Voilà une heure que je suis là, assis sur une vieille caisse en bois, à guetter ma proie. Ce gros lard de marchand se barre chier ou faire je ne sais quoi d'autre toutes les 2 heures environs, laissant son stand de bouffe sous la direction de son partenaire. Mais seul il suffit d'attendre qu'il soit distrait par un client pour opérer et récupérer un truc à manger. En plus j'ai une dalle de malade, je salive déjà ! Je sors soudain de mes pensées en voyant le gros tas de graisse remonter son pantalon, avant de coincé ses bourrelets dedans, et partir au milieu de la foule.

* Parfait ! *

Je lève rapidement mon cul de cette caisse avant de traverser lentement la ruelle afin de ne pas attirer l'attention. Je dévie avec mon bras les passants sur mon chemin, afin de ne bousculer personne, tout en regardant le second gérant du stand. Vint alors une vieille femme qui commence à tripoter certains morceau de viande avant de s'adresser au vendeur. C'est le moment ! J'accélère le pas pour me retrouver à l'autre extrémité du stand avant de feinter de trébucher tout en faisant tomber un petit morceau de radcaniche par terre. Bien sur personne ne vient m'aider à me relever et j'en profite donc pour cacher la viande dans mon pantalon avant de me relever et de partir comme si de rien n'était.

Une fois que je suis un peu plus loin je sors mon repas de ma poche et me dirige vers le wagon le plus proche. Là je cherche la grille d'aération que je ne tarde pas à trouver . Je dépose alors mon festin dessus afin de le laisser chauffer avec l'air bouillant qui en ressort. Après quelques minutes d'attente je récupère le morceau de viande que je dévore tout en marchant. Je n'avais pas manger depuis ce matin si bien que je ne mets pas longtemps à finir mon repas. Le plaisir est si intense que je ne me retiens pas de le faire partager aux passants voisin:

" C'est bon cette merde quand même, non ?! "

Maintenant que j'ai manger je me dirige vers le BARAKOODA. C'est le lieu idéal pour recueillir des infos, comme savoir si du boulot est disponible dans le coin par exemple. Ce n'est pas que j'en ai marre de voler mais si je pouvais avoir une rentrée d'argent sans trop de risque je préférerais. Il faut dire que si je me fais attraper la main dans le sac je ne donne pas chère de ma peau ! Lorsque j'étais gosse on pouvait facilement être perdu de vue par nos poursuivants au milieu du souk mais aujourd'hui c'est légèrement différent. Je choisis le chemin le plus long pour rejoindre ma destination mais de cette manière j'évite le monde et je peux ainsi me déplacer plus rapidement.

Metropolita... La ville qui reflétait à la perfection la situation de l'humanité dans ce monde dévasté par les armes nucléaires. Elle rassemblait à la fois le meilleur et le pire de cette espèce qui tentait de survivre et de s'adapter comme toujours face aux difficultés offertes par la vie. C'est ainsi que les gens avaient fondé cette ville: Pour survivre.
Hélas, les vieux démons des hommes ne tardèrent pas à les rattraper et les idéaux qui avaient édifié ce refuge furent bientôt oubliés et remplacés par d'autres moins nobles et écrasant les plus faibles. C'est ainsi que la mafia et d'autres activités frauduleuse apparurent peu à peu pour former la cité que nous connaissons aujourd'hui et qui est à l'image de notre monde: Sombre et sans-pitié.

C'est dans cela qu'arriva Stéphane après une marche forcée longue et difficile pour échapper à ceux en qui il avait crû un temps avant de percer l'illusion propagée par ceux-ci et de se décider à lutter face à cette force supérieure par tous les moyens en son pouvoir. Il n'était pas seul dans sa quête; en effet, quelques personnes partageant sa vision des choses et proches ne tardèrent pas à le suivre et c'est ainsi qu'ils étaient parvenus à la première étape de la longue route qui les mènerait à l'accomplissement de leur objectif: La chute de la FNF ni plus, ni moins.

Pour y parvenir, il leur fallait l'appui du peuple et des armes pour lutter contre ce régime se rapprochant d'une dictature malgré les dires de leur président. Et quoi de mieux pour commencer que de venir dans une ville encore indépendante pour instaurer les prémices du changement me direz-vous? Hé bien, rien...

Stéphane se frayait un chemin avec peine dans la cohue de gens tentant de se déplacer dans les espaces étroits séparant les divers wagons et faisant office de rue suivit par un Alexandre bien silencieux à l'instar de sa collègue qui vociférait lorsqu'on la bousculait trop violemment, trahissant un caractère bien trempé pour cette femme où les rides se faisaient voir sur son visage. Un chignon retenait sa chevelure noire comme l'ébène et des yeux perçants observait les moindres faits et gestes des personnes proches, à l'affut du moindre mouvement suspect dans la foule. Cette femme avait pour nom Thérésa Desanges et n'était autre qu'une vieille amie de l'ex colonel qui avait répondu présent lors de son appel à la révolte sans hésiter une seule seconde. Stéphane était ravi de pouvoir compter sur elle et pouvait se targuer de pouvoir lui faire confiance, chose rare en cette période troublée.

Alexandre, quand à lui, était quelqu'un d'impétueux et de désinvolte, usant d'ironie à tout bout de champ pour masquer un lourd passé qui le hante sans cesse et que Stéphane avait réussi à apaiser au fil des discussions avec le jeune homme. Ayant dans la vingtaine, celui-ci était facilement reconnaissable grâce à sa tignasse d'un blond clair vraiment des plus... clairs.

C'est ainsi qu'il brisa soudain le silence tacite imposé par le brouhaha ambiant:

- Je vais faire le plein de matos chez les gars du coin et aussi faire parler un peu de nous.

Stéphane se retourna tandis qu'Alexandre lui montrait quelques affiches pour appuyer ses dires.

- Va. Rendez-vous à l'entrée nord de la ville dans deux heures. Tâche de trouver de la nourriture en passant.

Il n'attendît pas la réponse du jeune homme et poursuivit son chemin pendant plusieurs minutes encore avant d'atterrir face à deux wagons au-dessus desquels une enseigne lumineuse indiquait: "Barakooda".

- Ne me dis pas qu'on va entrer là-dedans Steph'?, déclara Thérésa en observant la bâtisse avec dégoût.

- Il faut bien commencer quelque part.. Et puis, quoi de mieux qu'un bar pour se renseigner sur les dernières nouvelles qui court aussi mmmh?

- M'ouais... Boff..

Stéphane sourit avant de pénétrer à l'intérieur, suivit de près par Thérésa.

[Quelques jours après la visite de Saint Vincent à Lutèce.]

________

Quelle idée débile!
Mais quelle idée débile!!

Dans un élan de courage, Athalia s'était risqué à vouloir tenter une sortie ce jour là.
Elle s'était préparé un petit sac d'objets dont elle a avoir besoin une fois dans la jungle crasseuse mais de personnel et de précieux pour éviter tout vol. Oui, car la jeune fille ne voulait pas se contenter de visiter Lutèce. Non... Mais plutôt "l'Extérieur".
Dans la matinée pluvieuse, un peu plus déserte qu'à l'habitude, la phobique avait descendu les marches de son appartement à lenteur excessive. La pluie qui battait sur son visage lui parut étrange mais très agréable au final... Voir magique.
Mais les hordes de soldats armées jusqu'aux dents la fit déchanter, elle se figea contre les murs humides et les rasa jusqu'à la sécurité.
Dernière barrière avant de sortir de Lutèce.
Une fois arrivée, c'est à demi mot qu'Athalia s'y présenta. Montrant pass port et pattes blanches.

Son coeur s'affolait, ses poumons enchaînaient les joints... La tour Eiffel prenait de la distance derrière la jeune femme brune.
Un peu de motivation et la marche reprit. Plus facilement d'ailleurs, les alentours se faisaient presque désert, pas d'âmes qui vivent.
Athalia accéléra le pas un peu plus rassurée et pleine de fierté, la traversée de Lutèce avait été dure psychologiquement, mais elle avait tenu bon!
Elle pouvait donc s'offrir une promenade dans la forêt qui apparaissait au loin. La végétation était dense, une caverne aux plantes surement, se dit la brune.
Arrivée à la lisière du bois de Boulogne, Athalia sortit un petit sachet dans lequel elle mit les racines qu'elle ramassait. Datura, ça fera lui fera certainement plaisir...

- Salut! Une voix rauque brisa le calme de la jeune femme.

A peine, elle se retourna que sa tète fut frappée violemment par le poing du gros bourru.
Le visage dans la boue, la vision troublée, une main saisie une poignée de ses cheveux. Visiblement son agresseur analysait son visage avec minutie, un doigt tirait sur son t-shirt pour mieux voir le matos...

- Tu feras l'affaire! Avale ça!

- N.... Nooon...

Deux doigts sales s'infiltra dans sa bouche pour la maintenir ouverte et déverser un liquide à l'odeur acide. Les dents claquèrent quand l'home referma sa mâchoire l'obligeant à avaler.
Sa tète lourde s’allégea, Athalia se sentit bien, son corps flottait, elle était l'univers, elle était une particule, elle était tout et rien.
Elle était dans le noir.


Quelques heures plus tard, la pénombre se trouvait encore autour d'elle. La jeune femme reprit conscience, le bruit de la foule et le froid venait de la réveiller.
Le crâne comme un compteur à gaz, ses mains tentèrent d'atteindre sa tète... Tentèrent. Mains et pieds liés, bâillon sur la bouche et les yeux privés de lumière, Athalia comprit qu'elle était bien loin de son cocon à Lutèce. Mais Black out de ce qu'il s'était passé jusque là. La bouche pleine de sang et de boue la fit tousser avec difficulté à cause du bâillon. Les douleurs arrivèrent en même temps que l'angoisse.
Sa peau ressentait parfaitement le bois humide, une partie de ses vêtements avaient été ôtés. Une épingle, dont elle ignorait la présence, transpercait la peau de sa clavicule, une étiquette en pendouillait: "Nouvel marchendize freche. Di men se que tu en panse é préparr té 300 anno"

D'une pulsion, Athalia frappa le bois de ses jambes attachées en espérant que quelqu'un vienne l'aider...

Mais quelle idée débile d'être sorti...

Tout en marchant je prends soin de regarder de temps à autre derrière moi. Il y a très peu de chance que le marchand m'est vu et me poursuivre mais j'ai ce réflexe de toujours m'assurer de tout une seconde fois. Mais en n'apercevant personne à mes trousses au milieu de cette ruelle plus que calme je me remets à marcher normalement. J'avais oublié a quel point il était appréciable de ne pas avoir cette sensation d'être oppressé, ce que l'on ressent la plupart du temps au milieu du souk. D'ailleurs j'en profite pour allumer une clope, histoire de combler mon trajet jusqu'au BARAKOODA. J'apprécie vraiment les cigarettes mais il serait peu être temps de stopper, ou au moins de diminuer ma consommation, ça me coute une fortune ces saloperies !

" Quel con ... "

Je ne peux m'empêcher de rigoler à ma connerie, je ne les paye pas mes clopes ! En même temps pour un voleur ... Quoiqu'il en soit je continue tranquillement mon chemin avant d'être surprit par un bruit sourd, accentué par la résonance présente dans la ruelle, à tel point que j'en crache ma cigarette. Je regarde d'abord rapidement vers ma clope, qui continue de se consumer toute seule par terre, avant de tourner la tête vers la provenance du bruit. Ce dernier se répète d'ailleurs assez régulièrement ce qui me permet d'en désigner la source. Une grande caisse en bois d'environ un mètre carré, avec marqué en gros dessus: " 300 anno " Je pense tout d'abord à un radcaniche à vendre mais en y réfléchissant la caisse ne serait pas aussi grosse pour un simple animal, surtout de ce gabarit là.

Je m'apprête alors à m'éloigner avant de repensez à la phrase mal orthographié inscrite sur la caisse. Il y a tout de même quelque chose d'estimé à 300 anneaux là dedans, ce qui représente une sacré somme au final. Mon instinct de voleur me pousse alors à allez plus loin. Je pivote sur moi même afin de m'assurer qu'il n'y a pas le propriétaire de la caisse dans les alentours, mais en ne voyant personne je décide de passer à l'action. D'un rapide coup de pied je défait la serrure avant de soulever le couvercle de la caisse me permettant ainsi de voir la marchandise.

" Putain de merde ! "

Je ne peux retenir mes mots à la vu du spectacle, une jeune femme ligoté à l'intérieur de la caisse ! Soudain je me rends compte de ma bourde et des ennuies que je risque. Il n'y a que la mafia pour faire ce genre de commerce, voir les négriers, ce qui n'est guère mieux ! Je me retourne une nouvelle fois par peur de voir débarqué les propriétaires mais la ruelle est toujours déserte. Ces cons doivent certainement se souler dans leur wagon non loin, et l'ombre du métro les empêche de voir leur marchandise. En même temps qui oserait voler la mafia ? Je m'apprête alors à déguerpir avant de me faire repérer avant de croiser le regard de la jeune femme. Ces yeux trahissent ses émotions et on peut clairement comprendre ce qu'elle attend de moi, qui suit certainement sa dernière chance avant de finir l'esclave d'un pervers, ou d'un autre détraqué du genre !

* Putain me regarde pas comme ça ! Je vais faire une connerie par ta faute ! *

Je fais de nouveau un pas en arrière sans pour autant réussir à me détourner de son regard. Il y a bien des ventes d'esclaves tous les jours sans pour autant que je me lance à leur secours, mais là c'est différent. Si je pars j'aurais pour un bon moment sa vente, et certainement sa mort, sur la conscience ! J'hésite longuement à la suite de la situation, je ne veux pas finir poursuivit par la mafia mais je ne peux pas la laisser là. Je pivote alors rapidement une nouvelle fois autour de moi même avant d'agir.

" Fait chier ! "

D'un pas rapide je me rapproche de la caisse avant de saisir la jolie brune par les hanches afin de la soulever et la sortir de là. Une fois debout je découpe rapidement les liens qui l'attache sans pour autant lui retirer son bâillon, je ne tiens pas à ce que ces cris, de joie comme de pleure, ne rameutent du monde ! Puis je la saisis par le bras et la tire de force derrière un wagon à une vingtaine de mètres de là. De nouveau dans l'ombre et caché des regards indiscrets des clochard à moitié endormit dans la ruelle je lui retire son bâillon avant de la pointer de mon beretta :

" Déjà pour commencer tu va répondre à mes questions ! Qui est tu ? Qu'est ce que tu faisais dans cette caisse ? Et surtout qui t'y a enfermé ? "

Ce n'était peu être pas le meilleur moyen de la rassurer s'il s'agissait bien d'un kidnapping mais je souhaitais savoir rapidement qui je risquais d'avoir aux trousses ! Et puis rien ne prouvait qu'elle n'y était pas pour quelque chose. Malgré ce que je venais de faire pour elle je n'hésiterais pas à lui tirer dessus au moindre geste suspect. Je tiens à ma vie après tout et je ne compte pas la gâcher pour une inconnue !

La jeune femme ne répond pas tout de suite à mes questions, certainement encore sous le choc de la situation. Elle semble d'ailleurs vouloir parler mais ses mots laissent place à une gerbe de sang mélangé à du vomi qu'elle recrache par terre après s'être retourné. Je laisse d'ailleurs paraitre une grimace en voyant le spectacle. Puis elle se relève lentement et se met enfin à parler :

" Je...Je suis Athalia. Je viens de Lutèce. J'étais en bordure de forêt quand on m'a frappé. Il était grand et costaud... Un grand manteau je crois... Troué. Je ne sais plus pardon. "

A ces mots je la dévisage de nouveau afin d'essayer de deviner si son histoire est la vérité ou non. J'aperçois alors ses yeux briller, elle semble prête à éclater en sanglot.

* Merde alors, je suis vraiment le roi des cons ! *

Dire que je pointe de mon beretta une jeune innocente qui s'est fait agressé dans la rue par un inconnu dans le but de la revendre ! Je décharge alors mon arme avant de la coincer à ma ceinture de manière à rassurer la jeune brune, elle ne sait pas qui je suis et je tiens à lui montrer que je ne lui veux aucun mal. Je profite de cette instant de calme pour rejeter un rapide coup d'oeil dans la ruelle, toujours personne mais sa ne saurait tarder ... Je ne sais toujours pas qui l'a emprisonné de la sorte et je ne tiens pas vraiment à le découvrir dans l'immédiat, il faut bouger et vite !

" Allez vient, suit moi ! Il ne faut pas rester là ou on ne va pas tarder à avoir de gros ennuies ! "

A ces mots je la saisis de nouveau par le bras avant de la tirer derrière moi, mais cette fois ci avec légèrement plus de délicatesse. Je ne voudrais pas la brusquer non plus maintenant que je sais que cette pauvre fille n'est pour rien dans cette histoire, néanmoins il ne faudrait pas non plus que l'on nous rattrape. Au bout d'une dizaine de mètres, une fois le rythme bien établit, je la relâche afin de la laisser marcher toute seule, c'est une grande fille après tout ! Et puis on ne sait jamais, je n'écarte pas encore totalement l'idée que cette femme ne soit pas dans un coup fourré mais j'en doute vu son visage de tout à l'heure et la manière dont elle s'est exprimé.

Il ne faut que quelques minutes pour rejoindre le BARAKOODA. Ayant agis dans la précipitation je n'ai pas vraiment réfléchis ou je pouvais l'amener afin qu'elle soit en sécurité, ne possédant moi même aucun foyer. D'ailleurs après réflexion je me demande une nouvelle fois si je ne devrais pas la laisser planter là et continuer mon chemin tout seul, je ne lui dois rien ! Mais je me connais et je vais encore avoir cet acte sur le cœur si je l'abandonne à son sort, surtout qu'elle semble vraiment perdu ici !

* Ma bonne âme me perdra ! *

Une fois devant la porte du bar je rentre rapidement suivit de cette Athalia. Je jette un rapide coup d'oeil dans la salle avant de m'asseoir sur la banquette la plus proche. Je fais ensuite signe à la jeune femme de faire de même en face de moi. Elle semble perdu et doit certainement attendre des explications mais dans l'immédiat je tiens à me fondre rapidement dans la masse au cas ou les ravisseurs se soient mis à la recherche de leur marchandise. Mais il ne me faut que quelques secondes pour me rendre compte de ma connerie ! La table ou nous sommes installés n'était pas inoccupée. A côté de nous je peux voir un homme un peu plus vieux que moi accompagné lui aussi d'une femme, d'environ la quarantaine au premier coup d'oeil. Espérons que se ne soient pas des alcooliques qui se mettent à hurler que cette table leur appartient, sinon pour la discrétion c'est raté !

Stéphane entra dans les deux wagons exigus qui abritaient le bar Barakooda et dans lesquels des tables hautes entourées de gens divers étaient présentes, accentuant l'étroitesse du passage central qu'il emprunta en compagnie d'une Thérésa qui fusillait les gens qui la bousculait du regards. Malgré le monde, ils ne tardèrent pas à trouver une table libre et s'y installèrent. Sa compagne ne tarda pas à prendre la parole comme il s'y attendait ce qui le fit sourire lorsqu'elle déclara avec une pointe d'énervement:

- Et tu penses toujours qu'on va trouver des gens capables et attirés par autre chose que de l'argent dans ce bar miteux qui pue autant la putréfaction qu'un luminescent?

- Tout vient à point à qui sait attendre.. Ca n'a jamais été ton fort d'attendre mais je parie qu'on devra pas attendre longtemps avant de trouver ce qu'on cherche... Et calme-toi avant qu'on attire l'attention sur nous aussi..

Thérésa lacha un grognement en guise de réponse et s'affaira à observer la foule avec attention comme à son habitude. Pendant ce temps, Stéphane était plongé dans ses pensées, se remémorant les derniers jours qui s'étaient avérés les plus éprouvants et riche en évènements de sa vie. En effet, il était passé de colonel respecté de la FNF à dissident poursuivit activement et avait fait le chemin de Lutèce à Metropolita en quatrième vitesse. Désormais, il devait s'affairer à trouver des gens et de l'équipement pour espérer s'opposer activement à cette force implacable. Il espérait pouvoir rester assez longtemps ici pour mener à bien ces deux objectifs mais il appréhendait déjà la prochaine patrouille de la FNF ou même la parution d'un avis de recherche ou d'un groupe chargé de le traquer en ville ce qui ne tarderait pas, il en était certain.

Mais une chose imprévue ne tarda pas à prendre la forme d'un homme et d'une femme qui s'installèrent à leur table en jetant des regards derrière eux de temps à autre avant d'observer un Stéphane intrigué par ce coup de la providence. Thérésa ne tarda pas à les fusiller du regards et de déclarer avec force:

- Vous êtes qui vous? Vous voyez pas que cette table est déjà occupée hein? Vous avez de la merde dans les...

- Tais-toi Thérésa! Excusez-la mais elle est un peu en rogne sur tous le monde en ce moment... Je peux vous aider?

Stéphane appuya ses dires par un sourire aimable, profitant également de ce petit laps de temps avant leur réponse pour observer plus en détails les deux arrivants.

Je ne suis pas vraiment surpris de la réaction de la femme assise à la même table que nous. Il faut dire qu'ici si on ne se fait pas légèrement respecté on se fait bouffer. J'aurais d'ailleurs certainement moi même envoyer chier le premier mec venu s'asseoir à ma table sans me demander la permission préalablement. Pour tout dire je suis plus étonné de la réponse de l'homme qui se permet même de nous proposer de l'aide, plutôt rare ce genre de personne ici bas ! Mais que répondre dans cette situation ? Je ne vais quand même pas leur raconter que je viens de sauver cette femme des griffes des négriers, ou de la pègre local, et que nous nous cachons ici. D'un autre côté je n'ai pas le temps d'inventer une histoire et le fait que tous les regards soient braqués sur moi, y compris ceux de la jeune demoiselle que je viens de sauver, ne m'aide pas à réfléchir. Il faut agir, et vite ! Je me retourne alors brusquement vers le barman avant de m'adresser à lui :

" Barman, 4 bières pour la table ! C'est moi qui régale ! " Je regarde de nouveau vers mes voisins de table: " Désolé mais comme il n'y avait aucune autre place de disponible on s'est permis de s'asseoir ici. Accepter ceci en gage du dérangement !

La plupart des gens de Métropolitopia sont facile à amadouer avec l'alcool, ce qui n'est pas totalement débile en fin de compte. Après tout qui refuserait de laisser quelqu'un s'asseoir à sa table en échange d'une bière ? Il ne reste plus qu'à espérer que ces 2 là ne délogent pas à la règle. Le barman ne tarde pas à arriver et à déposer les bières sur la table avant de récupérer mes 4 francs. Je déplace ensuite les deux qui sont destinés à nos voisins en leur adressant un sourire, certes un peu niais, mais qui démontre alors toute nos bonnes intentions.

Maintenant que je considère le problème comme réglé je me concentre sur notre situation. Mais en voyant la tête que fait la jeune femme en me regardant je comprend à quel point elle semble perdu. Il faut dire que tout s'est passé très vite et qu'au fond elle ne s'est pas ce qui m'a poussé à agir de la sorte. Quelques explications s'imposent alors, mais pas ici ou n'importe qui peut être lié à la mafia.

* La mafia ... Mais putain je risque ma peau pour cette inconnue quoi ! *

Je profite de cet instant de repos pour tremper mes lèvres dans ma bière, j'apprécie les boissons alcoolisé lorsque je suis perdus dans mes pensées. Car expliqué la situation à la jeune brune n'est pas aussi simple. Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui dire ? Que je suis juste un simple voleur et que je n'avais aucune intention de la secourir ? Bah, après tout je verrais bien. Si ma réponse ne lui plait je n'en est franchement rien à faire, au contraire ce serait une bonne raison de se séparer. Car oui, qu'est ce que je compte faire d'elle au final ? La laisser là seul face à ses ravisseurs qui doivent certainement la chercher ?

* A putain ! Décidément je suis perdu ... *

Je finis d'une traite mon verre avant de me lever et de faire signe à la jeune brune de me suivre dans un coin, à l’abri des regards et des oreilles indiscrètes. Je verrais bien ce que je ferais au moment venu, réfléchir des heures à la situation ne changera rien.

Stéphane observait sans un mot l'homme qui tentait de justifier son geste en déclarant qu'il n'y avait plus de places dans le bar à part ici. Malheureusement pour lui, une table proche était vide ce qui ne manqua pas au rebelle qui se contenta de sourire alors que l'étranger demandait une tournée pour se faire pardonner. Une démarche bien maladroite mais souvent payante pour celui qui ne veut pas aborder un sujet en particulier ce qui piqua la curiosité de Stéph'. Thérésa, quand à elle, observait les deux personnes avec méfiance, sa main droite disparaissant sous la table et serrant son arme de poing autant pour se calmer que pour se préparer au pire devant cette étrange interruption de la part des deux inconnus.

Stéphane trempa ses lèvres dans la bière de piètre qualité posée devant lui tout en continuant à observer les deux autres du coin de l'oeil. Le liquide alcoolisé coula dans sa gorge asséchée par le long voyage jusqu'ici et lui arrachant un soupir de bonheur malgré le goût de pisse de celle-ci. Il remarqua rapidement que la femme accompagnant le jeune homme semblait perdue dans cette masse vu les regards qu'elle jetait à son compagnon. De plus, il remarqua des traces de coups sur la jeune femme ce qui voulait dire qu'elle avait été battu récemment. L'homme, quand à lui, observait les alentours à de nombreuses reprises comme si il cherchait une personne dans la marée humaine rassemblée ici. Soudain, il vida son verre d'une traite et se leva aussitôt avant de faire signe à sa compagne. Il était temps de mettre fin à cette mascarade grotesque qui avait lieu devant les yeux de l'ex colonel qui attrapa vivement le bras de l'inconnue avant de déclarer avec calme:

- Attendez! Vous ne pensez pas qu'il serait temps d'arrêter la mascarade ici mmh? Il semblerait que vous ayez été passé à tabac récemment madame je me trompe? De plus, le comportement de votre ami me laisse penser que vous êtes poursuivis par quelqu'un.. Le responsable de ces coups peut-être? Sachez que vous ne vous en sortirez pas si c'est la mafia ou même un négrier. Les négriers ont tendance à tenir à leur marchandise au point de la traquer jusqu'à remettre la main dessus, surtout pour un si bel article tel que vous. Et si c'est la mafia, alors vous pouvez dire adieu à votre vie et à ce monde une fois que vous aurez passé la porte de ce bar croyez-moi... Alors, je le répète: Je peux vous aider?

Il fixa la femme dans les yeux, apportant le verre de bière à ses lèvres avec une lenteur calculée, laissant le liquide pénétrer dans sa bouche avant de couler dans sa gorge, apportant une fraîcheur bienvenue alors que Thérésa observait la scène, prête à agir au moindre signe hostile de la part des deux compagnons devant l'audace de son ami à leur encontre...

Spoiler:

* Ouah ! *

C'est le seul mot qui me vient en tête en voyant le type assit à côté de nous qui semble drôlement sur les nerfs ! En tout cas il faut aussi avouer qu'il à un sacré sens de la déduction, en 2 minutes il a plus ou moins comprit ce qui se passait. Certes en me voyant me retourner toutes les 5 secondes il ne faut pas être devin pour comprendre que je suis en stress, mais tout de même ! Je suis alors prit de court lorsqu'il explique ce qu'il comprend de nous et de notre façon d'agir. Je ne vais quand même pas lui raconter la vérité, mais je ne suis pas un grand menteur, surtout lorsque j'ai aussi peu de temps pour inventer un mensonge logique. Par chance Athalia, ma compagne de table, nous sort de la merde en racontant un vieux bobard digne d'un enfant de 15 ans. Mais ce dernier semble marcher si bien qu'elle se lève de table pour me suivre dans un coin, comme je lui avais proposer peu avant.

- Oui ?

Voilà enfin le moment fatidique ! Que dois je faire ? Une nouvelle fois une multitude de choix me viennent en tête, mais je n'ai pas toute la journée et je ne peux pas me permettre de rester ici avec elle. Je l'ai déjà sauver, je ne peux pas me permettre d'aller plus loin. Je décide donc d'être franc, à moitié ... Je regarde une dernière fois autour de nous afin de vérifié que personne ne nous épie durant la conversation, puis je me lance:

" Voilà je ne vais pas te le cacher mais si je t'ai sauver ce n'était pas vraiment mon attention. Je veux dire par là qu'au départ je souhaitais juste voler ce qu'il y avait dans cette caisse et qui était d'une valeur de 300 anneaux. Je ne suis pas un héros sauveur de demoiselle, mais juste un putain de voleur ! "

Suite à cette phrase que je finis d'un ton sec je m'arrête quelques instants pour réfléchir à la manière dont je peux poursuivre. Je remarque d'ailleurs à la tête de la jeune femme qu'elle ne semble pas vraiment saisir ce que je veux dire.

" Si je t'ai sortit de cette caisse c'est juste un malheureux hasard ! En voyant la manière dont tu m'a regardé je ne voulais pas avoir ta mort sur la conscience. Puis si je t'ai amené là c'est juste que sur le coup je ne savais pas quoi faire. Et puis vu comme tu semblais perdu je ne voulais pas non plus te laisser toute seule près du wagon de tes ravisseurs. Mais comprend moi, je ne te connais même pas. Je ne veux pas risquer ma vie pour toi !
Je suis désolé de te dire ça, mais il va falloir que l'on se sépare. Le mieux pour toi serait même que tu quittes la ville pour ne pas que l'on te retrouve, mais ça c'est toi qui voit ... "

J'aurais du garder un peu de bière, boire quelques gorgées aurait mit fin à cette affreux silence qui régnait dans la conversation. Je détourne d'ailleurs les yeux de la jolie brune, je ne veux pas croiser son regard qui risque d'en dire long sur ce qu'elle pense de moi. Puis en regardant la table ou nous étions assis peu avant je me dis qu'après tout la ville est grande et que nous avons encore un peu de temps avant que ces ravisseurs ne nous retrouve. Je lui tapote alors l'épaule en m'exclamant:

" Allez viens ! Allons finir nos bières et nous aviserons après ! "

Sur ce je me dirige de nouveau vers la table. Je ne sais vraiment pas ce qui me prend mais ce qui est sur c'est que ma putain de bonne âme me perdra !

- Non mais qu'est-ce que tu fous?

Le ton qu'avait employé Thérésa à son encontre alors que la femme rejoignait l'homme était lourd de reproches et de menace. Toutefois, Stéphane répondit avec son calme habituelle ce qui avait le don d'exaspérer sa partenaire:

- Je propose mon aide à une personne qui semble en avoir besoin vois-tu? On dirait que c'est plus trop à la mode à notre époque. Et puis, c'est par là que pourrait commencer une rébellion entre autre. Ne me dis pas que tu as crû à ce mensonge à la con quand même?

Thérésa soupira longuement avant de répondre de manière expéditive:

- Non mais t'es vraiment un putain de con idéaliste...

L'ex-colonel lui sourit avant de boire une gorgée de son breuvage alcoolisée avant de déclarer avec légèreté:

- Si j'étais si con, une femme aussi perspicace et avec une telle sagesse acquise au fil de sa longue existence ne m'aurait pas suivit dans cette entreprise où les chances de crever sont plus importantes que celles de réussir...

Cette phrase combinée au retour des deux étrangers finit pas clouer le bec à sa coéquipière qui se contenta de le fixer avec un regards lourd de sens auquel il ne pouvait que répondre par un sourire provocateur. Stéphane se remit à boire avec lenteur tout en observant les deux autres qui semblaient plus tendus que jamais. La femme semblait être la pire des deux à ce niveau et l'ex-militaire ne pût rater le nouvel hématome entourant deux points sanglants sur sa clavicule mais resta impassible jusqu'à ce que la femme finisse par se lever d'un coup avant de quitter en hâte le bar. Sans attendre, Stéphane se leva avant de se mettre à la suivre, laissant en plan une Thérésa dont il ne tarda pas à entendre jurer dans son dos avant que ses dires soient avalés par la foule.

La femme se déplaçait avec rapidité et, alors qu'il croyait l'avoir perdu à la sortie du bar et qu'il tournait la tête de tous les côtés, il l'aperçut enfin, adossée à un mur un peu à l'écart. Stéphane la rejoignit lentement avant de découvrir une mine apeurée sur le visage de celle-ci. C'est donc sur un ton qui se voulait rassurant et amical qu'il déclara:

- Vous savez, vous n'êtes pas obligée de mentir avec moi. En plus, vous n'êtes pas très douée dans le domaine... Je vois bien que vous avez eu bien pire qu'un simple vol de sac et que vous avez besoin d'aide alors laissez-moi au moins savoir de quoi il en retourne désormais. C'est la moindre des choses après être venu vous asseoir à ma table non?

Stéphane observa la jeune femme s'expliquer de manière confuse auprès de lui. Celle-ci voulait retourner à Lutèce qui semblait être son foyer. Le stress la rongeait et le Colonel ne pouvait que le constater malgré tous les efforts de la jeune femme pour masquer les signes de celui-ci. Il apprit également que l'autre inconnu n'était pas dans l'affaire comme il s'en était douté et c'est avec un sourire aimable qu'il déclara:

- Vous voulez aller à Lutèce? Ce n'est pas tout près... Et puis, retourner dans le giron de la FNF n'est pas une chose très intelligente... Enfin, c'est votre vie après tout! Je veux bien vous montrer un chemin plus ou moins sûr pour rejoindre rapidement la ville mais je ne peux vous aidez plus dans ce cas... J'ai quelques affaires à régler par ici et je préfère éviter de me faire rappeler à la mémoire du prétendu "président" en me baladant dans sa prison dorée.

Stéphane observa la jeune femme en souriant avant de sortir une carte de son barda et de la déplier sur une caisse proche. De nombreuses annotations y étaient inscrites comme des itinéraires de patrouilles et autres détails importants pour l'entreprise du Colonel. Celui-ci indiqua un tracé fait au feutre rouge passant à côté d'une ligne de métro reliant Metropolita à Lutèce.

- Ca longe la ligne mais c'est plus sûr. De plus, le tunnel est obstrué par endroit alors vous perdriez du temps à dégager le passage et tomberez sûrement sur des forces de la FNF qui vous abatteront à vue vu l'opération d'envergure qu'ils sont en train de faire sur place. Ils ne s'embarasseront pas d'un poids inutile comme vous et feront passer votre meurtre pour l'abattage d'un simple charognard ou psycho dans leur rapport croyez-moi...

Il laissa planer quelques minutes de silence, laissant le temps à la jeune femme d'imprimer l'itinéraire dans sa tête avant de déclarer avec calme:

- Vous êtes vraiment sûre de vous en voulant retourner là-bas? La route sera longue et difficile alors que vous pourriez asile ailleurs que là-bas vous savez? De plus, si vous vous êtes retrouvée ici à cause de mauvaises fréquentations et autres, sachez que retourner là-bas ne changera rien car ils vous poursuivront. Ainsi marche la pègre de nos jours...

Il observa la jeune femme dans les yeux, un petit sourire aimable sur les lèvres afin de lui montrer ses bonnes intentions et lui faire comprendre qu'elle pouvait lui faire confiance. Toutefois, la confiance était bien difficile a accordée en ces temps troublés...

Finalement ça ne s'est pas si mal passé, moi qui avais peur de la suite la jolie brunette semble avoir comprit ma situation. Si bien qu'à peine après s'être rassit à notre table je la vois se relever et partir en direction de la sortie. Elle me doit déjà beaucoup mais je me sens vraiment con de la laisser toute seule surtout qu'elle n'a pas l'air bien à l'aise ici à Métropolitopia. Elle avait certainement du se faire enlever à la surface avant de se faire amener ici dans la caisse ou je l'ai trouvé. Mais je ne peux pas me permettre de rester avec elle, avec ses ravisseurs qui doivent la chercher partout, mais aussi parce que j'ai déjà du mal à survivre tout seul.

* C'est chacun pour sa gueule *

Je souris en revoyant le vieux Charles, il y a des années de cela, dire cette phrase à tout vas après s'être fait largué par sa femme. Il avait un sacré morale ce clochard quand même, il arrivait à rire de sa situation qui était des plus déplorable. Même si au fond son raisonnement était juste ... Enfin bon maintenant que cette histoire est terminé il est temps de pensé à la suite, et à commencer par ce que je vais manger ce soir. Avec la viande que je me suis enfilé tout à l'heure je pense qu'une boite de conserve suffira, pas besoin de me risquer à voler une nouvelle fois au milieu du souk. Tout en réfléchissant à mon menu de ce soir je saisis mon verre et regarde à travers ce dernier, il est bel et bien vide ! Je m'exclame alors :

" Barman une autre bière ! "

J'ai récupéré quelques capsules cette semaine et je pense que c'est le bon moment de les dépenser. Après tout une bonne murge ne me fera pas de mal ! Allez c'est décidé, je me bourre la gueule à en gerber mes tripes !


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