La Seine était un fleuve dangereux, passant au coeur d’une ville dangereuse, dans un monde dangereux. Rien à dire de ce côté-là le quota d’hostilité des lieux était rempli : les mollusques vitreux qui attrapaient des pêcheurs, les rads-poissons mortels. Il avait survécu une fois à la faune marine des lieux, inutile de tenter le diable en replongeant. Bérenger jeta un oeil à la structure qu’ils allaient nettoyer : le palais Chaillot, l’endroit était plutôt en bon état d’après les différentes expéditions de reconnaissance, le seul et unique problème était le gang qui en avait fait son QG. Pas vraiment une bande organisée comme les Wendigos ou les Amazones mais plutôt un regroupement de truands pas tellement psychotiques qui louaient leurs services au plus offrant. Des mauvais mercenaires, voilà ce que c’était ; des types sans aucun état d’âme qui faisaient de tout et travaillaient pour le plus offrant. A vrai dire ça l’étonnait qu’aucun d’entre eux n’ait répondu à l’appel, sans doutes qu’ils y avait des gens qui offraient plus pour la même tâche.
Le mutant regarda sa montre : Quatorze heures trente. Le rendez-vous était fixé à quarante cinq et toujours personne en vue. Marie apprenait le maniement d’un pistolet, ou plutôt comme recharger et armer le flingue sans l’enrailler ; les armes à feu de la FNF étaient relativement capricieuses et le sable s’infiltrait partout.
Un raclement de gorge interrompit ses réflexions.
Marie qui galérait toujours avec le Beretta, il fallait avouer que les M77 n’étaient pas très efficaces en temps normaux et entre des mains inexpérimentées ils ne se relevaient utiles qu’à bout portant. Bérenger soupira et se décida à offrir son PL-A1 à sa partenaire, lui savait se servir d’à peu près n’importe quelle arme ; du fusil à lunettes au lance-flamme en passant par la fronde.
-Tu penses que quelqu’un viendra ?
Le mutant haussa les épaules.
-Cinq cents francs par tête avec tout le matos sur place à disposition c’est plutôt bien non ?
Le mutant hocha la tête.
La métallurgiste inspecta sous tous les angles l’arme avant de jouer avec le cran de sécurité un temps avant de remettre le bloqueur de gâchette à sa place.
Un jour il faudrait que le mercenaire lui offre un holster ; les accidents arrivaient vite et il avait déjà vu quelqu’un perdre ses attributs virils à cause d’une sécurité mal placée. Au moins elle, gardait le PL-A1 entre ses mains.
Bérenger arma son Flamas en prévision des événements à venir et se décida à grimper la tour de eiffel à la manière forte : en escaladant un par un les millions de barres de fer. L’un des avantages de l’alpinisme et que l’on n’avait plus vraiment peur des hauteurs, d’autant plus qu’en dessous du premier étage il y avait un bon perchoir pour apercevoir les types qui arriveraient au loin.
-Tu me laisses toute seule alors ?
Nouveau hochement de tête.
-Connard.
C’était plus sûr et plus simple : les psychotiques essaieraient de la violer quand lui serait caché en hauteur prêt à les canarder comme des lapins.
Quelqu’un se pointa ; engoncé dans une armure noire de la tête aux pieds avec pas un atome de peau à découvert.
Marie fit un petit signe au mutant : tout était bon.
Ne restait plus qu’à attendre que l’heure passe et faire le compte du nombre de mercenaires qui s’étaient pointés : un seul pour l’instant.