"Pourquoi pas d'arme ? Et bien je suppose que le personnel mobilisé est assez compétent pour assurer la puissance de feu nécessaire à la protection de l'appareil."

Versailles aurait presque put sourire, elle se contenta de vérifier le mécanisme de son QSG et de nettoyer le sable encore présent entre les balles du chargeur. Le soleil ne se lèverait que dans une heure mais le hangar était en pleine effervescence. Les mécaniciens et autres techniciens exécutaient leur révision de routine sur vertiptères, camions et autres véhicules flanqués du drapeau tricolore. Elle était seule avec le caporal Von Damme, pilote de la version républicaine du prototype crée à partir du xiao xiao ramené à Lutèce.

"En tout cas plus compétents que ceux qui ont ramené la carcasse du robot chinois. De toutes les avaries qu'aurait put subir l'engin, il fallait que ça concerne le système d'armement, par leur faute impossible de reproduire un système stable."

Versailles leva les yeux vers le pilote, inutile de lui révéler son implication dans la capture du robot. Le passé reste au passé, nouveau jour, nouvelle mission. Si son fusil devait tirer une balle, elle atteindrait son but quoi qu'il arrive. Le robot se dressa sur ses "jambes" dans un long bourdonnement.

"Et voilà je pense qu'on est prêt à partir ! Aujourd'hui c'est un plus un égal un !"

"Pardon ?"

"Vous n'avez pas compris ? Un plus un égal un, moi et le robot n'allons faire qu'un !"

"Je vois."

Le caporal Camille Von Damme débordait d'une énergie et d'une joie de vivre assez rare dans les rangs républicain ces derniers temps.

"Vous avez le plan de route ?"

Versailles lui tendit un calepin avec diverses annotation sur une carte récente de Paris.

"On attends le capitaine Rinaldo (Daubât ?) et un de ses hommes du 1er de reco. Je crois qu'on va se promener le long de la frontière au sud."

« Alors c'est quoi la mission aujourd'hui chef ? demanda Dewitt impatient d'avoir un peu d'action après ces quelques jours de repos.
- Une ballade en robot ça vous dit ? répondit Martin.
- J'en ai toujours rêvé chef !
- Tant mieux vous marcherez devant alors.
- Quoi ! Mais je croyais que je serais dessus !
- Privilège des chefs. Vous aurez le droit à ce genre d'avantage si vous léchez assez de bottes.
- Je m'y met tout de suite alors ! »

Le petit groupe, composé de Martin, Julie, et Franck Dewitt se mit à rire. La journée était belle. Le colonel Chan n'avait pas encore terminé le paperasse pour la réintégration de la 5ème escouade dans la hiérarchie, les nouvelles recrues allaient bientôt arriver mais pour pas que le groupe se rouille et que les futurs sous-officiers apprennent mieux le métier (en l’occurrence que Franck fasse plus que tuer trois-quatre psychotiques).
La mission était simple. En gros balader un robot dans Paris voir s'il se débrouille bien pour en faire une arme de guerre. La mission de récupération avait été compliqué mais les gars s'étaient débrouillés et on avait demandé à ces mêmes types de rempiler. Ils devaient être contents de pouvoir enfin se reposer. Martin aussi.
Pour l'occasion ils s'étaient équipés léger. Enfin ils partaient comme en patrouille et pas comme en exploration de plusieurs jours d'affilés avec éliminations d'hostiles en supériorité numérique. C'est à dire pas de M40 et de sac rempli jusqu'à craquer.

Quand ils virent un masse plutôt imposante qui ressemblait à la photo de l'ordre de mission et d'une quinzaine de types qui s'affairaient autour ils surent qu'ils étaient au bon endroit.

« Bon les gars, dit-il en arrivant, je suis le capitaine Rinaldo. Voici mes équipiers le soldat Dewitt (celui ci hocha la tête), et le médecin-adjudant Julie Grandieux. Ce sera notre ange gardien pour cette mission. Je pense que vous êtes au courant mais ce sera plutôt tranquille. On va faire une petite patrouille de routine vers la zone sud.
On devrait pas rencontrer d'ennemies mais la zone est plutôt chaude. Je vous connais pas tous et j'ai pas eu le temps de lire vos dossiers alors ce serait sympa de me dire qui et qui, que je puisse m'y retrouver. Si vous avez des questions...»

"Capitaine dans le Hangar !"

Versailles fut agréablement surprise par l'allure et le charisme de l'officier, elle s'était attendu un un homme mur et austère mais n'était pas insensible à un certain charme émanant de Rinaldo. Elle s'avança d'un pas et entama la présentations de l'effectif en rang devant leur supérieur.

"Sergent Versailles Unité Alpha monsieur. Soldat Ermelinda De Rosa Unité Alpha, et Caporal Von Damme attachée aux manœuvre du prototype."

L'escouade était au complet, les présentations étaient faites mais de nombreuses questions restaient en suspens alors que tous avaient les yeux rivés sur l'imposant prototype issu de l'étude du robot communiste.

"Capitaine ? On nous dit qu'on va dans le sud, je veux bien mais à quel point ?"

De retour du projet Héraclès, Versailles avait selon ses propres dires vu assez de psychotiques pour le reste de sa vie. De quoi demander une mutation à un post de fonctionnaires à Lutèce. Mais l'appel du terrain était une inexorable puissance qui ne s’apaisait qu'au son du FLAMAS. Selon Von Damme les capteurs du prototypes permettaient de prévenir toutes sortes d'embuscades et de coups fourrés, mais s'ils étaient en mission de tests c'était bien la preuve que les grosses têtes de la recherches n'étaient pas certains des résultats sur le terrain.

Les soldats se présentèrent. Le sergent Versailles attirait son regard mais le boulot prime sur tout le reste...
Son esprit soupira d'être autant astreint à cette discipline de fer qu'on lui inculquait depuis tout jeune et se concentra sur les questions techniques.

« On va sur la frontière, mais on la dépasse pas. En fait la mission c'est de rencontrer un petit groupe de psychotique pour voir si le robot réagit bien en situation de combat. C'est le test grandeur réel quoi. »

Pourquoi leur mentir ? Ils allaient devoir affronter le feu adverse, autant qu'ils soient au courant. Ils devaient pas être très content, mais s'ils s'étaient portés volontaires (ou pas) les ordres étaient les ordres. Ça lui plaisait pas plus que ça non plus.

« Caporal Van Damne ?
- Oui ?
- Donc c'est vous le pilote. Bien... Donc comprenez bien qu'on va vous tirer dessus. Vous pensez que la machine tiendra ?
- Je pense Monsieur.
- Vous sauriez réagir au cas où ?
- Oui !
- Excellent. On sera donc tout les 6. Pas plus, pas moins. Simple mission de routine pour vérifier la frontière, officiellement, avec le test du robot en plus. Savoir si ce truc pour résister à des impacts de balles et si ça réagit bien au combat, officieusement. Juste pour vérifier si le cahier des charges est bien respecté. »

Martin avança jusqu'au robot. Il grimpa à l'endroit prévu pour accueillir les soldats. Il s'accrocha fermement avant de redescendre.

« Ça m'a l'air solide. Foutez moi tout votre barda sur le robot, on garde que les armes. Sergent Versailles vous prenez la tête avec Dewitt et De Rosa. Dewitt tachez de bien regarder comment fait le Sergent, prenez en de la graine. Je vous surveillerai depuis le robot. »

Tous se préparèrent à partir. Chacun prit sa place. Le capitaine et Julie s'arrimèrent au robot. Puis toute la petite troupe prit le chemin de la frontière Sud.
Avant d'arriver à la porte Julie ne put se retenir de se plaindre du mouvement saccadé du robot qui lui donnait envie de gerber. Martin ne répondit pas. Il était concentré sur la tactique à suivre en cas d'assaut.

La porte de Lutèce franchit tous surent que ce ne serait pas une ballade idyllique comme ils l'avaient espéré.

Par ici cher ami.