Voilà, je suis enfin rentrée à Métropolitopia. Enlever toute la crasse du voyage ne fut pas aisé mais j'y suis enfin arrivée. La ville n'a pas changé depuis mon absence. Toujours les mêmes visages désœuvrés, bouffis par le mauvais alcool, les regards tristes, les marchands aux bourses pleines. Je fronce le nez : l'odeur n'a pas changé elle non plus. Je décide de me promener encore un peu dans les ruelles de la ville. La foule est très dense, réchauffant l'atmosphère froide et lugubre. L’hétéroclite population redonne des couleurs à ce vieux métro gris et poussiéreux. Il y est d'ailleurs facile de repérer les gens malhonnêtes dans cette foule. Ce sont les seuls à observer les passants, plongés dans leurs pensées. Œil-de-Nuit, mon loup, offre une protection suffisante pour dissuader les voleurs de bas étages. Mais il commence à se faire vieux et ne dissuade plus les malfaiteurs de s'en prendre à moi lorsque je suis seule. Enfin, c'est ainsi... Je m'inquiète beaucoup pour lui en ce moment car je sens au fond de moi que dans quelques temps, il ne pourra plus m'accompagner lors de mes déplacements.

Il me faut trouver un vrai travail, qui m'assure une paye à peu près régulière et un logement tous les soirs.

Il est vrai que j'ai déjà pensé à en trouver un mais ma liberté me convenait très bien à l'époque. Ah, les temps changent... Que ferais-je sans Œil-de-Nuit? Dès demain, il faudrait que je me présente à la Guilde des Chasseurs de Primes. Un métier fait pour moi je pense. Mais avant, j'aimerais récolter quelques renseignements sur cette fameuse institution.

Bon.. A qui puis-je demander ce genre de renseignements?

Le meilleur endroit pour obtenir des renseignements est et sera toujours une taverne. Je me dirige donc vers l'établissement le plus populaire : le Barakooda. Enfin, je repère les deux wagons qu'occupent le bistro. Comme d'habitude, la foule s'y presse afin de terminer une journée encore une fois médiocre et déprimante. J'essaie de repérer, parmi la salle remplie de fumée, un gaillard à l'air engageant, qui pourrait éventuellement savoir quelque chose. J'en repère finalement un au comptoir, et profites de l'absence de son voisin, parti avec une fille plus que douteuse, pour lui poser quelques questions. Après lui avoir offert quelques verres, mon ami semble enfin prêt à parler.

C'est à lui qu'il faut demander ça, ma jolie donzelle, le type louche là-bas. Je crois que c'est un de leur membres ou quelque chose comme ça.

Je le remercie chaleureusement et me tourne vers « l'autre ». Je n'aurais pas employé le mot louche pour le décrire, mais plutôt dangereux. 1m85 de muscles, ça se respecte. Brun, musculeux, ni gros ni maigre, l'air de prendre soin de son corps. Ses habits poussiéreux témoignent de sa vie passée sur les routes. Son regard est nul part et partout à la fois. Je devine qu'il surveille tout et tout le monde.

Bon je ferait bien de me dépêcher car je suis sûre qu'il m'a déjà repérée...

Je m'approche et avant que je puisse ouvrir la bouche :

Assieds toi, l'amie. Parles peu mais parles bien. J'ai peu de temps à consacrer au métier d'informateur. Pour toi, je fais une exception, mais ce sera la dernière...

Quel entrée en matière. Surprenant... Je lui expose mon affaire et il m'indique tout ce dont j'ai besoin de savoir. Le type de missions, le salaire... Bref, tout ce qui pourrait m'être utile. En partant, je lui laisse de quoi étancher sa soif et le remercie de sa bienveillance.

Bienveillance... Mmmh... Ce n'est pas le terme adéquat. J'aurais plutôt dit : un potentiel investissement. Allez va et tu as intérêt à réussir...

Intriguée, je n'ajoute rien et sort de la taverne en évitant mon joyeux informateur du comptoir, rendant le trop plein d'alcool. Je ne comprendrais jamais les gens qui s'enivre à ce point, c'est complètement absurde. En rentrant à mon cabanon provisoire, je pense à notre futur avenir, plein de nouvelles promesses... Œil-de-Nuit et moi allons bientôt avoir un vrai toit sous la tête. J'ai compté deux heures de trajet environ pour aller à Nécrotopia, la nuit sera donc courte. Dès demain, je ne serais plus jamais la même.