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 L'Hospitalité des Saigneurs

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Saint Vincent de Räzell
Saint Vincent de Räzell
MessageSujet: L'Hospitalité des Saigneurs   L'Hospitalité des Saigneurs I_icon_minitimeJeu 22 Aoû 2013 - 19:56


L'hospitalité des Saigneurs


Il fallait écouler la dope. Vincent s'était laissé tenter par la nouvelle option des combats clandestins d'Auteuil, où il pensait pouvoir gagner de l'argent tout en écoulant une bonne quantité du stock. Mais il devait le reconnaître : les affaires avaient beaucoup moins bien fonctionné qu'il ne l'avait escompté.

Assez perdu de temps, il fallait vendre, beaucoup, et rapidement. Il ne pouvait pas se permettre de laisser les affaires tourner au ralenti de la sorte. Pas s'il voulait détrôner ses anciens frères de seringues, les Tridents. Il passa en revue les clients de sa première tournée. Louis-Marie le Dingue était le plus gros chiffre d'affaire de la dernière tournée. Un homme riche, puissant, et ne tolérant que le nec plus ultra. C'était de ce côté qu'il fallait aller voir. La première vente s'était passée à merveille. C'était un homme courtois, intelligent, et plein de bon sens, bien que se cachait derrière cette façade – et le Saint le savait pertinemment – un salopard sadique comme pas deux.

Comme la première fois, c'est donc à sa luxueuse résidence (un immeuble haussmannien de deux étages au cœur de Paris, richement aménagé, et refait à neuf - ce qui avait surement, d'après le Saint, coûte une fortune -, protégé par une demi-dizaine de M. Main reprogrammés) que le Saint se rendit pour rencontrer l'homme.

A l'entrée de l'immeuble, plusieurs types à l'allure peu recommandables - mais pas plus effrayants que le Saint, tout bien pesé - dévisagèrent le nouvel arrivant avec des airs de chiens de garde. Un petit gang de psychotiques, certainement, qui devait avoir quelques accointances avec le maître des lieux. Saint-Vincent ne fut pas surpris. Il ne céda pas à la panique outre-mesure, ayant pris une très grande rasade de Château-la-Pompe dans sa gourde avant de venir. Il appréciait les effets sur la confiance en soi qu'offrait l'alcool qui coulait dans ses veines. Peu de drogues – sauf peut-être les Mentats – procuraient le même sentiment de toute-puissance et de sécurité. Par ailleurs, aucun des visages des hommes présents ne lui était connu. Par conséquent, il put écarter rapidement l'hypothèse de leur appartenance au Trident.

Il s'approcha sereinement de l'interphone près de la porte, passant entre les psychotiques, sans même leur décrocher un bonjour, non plus que de regards trop insistants. Bien des gens sont morts dans ses rues pour un regard jugé trop chargé de défiance ou d'arrogance. Mieux valait regarder devant soi, et ne pas chercher les ennuis.
Il sonna. Une voix déformée par la transmission lui répondit au bout de quelques secondes.

« Moui ?
Bonjour, je souhaiterais m'entret'nir avec Louis-Marie, je vous prie.
De la part de ?
Saint Vincent. Nous avons traité une affaire ensemble, y a pas si longtemps.
Une minute. »


Le canal de communication s'interrompit. Le Saint attendait bêtement, les bras balants devant la porte, en fixant l'interrupteur. Il avait la certitude que les gars près de lui l'observaient, jetant des regards haineux dans son dos. Il le sentait. C'est une sensation très particulière de se sentir observé. Il se sentait très con, et particulièrement démunis face au danger, ici, poireautant comme un crétin devant sa porte. Quelle désagréable sensation ...
Au bout d'un moment, l'interrupteur se remit à nouveau en marche.

« Monsieur ?
Oui ?
Louis-Marie accepte de vous recevoir. Veuillez-vous rendre dans le vestibule, où vous serez pris en charge par un employé qui vous mènera à lui.
Merci. »


La porte s'ouvrit automatiquement. Il entra, et elle se referma derrière lui, aussitôt. Les autres étaient restés dehors, zonant devant l'entrée comme des chats près d'une poissonnerie.

* * *

L'intérieur était décoré avec beaucoup de goût. Dans ce hall d'entrée, on remarquait dès en rentrant le guichet en bois massif, sculpté, puis, juste au dessus, un magnifique tableau qui imprégnait l'esprit. Vincent le trouvait particulièrement décadent. Des hommes nus portants des casques d'or surmontés de crêtes iroquoises, et armés de longs poignards à la forme phallique enlevaient des femmes encore plus dévêtues qu'eux, se débattant entre leurs bras. Il y avait un véritable dynamisme dans le tableau – et tellement de réalisme ! - comme si les personnages allaient d'un coup s'agiter dans la toile. De surcroît, la peinture était mise en valeur par un cadre en or très travaillé.
Le Saint nota, avec la même incompréhension que lorsqu'il avait vu ces statues au style si semblables dans les ruines de Paris, qu'à nouveau, les organes génitaux masculins étaient singulièrement atrophiés. Il se demanda si les lointains ancêtres qui avaient réalisé ces œuvres se prenaient comme modèles, et si ça ne les avait pas mis mal à l'aise de se représenter avec de si petites queues.

En laissant son regard vagabonder, il constata les portes-fenêtres présentes à droite et à gauche, en même temps qu'un large escalier de bois revêtu d'un tapis rouge. La classe au palace, quoi. Et le summum, l'immeuble était alimenté en électricité, projetant les lueurs blafardes et orangées d'une centaine de néons basse tension disposés un peu partout. C'était visiblement pas l'apocalypse pour tout le monde.

« Enchanté, M. Saint-Vincent. Je suis M. Virgile, robot d’accueil intelligent. Veuillez me suivre jusqu'au vestibule. »
Le Saint avait sursauté. Il n'avait pas entendu cette foutue boîte de conserve arriver, perdu dans l'admiration qu'il avait du lieu. Il fut vexé d'avoir ainsi été surpris par une cage en métal avec boîte vocale incorporée. Sa mine se renfrogna, comme il suivait le robot idiot, guère haut, qui lui ouvrait le voie.

Le vestibule était beaucoup plus petit, mais pas moins classe. Un robot armé d'un canon à plasma et d'un lance-flamme se tenait dans un coin.
« Veuillez vous défaire de vos effets personnels et de tout objet métallique afin que nous procédions à un scan, pour notre sécurité à tous. Merci de votre compréhension. »
Le Saint obtempéra. La dernière fois, Louis-Marie était descendu lui-même à l'entrée, pour traiter l'affaire. Vincent se demandait pourquoi il ne faisait pas de même cette fois-ci. Tous ces contrôles de sécurité ... Du temps perdu ! D'autant que Louis-Marie, bien que poli, n'inspirait pas vraiment la pleine confiance de ses interlocuteurs. Beaucoup se demandaient à quelle sauce ils allaient être mangé. Littéralement. Alors une entrevue sans armes ...

« Vous êtes parfait. Veuillez me suivre jusqu'au bureau de mon propriétaire. »

* * *

« Ton produit de la dernière fois était excellent, je dois l'admettre. Nous avons passer une très agréables soirées. Des plus rafraîchissantes. Je me félicite vraiment de t'avoir fait confiance. On achète parfois des choses à des gens, et la qualité n'est pas à la hauteur des promesses faîtes. Je suis  très sévère avec ce genre de comportement. Je déteste les gens qui bonimentent. Du coup, c'est vrai que je peux faire confiance à n'importe qui, puisque ceux qui me déçoivent ne le font pas deux fois, ahahah. Mais ça ne joue en rien sur l'estime que j'ai de toi et de ton produit. Qui le fabrique déjà ? Toi ?
- Non, un ami. J'm'en voudrais de vous révéler son nom, je sais pas s'il apprécierait. Il aime qu'on l'appelle H.
- Une simple initiale, hein ? Pourquoi pas. Enfin, bref. Chacun à le droit de jouir de sa vie privée, comme on dit. L'associer à sa vie professionnelle, c'est souvent tout un tas d'embêtements. Enfin, c'est ce qu'on dit. Néanmoins, j'aurais adoré te revoir plus tôt. Tu n'avais plus de stocks ? Ou bien tu as eu des complications ?
- Un peu des deux, on peut dire
, répondit prudemment le Saint en tapant la cendre du cigare que lui avait offert son hôte dans un cendrier en forme de vagin béant. La Bataille de Nanterre a été une libération pour nous, mais on a encore des difficultés avec la concurrence. C'est un métier où les répartitions des gains et de la clientèle sont très ... contestées.
- Je sais bien. Un dur métier pour des gens durs. Bon, cessons de tourner autour du pot, nous sommes assez près du centre de la conversation : j'aimerais convié le cuisinier, et toi, évidemment, à l'une de mes petites soirées. Pour discuter affaires. Une association, en somme. J'ai l'argent, et vous avez le talent. Je pourrais devenir votre mécène. »

Le Saint prit un air pensif, et se reposa dans le dossier de son siège en cuir. Agréable matière. Cet espèce de cinglé donnait des fêtes peu recommandables. C'était connu. Le Saint avait toujours soigneusement éviter d'aborder le sujet des soirées, de peur d'y être invité et d'être du mauvais côté – celui où on rigole pas –, mais cette fois, c'est Louis-Marie qui invite de lui-même, et pour parler affaire. Mieux : pour un partenariat. Une association. L'idée était alléchante, mais il fallait rester prudent ...
« Je n'y verrais pas d'inconvénient, mais je dois en parler à mon associé. Nos décisions sont prises en commun.
- Soyez mes invités, et nous parlerons de ça autour d'un bon repas, quelques verres et quelques animations festives. Qu'en dites vous ? Venir ne vous engage qu'à la négociation d'un contrat qui satisfera les deux partis.
- Bon ... Pourquoi pas. J'essaierais de convaincre mon associé de venir. Quel endroit, quelle date et quelle heure ? »


Il lui tendit une carte de visite avec un petit masque de clown aux yeux fendus de deux grandes cicatrices noires. Il y avait l'adresse, la date, et l'heure.

« N'hésite pas à venir accompagné d'autres amis. Plus on est de fous, plus on rit. Et vous avez ma parole que vous ne serez pas inquiétez par les effets de vos produits sur nous. Nous savons nous tenir en bonne société avec nos hôtes, dans mes fêtes. »
Il se leva de son siège et tendit sa main à Vincent, qui la saisit en se levant lui aussi.
« Et bien bonne soirée. Mon employé mécanique va vous raccompagnez. A très bientôt. »
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