas eu une seule prise dans la journée de hier et il se faisait du soucis pour les habitants ne vivant pas dans un wagon à Métropolitopia; c'était une dure vie. Il taisait sa propre faim, remettant à plus tard son propre repas, se promettant de trouver un petit quelque chose à se mettre sous la dent. En plus, il avait encore cette boîte de nouille en sauce dans l'un de ses sacs, amplement suffisant s'il venait vraiment à avoir faim.
Une demi-heure de marche plus tard, il entendit un bruit qu'il ne connaissait que trop; un cri de détresse; celle d'une femme. Sans perdre un instant, il se mit à courir vers la source du cri. C'était un cri similaire qui lui avait sauvé la vie quelques mois plutôt quand une vieille femme avait eu besoin d'assistance. Il lui avait sauvé la vie et elle aussi.
Plus il avançait, plus le chasseur se rendait compte que le cri ne ressemblait pas à celui d'un appel à l'aide traditionnel. Il n'y avait pas de peur dans la voix, seulement de la souffrance et parfois des cris étouffés, comme si la personne responsable de ces bruits voulaient modérer leur ampleur, leurs décibels. Une chose sage en pleine rue de Paris.
Tout devint clair dans son esprit lorsqu'il découvrit la scène. Une femme, adossée sur un muret de pierre poussait des intonations continues, les jambes écarquillées; elle était en train de donner naissance. Un homme à ses côtés lui tenait la main fortement en lui intiment de souffler et de pousser. Quand Alanël se fit voir, il dégaina un pistolet qu'il pointa vers lui, tremblotant.
- Ne vous approchez pas!, cria-t-il promptement. Je jure que je vais tirer si vous...
- Du calme, je suis là pour aider.
Le ton calme d'Alanël ne sembla pas avoir convaincu l'homme qui pointait toujours son arme sur lui. Il devait avoir eu son lot d'intention malveillante dissimulée derrière de belles paroles.
- Vous êtes quoi? Négrier, Hurleur? Vous nous avez pisté à l'odeur, c'est ça ?
- Je ne vous veux aucun mal, affirma Alan en déposant sa carabine doucement à ses pieds. Il faudrait déplacer votre femme dans un endroit sur avant que le bébé ne vienne.
- Elle a perdue les eaux! On ne peut pas la déplacer, elle va accoucher d'une minute à l'autre.
- Si vous la faite accoucher ici, il y aura surement des conséquences et certainement pire que moi.
- Mais...
- Fait ce qu'il dit, pour l'amour du ciel, Luis!, coupa la femme allongée.
Luis hocha alors la tête après un moment d'hésitation et rengaina son fusil. Alan s'approcha promptement vers la femme.
- Accrochez-vous à moi, demanda-t-il.
Ce qu'elle fit. Il était encore faible par le manque de nourriture, mais la volonté de garder en sûreté cette femme lui donnait des forces, du moins assez pour entrer dans un bâtiment qui semblait désaffectée. Il la déposa dans une pièce et s'agenouilla près d'elle pendant que Luis surveillait les environs.
- Vous êtes médecin ?
Alan ne répondit pas. Il n'avait aucune notion en médecine, mais il avait aidé sa défunte femme à accoucher une fois, il savait comme cela fonctionnait et il espérait qu'il n'y ait pas de complication.
- Maintenant, vous allez respirez profondément et pousser à mon signale.
Il lui tint la main et lui sourit.
- Prête ? Allez-y, poussez !
L'opération se déroula sans encombre, mais avec souffrance pour la femme. Elle eut le vagin quelque peu déchiré, mais Luis lui dit qu'il pourrait s'occuper de recoudre cela; il avait été soldat de la FNF.
L'enfant semblait quelque peu chétif, mais en bonne santé, la mère ayant surement prit soin d'elle pendant la grossesse. C'était un petit garçon aux yeux bleus et aux cheveux blond; un magnifique chérubin. La femme lui demanda:
- Je ne sais même pas comment vous vous appelez, monsieur ?
- Alan.
- Vous n'y verrez pas d'inconvénients que nous nommions notre enfant de la même manière ?
Alan était surprit, elle voulait l'appeler comme lui.
- Je ne sais pas quoi dire, je ne veux pas vous obliger à changer le nom que vous vouliez lui donner!
- Nous n'en avions pas encore trouvé un, intervint Luis. Alan c'est parfait.
Le chasseur sourit devant la magnifique scène qui se déroulait. Une nouvelle famille venait de se créer dans les terres désolées et il avait rendu cela imaginable. Il ne put s'empêcher de penser à Elä, ce qui le rendit un brin triste. Il sortit de sa poche la boîte de nouille en sauce et l'offrit à la femme.
- Vous en aurez plus besoin que moi.
Elle sourit, signifiant son remerciement. Alan tourna les talons et s'apprêta à s'engouffrer dans le désert.
- Que les anges vous protègent, lança la femme dans un message d'adieu.
- Vous aussi, répondit-il sincèrement.
Et Alan quitta pour Métropolitopia le ventre vide, mais le cœur rempli.