Inscription : 18/02/2014 Messages : 10 Antoine Coudray
Sujet: [QG du Comte] - Labo à plein régime Ven 28 Fév 2014 - 23:26
La Magie Bleue
Rue du Faubourg Saint-Martin. Un vieil immeuble à la façade érodée par le temps et les outrages de la guerre. Derrière ces murs piquetés de traces de coups de feu et noircis par les cendres et rongés par les radiations, derrière cette devanture miteuse, un endroit bien gardé. Donnant sur la rue, une antique vitrine, ou plutôt ce qu'il en restait : encadrements de bois vermoulus, sur lesquels on devinait les grandes vitres qui y logeaient autrefois, remplacés depuis longtemps par de solides planches renforcées de montants métalliques. Dans cette barricade, quelques ouvertures pratiquées à hauteur d'homme, d'où l'on pouvait observer la rue – et le cas échéant balancer quelques bastos à l'attention d'un quidam trop curieux. La porte, un solide panneau de bois bien épais, lui aussi renforcé de métal, était maintenue fermée, et flanquée de deux gardes en faction. Chacun d'eux tenait, bien en évidence, un imposant fusil ainsi qu'une arme d'appoint, remisée dans l'étui à sa ceinture. Les deux armoires à glace surveillaient la rue, l’œil acéré.
On était dans un secteur où l'on pouvait s'attendre à tout. Malgré cela, il fallait reconnaître que tout le monde savait où se trouvaient les limites, et elles étaient rarement franchies. Amazones, Malesbranches ou hommes du Comte, tous savaient où ils pouvaient aller et venir, et où ils ne le pouvaient pas. Les affrontements se faisaient rares, bien que le passé avait connu son lot de fusillades, de luttes de pouvoir. Bien entendu, il arrivait encore qu'un des gangs tente une percée, histoire d'élargir son emprise sur les environs, mais cela relevait plus de l'anecdote que de la bataille rangée. Généralement, ça se réglait par quelques cadavres dans une rue sur la frontière entre deux territoires de gangs, et on en restait là. Mais revenons-en à notre bâtiment...
Il s'agissait d'une ancienne épicerie, ce qui expliquait la devanture rafistolée. Une petite boutique, dont l'intérieur était raccord avec l'extérieur. Du moins pour les murs. Le mobilier, lui, était bien différent de ce qu'il avait été à l'époque. Un salon avait été installé dans le magasin. Fini les rayonnages de boîtes de conserves, de produits pour l'hygiène et autres choses utiles. À la place, une table basse de fortune, fabriquée à la main avec des matériaux de récupération, et de chaque côté deux canapés se faisant face, le tout éclairé par deux lampes vacillantes, alimentées comme le reste du bâtiment par un câblage installé clandestinement. En le remontant, on pouvait atteindre un poste avancé de la FNF. Personne n'avait jamais rien remarqué, et ça faisait des années que ça durait.
Deux portes débouchaient sur ce salon de fortune. L'une donnait sur un petit appartement, aménagé dans l'ancienne réserve. Un logement spartiate, qui comportait le minimum vital pour cinq à six personnes. Lits avec de bonnes couvertures, éclairage, une table et des chaises pour les repas, de quoi préparer ces mêmes repas, et même une bassine et un broc destinés à la toilette.
L'autre porte menait à une cage d'escalier. En montant, on se rendait à l'appartement privé du Comte, Antoine Coudray. L'homme qui régnait sur le quartier, qui englobait la Gare de l'Est et une partie du Canal Saint-Martin. Délimité par la Rue La Fayette, le Boulevard de la Villette, la Rue du Faubourg du Temple et le Boulevard de Magenta, le territoire s'imbriquait dans une sorte de rectangle accolé aux fiefs des Malebranches et des Amazones. En descendant, on arrive dans le cellier de la boutique. Ici, rien d'autre qu'une vaste pièce, semée de piliers de briques soutenant le plafond craquelé. Plusieurs lampes et projecteurs éclairaient judicieusement de nombreuses tables, sur lesquelles étaient posées des instruments. Des fioles, des tubes de verre, des pipettes, des éprouvettes, tous remplis de liquides colorés de nature inconnue des profanes. Au milieu de ce fatras où l'on se perdrait, un homme se tenait courbé au-dessus d'un lot de tubes où il faisait tomber un produit à l'aide d'un compte-goutte. L'air appliqué derrière ses épaisses lunettes, il comptait chaque quantité ajoutée dans chaque tube et le notait sur une feuille de papier juste à côté. Tout à son travail, il n'avait pas entendu l'homme qui venait de descendre dans son laboratoire, et qui toussa pour s'annoncer. Le scientifique, un homme du nom de Pierre Michaud, se redressa et se retourna pour voir qui venait d'arriver.
« Oh, c'est vous, Monsieur. Je ne vous attendais pas aussi tôt... »
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Sujet: Re: [QG du Comte] - Labo à plein régime Sam 1 Mar 2014 - 17:00
« Je sais. Écoute, Pierre... Il faut qu'on parle, tous les deux. »
Les seules fois où Coudray avait appelé le Chimiste par son prénom se comptaient sur les doigts d'une seule main, celle-ci comprise. Immédiatement, Pierre comprit que c'était sérieux, ou important. Ou les deux. Il reposa la fiole qu'il agitait au-dessus de la flamme d'un bunsen, et Coudray s'installa sur une chaise vide en soupirant de lassitude. Il était pourtant tôt, comme l'avait fait remarquer le Chimiste.
Le Comte fouilla sa poche de veste et en sortit une petite boîte métallique tout à fait reconnaissable. Des Mentats. Des années qu'il était accro à cette cochonnerie. Mais c'était ce qui était de loin le moins nocif, comparé aux autres cames sur le marché. Toutes les autres étaient des merdes, avec divers effets secondaires, et parfois plutôt dangereuses. Le Mentat restait amusant, bien qu'addictif, et jusqu'ici, à part ces impérieux besoins d'en gober un le matin au réveil, Coudray n'avait jamais ressenti de désagréments autres que les symptômes classique du manque. Il ouvrit la boîte, prit un comprimé – le dernier – et jeta la boîte vide sur la table voisine.
« Ça fait combien de temps qu'on travaille ensemble, hmm ? Huit ans ? Neuf ? – Dix, presque onze. – Bordel, ça file... Enfin. Je viens pas te parler de ça. Ça fait donc dix piges qu'on bosse ensemble. Et j'ai jamais eu à me plaindre de ton travail, que ça soit clair. – Merci. Mais... ? – Mais... Les gars ont de plus en plus de mal à me fournir en came. Tu sais... Les stocks d'avant-guerre diminuent de partout. Et avec la concurrence, on peut pas dire que ça s'arrange. – C'était pour ça qu'on coupait les produits, pour faire du volume à revendre, non ? – Exact, et c'est là que ça pèche. Les quantités que les gars nous trouvent ne suffiront bientôt plus. On a trop de clients, dit Coudray en levant les mains. Il nous faut trouver une autre solution. »
Le Chimiste comprenait parfaitement où son patron voulait en venir, et il ne savait pas s'il pourrait le contenter sur ce coup. Couper des substances pour les revendre, il pouvait y arriver. Si on lui ramenait de la came assez pure, il n'y avait pas besoin de grandes compétences pour ce genre de boulot. Il suffisait de déterminer le taux de pureté de base, et ensuite de couper le produit pour atteindre la dilution voulue.
« Vous voulez produire ? – LÀ ! EN PLEIN DEDANS ! Tu l'as dit, Chimiste : produire. – Je ne sais pas si je peux le faire. – Attends un peu que je te dise ce que je veux... Tu pleurnicheras après, tu veux ? – Très bien. Expliquez-moi. – Okay... Je me fous de ces merdes qu'on trouve dans la rue. Le Psycho, c'est le plus courant, mais avouons-le, c'est démodé. Tous ces pauvres camés, dehors, se contentent de ce qu'ils trouvent, alors... Évidemment que ça leur suffit, cette saloperie qu'ils s'envoient, du moment qu'ils se défoncent... Ce que je veux, c'est quelque chose qui se vende. Qui se vende bien, et qui se vende beaucoup. Il faut que ces pauvres cons y reviennent. Il faut qu'ils y reviennent en courant, en rampant s'il le faut, mais je veux qu'ils y reviennent. On se comprend ? – Puissant inducteur de dépendance, donc. Ça c'est jouable sans difficulté. Il suffit que ça influe sur le cerveau de la bonne façon. – Je me fous des détails techniques... Seul le résultat m'intéresse. – Okay, okay. Mais il me faut quand même un produit pour avoir une base. Comme... – ...comme un artiste trouve son inspiration. Bien entendu. Mêmes les plus grands avaient de multiples sources d'inspiration. Beethoven, Mozart, Haendel... Ils avaient tous leur truc personnel. »
Coudray eut un petit rire et se leva. Il se dirigea vers la porte et fit signe à quelqu'un à l'extérieur. Gérard, son garde du corps, entra dans le labo. Il portait une caisse en bois, dont le contenu cliquetait à chaque pas et à chaque mouvement du grand costaud. Sur un autre signe du Comte, Gérard se dirigea vers la table où le patron avait jeté sa boîte de Mentats vide. Le Chimiste y jeta un œil. Des Mentats. Une caisse entière, pleine de boîtes de Mentats. Il y en avait pour du pognon...
« C'est ma réserve personnelle. J'en ai encore, assez pour ma consommation. Sers-t'en pour travailler. – C'est pas ce qui est le plus demandé. – Je sais. Mais c'est aussi ce que je peux te donner, en quantité. Justement parce que c'est pas ce qui est le plus demandé. J'en bouffe, de ces trucs, tu sais ? Alors, une bonne partie de ce que les gars ramènent tombe dans ma réserve. Garde cette caisse, et bosse dessus. – Très bien. Je pense déjà savoir ce que je vais en faire. Mais ça va prendre du temps. – Peu importe. Tant que ça ne se compte pas en années. On ne tiendra pas des années, à ce rythme. Fabrique-moi une came nouvelle. Quelque chose qu'on vendra aussi bien que les merdes habituelles. À ceci près qu'on n'aura pas besoin de la couper, puisqu'on la fabriquera. On en aura autant que nécessaire. Pas de défaut d'approvisionnement. Pas d'intermédiaires. Pas de descentes dangereuses pour trouver des drogues de base. On simplifie le boulot, et on ramasse le blé. – Ça mérite bien un petit effort, conclut le Chimiste avec un sourire. – HAHA ! C'EST EXACTEMENT ÇA ! J'adore ce mec... Tu vois Gérard, c'est exactement cet esprit qu'il faut avoir : toute bonne chose mérite un petit effort. Tu vois ? – Oui, M'sieur l'Comte. »
Le Mentat commençait à faire effet sur le cerveau du Comte. La dopamine que délivrait son mésencéphale venait exciter ses récepteurs dopaminergiques, provoquant une sensation de plaisir et une euphorie qu'il commençait à extérioriser. C'était le circuit normal. Maintenant, ses capacités mentales allaient être augmentées de façon significative. Il allait avoir de grandes facilités à apprendre et à se concentrer. C'était pile le bon moment pour que le Chimiste lui explique son idée.
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Sujet: Re: [QG du Comte] - Labo à plein régime Lun 3 Mar 2014 - 16:30
« Les Mentats sont des psycho-stimulants. Ils agissent comme des dopants pour le cerveau. Concentration, performance, tout est amélioré, et vous apprenez plus vite et plus facilement. Ça, vous le savez déjà. C'est sur l'induction de dépendance que je vais devoir travailler. Si les Mentats provoquent la dépendance, c'est surtout psychologique. Le cerveau veut sa dose de dopamine, et cette sensation de bien-être que cela procure donne envie de reprendre une dose quand cela disparaît. La dépendance physique, avec cette drogue, n'est que légère, et après de nombreuses années d'utilisation. – Il faut donc faire en sorte que cette dépendance soit bien réelle, et plus rapide. – Exact. Le problème, c'est que pour ça il va falloir faire de nombreux tests. Ça va prendre du temps, et des cobayes. Il va falloir me trouver des gens sur qui tester les substances que je vais produire. – Ça ne sera pas un problème. Les environs grouillent de pauvres gens en quête de sensations nouvelles, ou d'argent facile. Je peux leur promettre les deux. – Il y a aussi un risque de mortalité, surtout au début, le temps que le dosage soit prêt. – On s'en tape. Quelques clodos de moins, ça peut pas faire de mal... – Très bien. Je commence tout de suite, alors. Vous avez un peu de temps pour trouver des cobayes. Le travail, dans l'immédiat, va surtout être l'analyse du Mentat, pour que je sache quel en est la composition exacte. Ensuite, je vais devoir déterminer quelles molécule je vais ajouter ou changer, et comment je vais les obtenir. Viendront ensuite les premières productions et les premiers essais. – Parfait ! J'ai hâte de voir cette merveille. Bien, puisque tu as du travail, je vais te laisser en paix. Fais-moi savoir, si tu as besoin de quoi que ce soit. Ce boulot est prioritaire sur tout le reste. Les stocks qu'on a devraient suffire à faire le tampon entre l'offre et la demande, du moins quelques jours. – Aucun problème, Monsieur. – Dans ce cas, je ne te dérange pas plus longtemps. À plus, Pierre. »
Le Comte et Gérard s'éclipsèrent, laissant le Chimiste à son laboratoire.
Le travail allait être long. D'abord pas mal de théorie, surtout avec les composés à imaginer et à équilibrer, avant de passer à la synthèse des molécules. Pierre commençait à prendre la mesure de ce dans quoi il avait mis le pied. Une belle montagne de merde.
L'analyse des Mentats ne fut pas longue. Les molécules furent rapidement isolées et identifiées. Cocktail aux savantes proportions d'amphétamines, de cocaïne, de caféine et d'antidépresseurs. Le tout coupé par des excipients, et présenté sous forme de comprimé. L'équilibre entre toutes les substances faisait l'identité du produit et son efficacité. Il suffisait de remanier tout ça, d'en faire quelque chose de différent et d'unique, et de le rendre rapidement indispensable pour ceux qui viendraient à le consommer.
Le Chimiste travailla d'arrache-pied, noircissant des pages et des pages de compositions, de schémas moléculaires, de calculs, posant les bases de la synthèse du futur produit et annotant les parties les plus difficiles, afin d'y apporter plus tard des améliorations. Après plusieurs jours de travail de scribouillard, il se mit à alléger un peu la chose, en reprenant les principaux axes de travail et en en faisant un résumé. Il pouvait maintenant passer à la vraie chimie.
Il commença par prendre une bonne quantité de comprimés de Mentats. Puisque c'était ce qu'il avait de disponible, il allait travailler directement avec. Réduits en poudre et dilués, dissociés, les Mentats se transformèrent – sous l'action de ses connaissances, de ses talents et de ses instruments – en composants séparés, qu'il serait facile de recombiner en quantités désirées. Tout était là, dans ce simple dosage.
Il fallut plusieurs semaines pour qu'enfin soit terminée la première mouture de cette nouvelle drogue, dont le Comte voulait inonder le marché. Sur le papier, cela devait fonctionner. Des effets psycho-stimulants plus intenses, mais à la durée plus courte, et surtout une plus grande action sur la production d'endorphines et de dopamine, ce qui devait provoquer rapidement une forte dépendance. Mais tout cela ne restait que de la théorie, sans tests.
C'est là que les cobayes firent leur entrée dans le processus. Des camés, sans argent, qu'on avait ramassés dans la rue et à qui on avait promis de la drogue gratuite, quelque chose de nouveau et qu'il fallait à tout prix essayer. Eux qui ne pouvaient se payer leur dose y voyaient une occasion de se défoncer gratos, ce à quoi seul un fou aurait dit non.
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Sujet: Re: [QG du Comte] - Labo à plein régime Mer 5 Mar 2014 - 14:23
Mais les premiers résultats des tests ne furent pas à la hauteur des espérances. Le contraire aurait été étonnant tout de même. Difficile de réussir du premier coup, avec les moyens primitifs dont pouvait disposer le Chimiste. Certes, il avait du talent, mais le matériel restait rudimentaire, malgré quelques instruments et ustensiles bien entretenus. Presque tout était fait de récupération et de bricolage, alors pas étonnant que les premiers essais se montrent peu concluants.
Les premiers cobayes ne montraient aucun signe d'accoutumance rapide. Du moins pas plus qu'avec le classique Mentat. Le dosage devait être foireux, mais il fallait maintenant trouver où. Pourtant, c'étaient les mêmes substances, juste remaniées en quantité, mais il fallait croire que justement, ces quantités avaient leur importance. Bref, tout était à recommencer.
Pierre décida de changer de méthode. Il allait fabriquer plusieurs composés, avec plusieurs dosages différents, tout répertorier consciencieusement et méthodiquement, puis les administrer aux cobayes, chacun son produit-test. Celui qui montrerait des résultats satisfaisants servirait de base pour la suite des recherches, et ainsi de suite jusqu'au produit final.
Et Pierre ne fit pas les choses à moitié. Ce fut pas moins de trente-quatre versions de sa synthèse qu'il parvint à produire. Trente-quatre dosages différents, testés sur trente-quatre cobayes. Après trois longues semaines d'essais, deux montraient une nette dépendance à leur produit respectif. Une analyse comparative des deux échantillons permit de mettre en évidence leurs points communs et d'en faire une nouvelle base de travail.
En procédant ainsi de nombreuses fois, le Chimiste finit par obtenir une formule stable, pure et aux effets désirés. Si l'on voulait résumer, c'était très similaire aux Mentats, et mêmes les connaisseurs pouvaient s'y tromper au début. Mais en réalité, la différence était nettement observable. Les effets duraient moins longtemps, ce qui obligeait le drogué à prendre une nouvelle dose plus rapidement. Cela en augmentait l'addictivité, et en moyenne, un consommateur devenait dépendant dès la troisième dose. L'activité cérébrale était stimulée bien plus fort qu'avec le Mentat classique, donnant au consommateur l'impression de posséder une intelligence dépassant l'imagination. Cela avait pour effet de faire tomber les inhibitions, mais ne durait guère plus d'une heure. Ensuite, la stimulation s'amoindrissait petit à petit, jusqu'à disparaître. Venait alors la descente, et son lot d'effets secondaires. Selon les individus, l'intensité variait, allant de la perte d'euphorie à un abattement profond, voire de la dépression, des maux de tête, des vomissements, une baisse du rythme cardiaque et de la tension artérielle... Sur la totalité des "testeurs", on dénombra six décès. Deux à cause de l'instabilité du produit, dans son tout premier stade d'essai, les autres dus aux effets du manque, qui pouvait induire des accidents cardiaques et cérébraux.
C'était un bon produit, et il n'avait fallu que moins de deux mois pour le développer. Le Chimiste présenta son bébé au Comte, aussitôt le travail terminé. Il n'était pas peu fier de pouvoir dire qu'il en avait fini, après si peu de temps.
« Alors, Chimiste... Il paraît que tu as bien travaillé ? – C'est ce qu'il semblerait, Monsieur. J'ai fini avec votre nouveau produit. Et je pense qu'on a quelque chose. – Bien. Fais-moi voir ça. »
Pierre étala trois boîtes sous le nez de son patron. Chacune contenait une version différente de la nouvelle drogue du Comte.
« La vache ! On peut effectivement dire que je perds pas mon pognon en te payant... Explique-moi. – J'ai obtenu ce produit après pas mal de tests, mais c'est stable, et surtout, c'est tel que vous le vouliez. J'en ai fait trois sortes, basées sur le même principe actif, mais aux temps d'action différents. Ici, la formule de base. C'est mon composé, additionné d'autres matières pour pouvoir en faire des comprimés. Ça s'avale comme n'importe quel comprimé, et ça se dissout lentement. Les effets sont progressifs, et durent plusieurs heures, mais ne sont pas très intenses. C'est la forme la moins "agressive". Ensuite, ces gélules. C'est la formule active, coupée pour avoir un dosage précis, enfermée dans une enveloppe digestible. On l'avale, et ça finit par se dissoudre, mais d'un seul coup. Les effets sont plus soudains, et plus intenses, mais durent nettement moins longtemps. Enfin, ceci. Il désigna la dernière boîte, pleine de petits sachets de papier. Il en tendit un au Comte, qui y trouva une poudre fine et bleu pâle. C'est le produit en question. C'est exactement la même chose que les gélules, sans l'enveloppe. Ça s'injecte. Les effets sont immédiats, et bien plus intenses, sans aucune comparaison. En revanche, c'est très court. – On en a pour tous les goûts, j'aime ça ! Mon Pierrot, c'est du bon boulot. Du grand Chimiste. Bravo. Je sens qu'on a de belles années devant nous... »
Avec le feu vert du Comte put commencer la production de cette drogue nouvelle qui allait être vendue dans la rue. Sa couleur, un bleu pâle caractéristique, lui donna son nom.
Bientôt, la Magie Bleue allait débarquer sur le marché.